Confiné chez soi ne veut pas nécessairement dire se terrer bien au chaud devant la télé. Les jardins ne sont pas encore endormis et chance, les jardineries sont ouvertes. L’occasion de terminer l’année en beauté. De l’avis général, les jardiniers gardent toujours le moral… ils préparent les embellies à venir.
Encore des feuilles ?
Il n’est jamais trop tard pour s’en occuper ! Si vos gazons en sont encore couverts, il est utile de les enlever. En effet, elles peuvent littéralement asphyxier les brins d’herbe, les priver de lumière et encourager l’apparition des mousses. En revanche, elles sont de l’or au pied des arbres, des arbustes, dans vos parterres, votre potager ou votre compost. En se décomposant, elles se transforment petit à petit en matières organiques, en éléments nutritifs, en humus et enrichissent le sol. Elles nourrissent les micro-organismes et vers de terre qui en raffolent tout en offrant le gîte à de multiples petites bêtes comme hérissons, coccinelles et Cie.

Paillis gratuit
Les feuilles mortes sont un paillis idéal. Elles ont le bon goût de faire le travail à votre place. Comme dans la forêt. Les feuilles tombées chaque automne y constituent le meilleur des paillages. Tirées par les lombrics, broyées par toute une faune qui se nourrit de cette litière en surface, elles se décomposent, nourrissent les racines des arbres, tout en maintenant la souplesse du sol propice à la croissance des végétaux. Un recyclage futé, copié maintes fois dans les manuels pratiques de jardinage biologique, de permaculture et tutti quanti. Le b.a.-ba ? Le sol ne doit jamais rester nu, mais toujours être couvert. Il est ainsi protégé de l’érosion due au vent ou au gel et du lessivage dû à la pluie.
Le paillis de feuilles est donc, vous l’aurez compris, la panacée de tout jardinier soucieux d’une planète en bonne santé et … de son portefeuille. Cette couche de matières organiques a non seulement pour but de limiter les pertes en eau mais également l’apparition des herbes dites mauvaises. Elle nourrit et amende la terre en se désintégrant, protège le sol des températures extrêmes, froides ou chaudes. Le seul inconvénient ? Le vent ou les merles qui aiment y semer le désordre. Dès lors pour éviter que cette couche de feuilles ne s’envole à la première bourrasque, pensez à les recouvrir d’un matériau plus lourd, comme l’herbe coupée de la dernière tonte ou un peu de terre, des branches de sapin, de fougère, du broyat de branches.
Les ramasser à la pelle, comme le dit la chanson ?
Pas vraiment. Ce n’est pas très commode et il existe d’autres solutions. La première associe l’huile de bras au râteau muni de dents souples pour effectuer des petits tas. Emmenés en brouette à l’autre bout du jardin, ou plus judicieux déposés directement en place sur les parterres ou espaces de potager préalablement nettoyés des adventices indésirables ou des restes flétris de plantes vivaces. Ecologique certes mais attention au dos qui pourrait souffrir … Pour vous aider, des poignées ramasse-feuilles en plastique dur sont proposées dans les jardineries.
Une autre solution à l’efficacité démontrée, est le passage de la tondeuse pour les broyer. Elles se décomposent alors plus facilement et offrent moins de prise au vent. Attendez donc avant de la remiser ou avant de l’emmener à l’entretien, elle peut encore vous rendre de grands services. En version mulching s’il y a peu de feuilles, elles sont rejetées sur le gazon ; dans le cas contraire, elles sont évacuées dans le bac de ramassage puis déposées au bon endroit.

Une dernière alternative plus rapide sans doute mais plus bruyante reste le souffleur/aspirateur électrique, thermique ou à batterie, objet indispensable de tout entrepreneur de jardin qui se respecte et … vous casse les oreilles. Il a l’avantage de repousser les feuilles, parfois de les stocker dans un sac attenant ou de les broyer… Mais à quel prix.
Il y a feuille et feuille
Certaines s’altèrent moins rapidement que d’autres. Les feuilles de chêne par exemple. C’est le cas également des feuilles de laurier-cerise, Photinia, lierre et houx plus coriaces, épaisses et dures. Pour celles-là, aucun doute, n’ayez pas peur de les passer sous la lame de votre tondeuse, vous hâterez le processus. Installées au pied d’arbres et d’arbustes, elles auront disparu l’an prochain comme par magie. En revanche, d’autres plus tendres telles celles de bouleau, charme ou peuplier se décomposent toutes seules en moins de 6 mois.
Terreau de feuilles mortes
Pourquoi pas ? Très facile à réaliser, elles sont compostées en silo. Plantez quelques bambous pour maintenir un grillage à poule bien droit ou montez quelques planches de récupération ou encore achetez en jardinerie 4 grilles rigides attachées entre elles pour former un enclos. Remplissez-le et n’hésitez pas à tasser avec les pieds au fur et à mesure. Aucune crainte de voir le tas fermenter comme celui d’herbe tondue. Après un an, encore un peu grossier, il peut déjà servir mais après 2 ans, il devient un magnifique terreau idéal pour toutes les opérations de semis, rempotage, repiquage ou bouturage.
Cet éloge des feuilles mortes convaincra peut-être les adeptes du brûlis et les aficionados du « tout à la déchetterie » d’abandonner leur habitude au profit d’un recyclage digne de Dame Nature.