Elaguer un arbre n’est pas une mince affaire. Peut-être un jour avez-vous déjà pratiqué l’exercice périlleux. Le recours à un spécialiste s’avère parfois nécessaire et plus prudent. Les élagueurs sont légion. Leurs techniques différentes, tant au niveau de la taille proprement dite que dans l’outillage utilisé ou les techniques de grimpe. D’un côté les adeptes de la coupe drastique, voire « porte manteau », de l’autre, ceux de la taille douce dite raisonnée. Stephan Terlinden alias « up and cut » est résolument partisan de la deuxième méthode.
Au sortir de l’école, il décide de ne pas suivre la filière « travail de bureau » mais plutôt de vivre au grand air. La nature l’inspire. Pourquoi ne pas se préoccuper des arbres ? Ils font partie de son environnement. Une formation à l’école d’Ath, – Haute Ecole Provinciale de Hainaut -, en poche et l’histoire peut commencer. Cela fait maintenant 10 ans qu’il monte à la cime des arbres, taquine les nuages, observe le paysage et côtoie les oiseaux. Le ciel est devenu son lieu d’action de prédilection. Il ne nous cache pas que c’est avant tout la passion qui le pousse à investir ces hôtes majestueux. Non sans risques d’ailleurs. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un des métiers les plus dangereux au monde. Stephan s’en rappelle lorsqu’il s’est malencontreusement tailladé le bras.

Alpiniste
Le mot arboriste est récemment apparu dans le vocabulaire jardinier. En revanche, il ne se retrouve pas dans notre dictionnaire Petit Robert en 4 volumes. Une chose est certaine, on ne décrit pas ici l’arboriculteur qui, lui, fait de la production agricole.

Ceci dit, on ne devient pas arboriste grimpeur comme on devient employé à la poste. Stephan insiste sur le fait que dans cette profession, il est impératif d’être sportif et d’avoir des aptitudes physiques évidentes. Souplesse, agilité, précision et concentration sont les maîtres-mots. Il n’est pas donné au premier venu de monter à la corde, de se laisser glisser le long de celle-ci ou de se balancer au faîte de la canopée. Pour Stephan, il faut savoir écouter son corps. Les genoux et le bas du dos souffrent, les tendinites ne sont jamais loin. Mais il reconnait qu’avec la passion, – même sous la pluie et dans le froid – et une bonne hygiène de vie, tout est permis.

Taille douce
La taille douce ou raisonnée est pratiquée depuis environ une vingtaine d’années. Dans le respect de l’arbre et d’une vision à long terme. Les grimpeurs de la nouvelle génération ne sont plus des obsédés de l’élagage ou de l’abattage. Halte au massacre … à la tronçonneuse. Aux dégâts irréversibles aux conséquences souvent fatales. Combien d’arbres n’ont-ils pas été victimes de tailles successives ? Il est temps d’éviter les coupes inutiles. D’ailleurs nous confie Stephan, un arbre n’est pas fait pour être taillé. Au contraire. Lorsqu’il intervient c’est souvent parce qu’il a été planté sans discernement. Dans des endroits où il n’a absolument pas l’espace nécessaire pour vivre à l’âge adulte. L’arbre est un être vivant et non un objet d’art.
Avec la taille raisonnée, intervient une approche plus naturelle et plus saine. Elle prévient la souffrance en coupant au bon endroit et au bon moment, diminue la charge de l’arbre, enlève les branches malades ou endommagées, dessine une nouvelle silhouette. Plus heureuse. Elle corrige, relie les branches malformées, évite les maladies et les mauvaises cicatrisations. Généralement, la coupe se fait en deux fois. D’abord pour enlever le poids de la branche et prévenir toute déchirure et puis pour enlever le chicot. Tout cela avec doigté, circonspection et réflexion. Pour Stephan, c’est en pratiquant qu’on apprend le métier. Avec un peu d’exercice, on identifie les mécanismes de défense de l’arbre, ses réactions à l’agression d’un ravageur ou d’un champignon. En le regardant du sol, on repère déjà les couloirs de déplacement dans la couronne, le meilleur équilibre et la lumière la plus optimale. Pour qu’un oiseau puisse aisément traverser la ramure et pour qu’un saule pleureur devienne une cathédrale.
Les solutions sont envisagées au cas par cas. Il ne faut pas devenir trop puriste. Parfois, la seule solution est malheureusement un abattage ou une coupe sévère. Parfois aussi un haubanage à l’aide d’une corde ultra résistante qui sécurise la situation sans devoir utiliser de machines. Par exemple, lorsque l’arbre est fourchu, qu’il y a prise au vent ou risque de casse.
Matériel
Dans ce métier, on ne badine pas avec la sécurité. Le matériel professionnel de l’arboriste grimpeur ressemble à s’y méprendre à celui de l’alpiniste. Tout d’abord un baudrier, ou harnais de sécurité puis des cordages de grimpe dans le but de tisser une toile, sorte d’échafaudage de fortune. Ensuite une longe armée, – en métal -, impossible à couper, à placer autour du tronc et des cordes de rétention servant à retenir les branches pour empêcher qu’elles ne tombent avec fracas. Le casque antibruit, les écouteurs ou les protège-oreilles sont indispensables. Sans oublier les manchettes d’élagage anti-coupures très résistantes à enfiler au-dessus de la veste. Des crampons de monte sont ajoutés uniquement lorsque l’arbre doit être abattu. Jamais sur un arbre vivant pour éviter les petites blessures. Last but not least, la scie à main de type égoïne pour les coupures nettes et précises de finition et bien évidemment la tronçonneuse élagueuse d’environ 4 kg pouvant être tenue à une seule main laissant l’autre agripper cordes et branches dans le houppier. Un broyeur de branches vient compléter la liste. En fin de chantier, le broyage sur place est conseillé pour pouvoir être réutilisé directement dans le jardin.


Quand élaguer ?
Pour respecter l’arbre, cet être vivant, on taille en dehors des périodes de montée et de descente de sève. En d’autres mots, en période de dormance, c’est-à-dire à l’automne et en hiver. Le début du printemps est à éviter pour protéger les nidifications et empêcher les « saignements ». En effet certains arbres, comme l’érable et le bouleau perdent de la sève lors des coupes pratiquées à cette période.
Mises à part quelques exceptions, beaucoup de petits élagages de routine peuvent se faire tout au long de l’année. Une taille estivale d’entretien peut même se révéler performante. La sève est à cette époque concentrée en haut de l’arbre, il n’y aura plus de saignement et l’année suivante moins de gourmands, – ces rejets verticaux – apparaissant après une taille. Quand il gèle à pierre fendre, ce n’est pas conseillé. Ni pour l’homme, ni pour l’arbre. Ceci dit, il y aura moins de dégâts sur sol gelé lors des abattages et démontages.
Une bonne connaissance des végétaux permet d’éviter l’une ou l’autre bêtise. Il faut savoir par exemple que le saule débourre très vite, – apparition hâtive des jeunes feuilles -, et les perd très tard. Chez lui, on intervient donc dans le creux de l’hiver. Alors que pour le châtaignier, il est permis de travailler jusqu’en avril. Stephan ajoute que quelques arbres sont terriblement cassants tels le peuplier, le frêne, l’érable et l’aulne alors que d’autres ne le sont pas comme le chêne, le hêtre, le robinier et le platane. D’autres sont élastiques comme le bouleau et certains ont un bois tendre comme la plupart des conifères.
Infos pratiques
Stephan Terlinden, Up and cut www.upandcut.be