Ah mon beau gazon

Le gazon est à la base de l’aménagement des jardins. Qu’il ressemble à un green de golf, à la pelouse de foot ou au coin d’herbe pour les jeux d’enfants, il met les massifs en valeur
A Jackson's Wold

Incontestablement le gazon demeure une affaire d’hommes. La tondeuse, cette machine tonitruante le passionne. Pour lui, jardiner se résume souvent au verbe tondre. Inlassablement chaque année le concert reprend de mars à octobre. Gazon ou pelouse ? C’est selon. Le mot gazon utilisé dès le XIVème siècle se réfère à une motte de terre garnie d’herbe courte et fine. C’est d’ailleurs sa finesse qui fait le gazon anglais. Le terme pelouse du latin pilosus, poilu ou velu désigne la même chose mais précise que cette surface enherbée n’a aucune utilité agricole.

Rodmarton

Ceci dit, humons l’odeur d’herbe fraîchement coupée et entrons dans l’univers du tapis vert. Composé généralement d’un mélange de graminées vivaces, les espèces généralement utilisées sont le ray-grass anglais, les fétuques rouges et la fétuque élevée. On les choisit en fonction de la destination du gazon. Si sa fonction première est purement esthétique, on se permet alors des espèces à feuillage fin et dense comme la fétuque ovine, la fétuque rouge, l’agrostide stolonifère et  diverses variétés de ray-grass anglais. Si au contraire, il a pour vocation d’être régulièrement piétiné, il est alors nécessaire d’augmenter les espèces résistantes et moins fragiles soit le ray-grass, le pâturin des prés et la fétuque élevée. Il existe en réalité trois catégories de gazon. L’une destinée à l’ornement, l’autre à la détente – l’utilisation la plus courante –  et la troisième au sport et aux jeux. Pour réussir un investissement à long terme, sans trop de déconvenues, il faut aussi tenir compte d’autres critères. Le sol, la luminosité, l’eau et la température. L’ombre est en effet défavorable à la croissance. Cependant certaines espèces y sont mieux adaptées comme la canche cespiteuse et le pâturin commun. La fétuque ovine et la fétuque élevée s’accommodent de la sécheresse et des conditions difficiles. Le manque d’eau cause le plus de dégâts. Quelle tristesse de retrouver au retour des grandes vacances un pitoyable paillasson au bord de la maison. Les besoins en eau d’une pelouse sont importants. C’est pour cela que chez nous les périodes les plus favorables pour le semis sont le printemps quand le sol est réchauffé et dès le mois de septembre après la sécheresse de l’été et avant l’arrivée des gelées. Inversement, le froid n’a jamais tué le moindre brin d’herbe.

Entretien

Tondre, arroser, fertiliser, régénérer, traiter. Que de tâches fastidieuses ! Cela n’en finit jamais et toujours il faut recommencer. Le résultat est rarement à la hauteur de l’énergie déployée.  Sachez qu’il est prouvé que le désherbage chimique systématique a entraîné depuis des dizaines d’années l’apparition croissante d’adventices résistantes aux herbicides. Agissez plutôt préventivement et choisissez un mélange de graminées approprié. La santé d’une pelouse dépend en grande partie de la façon de tondre et de la fréquence des tontes. Espacez-les. La hauteur de la coupe dépend des espèces de graminées, de la lumière et des saisons. Et de ce que l’on veut y faire. En général, on compte 4 à 6 cm et un peu plus à l’ombre,  6 à 8 cm. Tondez plus haut lors de la première et de la dernière tonte de l’année et lorsqu’il fait très chaud. En règle générale, évitez de couper trop ras, le gazon s’affaiblit, risque de jaunir et les mauvaises herbes, mousses et algues s’installent. Apportez de l’engrais en début de printemps. Du bon compost « maison » ou un engrais organique, tourteau de ricin, guano, corne broyée… Laissez au green de golf ses effets spectaculaires. Accueillez la nature au quotidien et adoptez la pâquerette si mignonnette.

Astuces

La mousse nuit à la croissance des graminées. Mais il est difficile d’en venir à bout. Surtout à l’ombre. Scarifier le sol et épandre le sulfate de fer ne suffisent généralement pas. Ne plantez pas de grands arbres dans les petits jardins, le gazon a besoin de lumière. Améliorez le drainage, évitez les produits acidifiants, remonter la hauteur de coupe et corrigez le pH en automne par un apport d’amendement calcique, chaux magnésienne ou craie.

Peuple de l’herbe. Dans les pelouses entretenues de manière non intensive, une petite faune vit bien tranquillement. Les vers de terre en creusant leurs galeries jouent un rôle important dans l’humification, l’aération et la régénération des sols.

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Les plantes compagnes sont nombreuses et fleurissent sans souci. Violettes, pâquerettes, pissenlits et boutons d’or représentent pour les insectes une ressource en nectar et en pollen non négligeable. Les bulbes, perce-neige, crocus, narcisse et tulipe égaient la pelouse en début du printemps.

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Matériel. Il existe un grand choix de tondeuses plus ou moins bruyantes et polluantes. A mains, à pousser, autotractées, automatiques. Électriques, à moteur thermique avec lames rotatives ou hélicoïdales. Deux fois par semaine, les « mulcheuses » effectuent une tonte sans ramassage. Quant aux ingénieux robots automatiques autonomes et silencieux, ils facilitent la vie. Une autre manière de voir les choses.

LES PLUS

VERTUGADIN ET BOULINGRIN : Le premier est une pièce de gazon plantée en amphithéâtre et cernée par un talus. Le deuxième désigne un parterre de gazon  nu entouré de plates-bandes. En vogue dans les jardins à la française.

ZOYSIA : Zoysia est une espèce tropicale qui peut être utilisée chez nous en situation chaude dans des milieux très pauvres comme du sable. Ses principales qualités sont sa croissance très lente, sa résistance au piétinement et son faible entretien.

ROULEAUX : Les rouleaux de gazon sont pré-cultivés en pépinière pendant plusieurs mois. Pratiques et prêts à poser, on les déroule tel un tapis vert. Le revers de la médaille est leur coût élevé.

RECYCLER : Les déchets de tonte servent, en fine couche, au paillage des pieds des haies et des massifs.

BORDURES : Coupez les bordures du gazon dès le mois de mars et votre jardin retrouve ses lettres de noblesse. Vite fait, bien fait.

MALHERBOLOGIE : Eh oui, la « malherbologie » est l’étude des herbes dites mauvaises ou adventices dans le but de décider de l’opportunité d’une méthode de lutte appropriée.

A LIRE : Guide écologique du gazon et des pelouses fleuries, Elisabeth & Jérôme Jullien, Ed. Eyrolles et Sang de la terre, 2011, ISBN 978-2-86985-208-2. Ce guide, unique en son genre,  s’adresse à tous, particuliers et professionnels.

ENFIN POUR SOURIRE : Pour Raymond Devos, les « tondeurs de pelouse sont des assassins en herbe ».

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