Prenez-en de la graine

Mettre une semence en terre et attendre patiemment le miracle de la vie, quoi de plus excitant. Quelques artisans semenciers, sauveurs de notre patrimoine, vous offrent du bio, de la diversité et du belge

Mars est le bon moment pour semer à chaud dans une serre, une véranda, sur une tablette de fenêtre dans la cuisine ou la salle de bain, la plupart des graines germant dès 18°C. En avril/mai, lorsque la terre se réchauffe et qu’elle ne colle plus aux outils, que les tulipes et les pommiers fleurissent ou que les lilas bourgeonnent, il est possible de semer directement en place, en pleine terre.

En Belgique, nous avons la chance de pouvoir choisir des semences bio bien rustiques, issues de légumes de notre terroir et adaptées à notre climat. En effet, des artisans semenciers ayant décidé de relever le défi, ont repris une tradition prête à disparaître dans nos régions, la plupart des semences venant de l’étranger. Inutile d’attendre plus longtemps, il est temps de passer commande pour des bons légumes et des jolies fleurs.

Semailles

A tout seigneur, tout honneur. En 2020, à Faulx-les-Tombes, près de Namur, l’entreprise familiale Semailles créée par Catherine Andriane, fête 20 ans au service de notre patrimoine légumier, aromatique et floral. Pas moins de 700 espèces sont proposées aujourd’hui, dont 250 sont produites dans ses champs ; les autres l’étant chez différents producteurs poursuivant les mêmes objectifs. En collaboration avec la France voisine, elle recherche les variétés régionales menacées d’extinction ou tombées dans l’oubli et valorise les semences paysannes anciennes ne correspondant plus aux normes de l’agriculture industrielle intensive, – calibrage et rendement -, tout en les répertoriant. Grâce notamment à la ténacité de Semailles, 120 variétés, 40 belges comme la tomate Téton de Wépion ou le Cerfeuil d’Hiver de Bruxelles et 80 françaises dont le Navet Boulette de Champagne ou le piment d’Espelette, sont conservées.

Pratiquement, après avoir choisi des semences cultivées sans engrais de synthèse ni pesticides, Catherine Andriane commence par les tester, par vérifier leurs qualités et leur résistance aux maladies, avant de les cultiver. Le but est d’en récolter à nouveau les graines, les conditionner et enfin les commercialiser. Du porte-graines au sachet de semences, beaucoup d’étapes, de manipulations essentiellement manuelles, que ce soient la culture, la récolte, les nettoyage, séchage, triage et empaquetage. Ici, vous l’aurez compris, pas d’hybrides, de plantes in vitro ou génétiquement transformées.

A découvrir sans attendre sur place, auprès de revendeurs, dans les fêtes des plantes ou sur internet. Notez au passage que le site, truffé d’infos intéressantes, est une vraie mine d’or.

www.semailles.com

Cycle en terre

Voici une initiative aussi formidable que la première. En 2016, Fanny Lebrun créée Cycle en Terre, une coopérative semencière belge à finalité sociale, dont le but est la production de semences biologiques et locales de légumes. A Havelange, se développe un véritable projet citoyen à vocation pédagogique qui regroupe déjà 120 coopérateurs et une multitude de bénévoles. Il est aussi question ici, de se réapproprier un savoir-faire et de revenir à une certaine autonomie alimentaire. La semence est « libre », elle est dans le domaine public ; elle sert tout simplement à planter la récolte de l’année suivante. Pour Fanny Lebrun, il est crucial de pousser les jardiniers à l’autoproduction de semences pour devenir complètement indépendant.

Sur un champ d’1ha environ, Fanny produit des semences bio, locales, de légumes adaptés à nos climats. Elle se concentre sur des variétés fixées, qui ont fait leurs preuves, qui sont stables de génération en génération. Des semences vraiment naturelles. Dans un premier temps, à destination des particuliers amateurs et dans un second, des maraîchers. Pour agrandir l’offre, elle fait également appel à d’autres producteurs bio notamment en Suisse et aux Pays-Bas.   

www.cycle-en-terre.be

Semance

Semance avec un « a » est un comptoir bruxellois de semences citoyennes et traditionnelles. Né en 2015 sous la forme d’une grainothèque associée à un potager collectif à Uccle, sa transformation en comptoir citoyen intervient en 2017, dans le but de produire et échanger des semences. L’objectif premier étant le maintien d’une réserve bien répertoriée de semences de plantes potagères et d’ornement, issue de sa propre production ou de celle des membres de son réseau. Les semences, – des espèces et variétés botaniques traditionnelles ou oubliées par les grands semenciers -, sont mises à la disposition des particuliers, des potagers collectifs et des maraîchers, sur base du principe de l’échange libre, du troc ou d’une juste contribution. Aussi quelques variétés venues d’ailleurs, encore inconnues dans nos contrées mais qui présentent un intérêt sur les plans gustatif et nutritionnel, ainsi qu’un bon potentiel d’acclimatation. 

Chaque année, Semance organise en toute convivialité, une bourse aux semences doublée de nombreuses animations.   

www.semance.be

L’autonomie alimentaire commence et se termine par la semence : son cycle est le cycle même de la vie (à méditer sur le site de Semance)

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