
Avant de s’attaquer aux travaux pratiques organisés pour les lecteurs de votre quotidien préféré, Dominique propose d’emblée de remettre l’église au milieu du village. Pour lui, la taille est tout simplement une erreur de plantation !! Passée la surprise, il ajoute que dans la nature, la plante pousse toute seule sans l’aide de quiconque et sans être taillée. S’il faut tailler, c’est en effet, soit parce que la plante n’est pas installée au bon endroit ou dans les bonnes conditions, soit parce que le jardinier, impatient, ne peut se retenir d’agir. Tous, nous avons reproduit les mêmes erreurs : planter trop près sans vraiment tenir compte de la taille adulte du nouveau venu ou suivre les conseils d’une étiquette prometteuse mais parfois mensongère. Et tous, un jour, nous avons pensé qu’une petite taille serait plus simple à réaliser que le déplacement la plante.
Le bon matériel
Avant la démonstration sur le terrain, Dominique tient à nous présenter son outillage indispensable pour une taille nette, précise et propre. Tout d’abord, un sécateur de qualité. Parmi les différents types, sans hésiter, il jette son dévolu sur le sécateur à lames croisées comme des ciseaux. Celui dont la lame coupante vient glisser le long d’une contre-lame incurvée. La coupe y est nette et la cicatrisation rapide. A ne pas confondre avec le sécateur à enclume, dont la lame de coupe vient buter sur une partie aplatie opposée appelée enclume. Avec lui, le végétal est écrasé plutôt que taillé, la cicatrisation plus longue et les maladies prêtes à se développer. Il est donc vous l’avez compris, déconseillé pour la taille des végétaux vivants et davantage employé pour la taille du bois mort.
Dominique nous présente également une serpette, – une sorte de couteau à lame recourbée-, qui sert notamment à peaufiner les tailles des grosses branches. Avec elle, la coupe est parfaite. Avec l’ébrancheur, – sorte de sécateur géant équipé de deux manches de plus ou moins 60 cm -, il attaque les branches plus épaisses, alors qu’avec la petite scie égoïne, ou scie à main pliable, il arrive sans souci à se faufiler et à tailler à l’intérieur d’un arbuste.
Avant de passer à l’acte, un dernier conseil : ne pas oublier d’affûter le sécateur en le frottant avec une pierre à faux préalablement mouillée dans un bol d’eau. Elle redonne du tranchant aux lames qui deviennent brillantes et prêtes à l’emploi.
Le bon geste
Avoir un sécateur de qualité est une chose, bien l’utiliser en est une autre. Oui, on oublie souvent qu’il y a une manière efficace de le tenir en mains. En effet, il faut tenir la partie coupante du côté de la branche qui reste pour éviter de l’abîmer et la contre-lame du côté de la branche qui est enlevée. A méditer.
Cela dit, au moment de la coupe, Dominique essaie toujours de plier la branche qui doit partir. Un détail qui compte pour ne pas coincer la scie et éviter de déchirer les tissus de la tige.

La bonne période
La taille d’hiver, en dehors des grandes gelées, est la règle. La sève ne circule plus, c’est le moment d’agir. En tous cas, pour les feuillus. A ce principe, une exception comme toujours. Les arbustes à feuillage persistant sont de préférence coupés à la fin de l’été.
L’idéal est d’anticiper et de prévoir un plan de taille sur plusieurs années. Pour respecter le port naturel des végétaux et agir de manière douce et raisonnée. Après une taille trop sévère, la plante réagit généralement de manière peu esthétique en formant une touffe de pousses à la verticale. Pour arriver à un résultat optimal, il est donc judicieux de ne pas tout tailler en une seule fois et de se laisser l’occasion de rectifier par après.
Trucs et astuces de pro
Premièrement, il faut enlever le bois mort. En passant la main dans l’arbuste, les branches les plus abîmées tomberont directement. Les plus noires seront ensuite éliminées. En cas de doute, un petit coup d’ongle ou de serpette sur la tige pour vérifier si elle est verte et vivante ou pas.

Beaucoup de branches doivent être régulièrement recépées. En d’autres mots, taillées au ras du sol. C’est le cas pour les arbustes qui n’ont jamais reçu qu’une coupe « au bol » ou pour ceux, comme le cornouiller aux tiges rouges qui doit être obligatoirement rajeuni pour laisser apparaître la beauté de son bois. Il ne faut jamais hésiter à aller le plus bas possible et enlever entièrement quelques branches plutôt que de se limiter à couper leurs bouts.

A condition d’avoir une coupe irréprochable, éventuellement terminée proprement à la serpette, il préfère ne pas mastiquer les plaies de taille faisant confiance à la nature qui joue son rôle. L’air est pour lui le meilleur fongicide qui existe. Inutile donc de protéger les blessures contre les agressions extérieures telles que l’humidité, les champignons et les insectes.
