L’ombre sèche, ingrate sans doute mais pas insurmontable

Que planter en-dessous d’un arbre, au bord d’une haie ou au pied d’un mur lorsque la lumière vient à manquer ?
Cyclamen hederifolium

Beaucoup de plantes poussent sans souci à l’ombre des arbres lorsque le sol est humide et fertile. S’il est sec, notamment l’été, c’est plus délicat à gérer. En pratique, il y a ombre et ombre. Celle portée par un arbre imposant qui pompe toute l’eau du sol, celle d’un mur orienté au nord ou encore celle d’une cour ou d’un petit jardin sans soleil. Il y a l’ombre omniprésente et uniforme toute l’année et celle qui varie d’intensité en fonction des saisons, en-dessous de plantes à feuillage caduc par exemple.

La solution ? Dénicher des plantes accommodantes qui assurent un résultat face à ces grandes contraintes. Les floraisons hâtives de printemps comme celle du perce-neige ou d’automne tel le cyclamen de Naples qui se réveille après un repos estival répondent présents. Aussi quelques plantes à feuillage attrayant tel celui d’une fougère. Les conjuguer est un must pour obtenir des intérêts multiples à différentes saisons. Les bonnes pépinières présentent généralement un espace qui leur est spécialement dédié avec des plantes vivaces mais aussi des bulbes, graminées et quelques arbustes comme Hypericum calycinum, le millepertuis, Mahonia aquifolium ou Gaultheria procumbens pour les sols acides. Au moment des choix, il est toujours préférable de jeter son dévolu sur une espèce botanique, plus robuste par nature.

Bulbes et apparentés

  • Les bulbes sont une valeur sûre. Plus ils sont petits, mieux ils se débrouilleront. Crocus botaniques, perce-neige, Eranthis aux premières fleurs jaune soleil, narcisses nains, mais aussi les charmantes petites tulipes sauvages comme les T. sylvestris, les anémones des bois, les scilles et jacinthes, Hyacinthoides non-sripta, les célèbres blue bells des jardins anglais…
  • Les petits cyclamens proposent un superbe feuillage panaché de blanc et d’élégantes clochettes roses. Cyclamen hederifolium et C. coum occupent les places vides dès la fin de l’été pour les premiers ou au creux de l’hiver pour les seconds.

Vivaces coriaces

Quelques vivaces frugales s’adaptent aux situations difficiles :

  • Dans la famille des euphorbes, Euphorbia cyparissias surnommée petit cyprès, ne craint rien. Son feuillage persistant prend de belles couleurs d’automne, et ses petites fleurs jaunes en bouquets enchantent les mois de mai et juin. Euphorbia amygdaloides var. robbiae, l’euphorbe des bois à feuillage vernissé est un excellent couvre-sol à feuillage persistant.
  • Geranium macrorrhizum, vivace, supporte tout sans véritable entretien. Son feuillage semi-persistant est attrayant à l’automne lorsqu’il vire au rouge. Des fleurs roses le rehaussent entre mai et juillet. La variété ‘Spessart’ aux fleurs rose pâle éclaire les lieux tristes sans lumière.
  • Le lamier, Lamium galeobdolon, roi des vagabonds, est utile dans les endroits impossibles les plus ombragés. Ce n’est pas par hasard qu’on l’appelle l’ortie jaune ! Son feuillage non piquant marginé de blanc et ses petites fleurs jaunes donnent de la lumière. L. maculatum est moins envahissant. La feuille argentée de L. m. ‘Beacon Silver’ est plus petite et sa floraison, rose foncé.
Lamium maculatum
  • L’Epimedium aussi aventurier que le lierre accepte le pire avec légèreté. Son élégant feuillage plus ou moins persistant et une gracieuse floraison printanière ne laisse personne indifférent. Epimedium rubrum est un grand classique avec un feuillage en forme de cœur devenant rouge à l’automne. Cela dit il existe des tas de variétés aussi belles les unes que les autres.
  • Pour les endroits maudits, la pervenche répond présente. Sa floraison bleue ou blanche complète son feuillage à toute épreuve de 15 cm de haut pour Vinca minor et 40 cm pour V. major.

D’autres plantes vivaces sont encore à épingler. L’aspérule odorante Galium odoratum, l’Ophiopogon planiscapus ‘Nigrescens’, véritable gazon noir aux lanières noires et lustrées, Pachysandra terminalis, Waldsteinia ternata, Erigeron karvinskianus, Bergenia ou les consoudes et autres digitales qui ajoutent un accent vertical à la composition.

Graminées et fougères

  • Millium effusum ‘Aureum’, le millet doré ajoute un effet léger et lumineux au printemps.
  • Luzula sylvatica ‘Aurea’, la luzule des bois supporte très bien la sécheresse estivale et illumine l’hiver de son feuillage persistant.
  • Les fougères animent les endroits les plus sombres du jardin. Certaines poussent dans des conditions extrêmes. Dryopteris filix-mas, la fougère mâle très commune n’a pas besoin de grand-chose pour survivre et lors des hivers doux, garde très longtemps son feuillage. Dryopteris affinis est également très robuste.

En pratique

Au pied d’un arbre, ne plantez jamais trop près du tronc. Il faut en effet éviter la concurrence directe des racines et garder à l’esprit qu’il n’y aura jamais beaucoup d’eau à cet endroit. Privilégiez les mois de septembre et octobre pour planter. Mais d’abord décompactez la terre et enfouissez un peu de compost. N’oubliez surtout pas d’arroser, surtout au début pour stimuler la reprise et paillez avec ce que vous avez sous la main pour maintenir un peu d’humidité au sol.

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