Votre jardin est gorgé d’eau ? A la limite du marécage ? Vous n’avez pas le courage d’entreprendre des travaux de drainage ? Ne vous désolez pas. Adaptez-vous à la situation et adoptez des végétaux qui s’en contentent. Pensez à ces jardiniers qui doivent se débrouiller dans la caillasse et déployer mille ruses pour retenir l’eau.

Il est indéniable que votre sol manque d’air. Inondé par les pluies, il ne se dessèche jamais complètement l’été. Le gazon se transforme en mousse et la majorité des plantes poussent avec difficulté. En hiver, le sol détrempé combiné aux gelées les fait passer de la vie à trépas.
Quelques arbustes s’accommodent de la situation. Les amélanchiers conjuguent une jolie floraison printanière, des baies rouges ou noires à la fin de l’été et un feuillage couleur feu à l’automne. Les viornes s’imposent ainsi que les symphorines et cornouillers à rameaux colorés. Notez le Clethra, pas assez utilisé, à la floraison parfumée blanche ou rose en juillet/août, quelques spirées. Aussi les Neillia très peu connus aux grappes roses à la fin du printemps. Au rayon des arbres, les aulnes décoratifs comme Alnus incana ‘Aurea’ et A. glutinosa ‘Imperialis’, les saules, le néflier, Mespilus germanica à la floraison printanière et aux curieux fruits veloutés et pourquoi pas le bouleau noir, Betula nigra dont l’écorce parcheminée devient presque noire au bout de quelques années. Pour ceux qui ont de la place, le cyprès chauve, Taxodium distichum et le Metasequoia glyptostroboïdes tout roux à l’automne, le chêne des marais, Quercus palustris, le liquidambar et le Nyssa.
Clethra Taxodium Betula nigra
Parmi les plantes vivaces, sans hésiter les reines des prés, Filipendula ulmaria aux longues inflorescences blanches ainsi que leurs cousines les astilbes aux fleurs estivales de diverses couleurs. Astilbe rivularis qui demande une terre humifère est carrément spectaculaire lorsqu’au sommet de sa floraison, elle atteint 1m50. Aussi l’euphorbe des marais Euphorbia palustris, la barbe de bouc Aruncus dioicus, l’épilobe et la grande eupatoire très graphique. Sans oublier la salicaire, Lythrum salicaria, les iris dont Iris laevigata et kaempferi, le lychnis fleur de coucou, les benoîtes, les trolles et les bugles, Ajuga reptans. Les lysimaques aux fleurs jaunes et blanches sont intéressantes mais attention à leurs racines traçantes.
Filipendula Aruncus Ajuga
Quelques annuelles viennent boucher les trous. La grande Impatiens glandulifera dont les petites fleurs roses se balancent à 2 m de haut au milieu de l’été, le Myosotis palustris et la monnaie du pape, Lunaria annua.
Lunaria panachée Lunaria
Soyez efficace
Face à cette situation, quelques bonnes résolutions sont à prendre. Ne jardinez jamais lorsqu’il pleut ou pourrait pleuvoir, ceci pour éviter que la terre soit gorgée d’eau et plantez quand il fait beau. Septembre/octobre est idéal pour les arbres, les arbustes et les bulbes printaniers et fin mars, début avril pour les vivaces. Améliorez votre sol en apportant du gravier de rivière. L’eau ne pourra plus stagner et même si ce gravier n’asséchera jamais la zone humide, il vous permettra d’installer de nouvelles plantes. Abandonnez le gazon-paillasson pour une prairie à faucher au creux de l’été et installez dans les massifs, des passe-pieds pour éviter de compacter la terre. Cela vous facilitera la vie.
Astuces
Les graminées de prairie humide comme les joncs et les laîches comptent des variétés plus ornementales. La plupart des laîches appelées Carex conviennent. Pensez aussi à la canche cespiteuse, Deschampsia cespitosa si légère et à la moline élevée, Molinia altissima. Le ruban de bergère panaché de blanc, Phalaris arundinacea ‘Picta’ est aussi joli qu’envahissant. Prenez gare !

Les fougères sont bien présentes à l’abri du vent et sous un minimum de soleil. La fougère femelle, Athyrium filix-femina, la cuivrée, Dryopteris erythrosora mais aussi l’élégante Matteucia struthiopteris et l’osmode royale, Osmunda regalis dont les élégantes frondes dépassent le mètre.

Certains bulbes acceptent les zones mouillées tels le Camassia bleu ou blanc, la fritillaire pintade très à l’aise dans les prairies et le petit perce-neige. Tout comme la nivéole qui lui ressemble. Sans oublier les colchiques et arums d’Italie, Arum italica ou d’Ethiopie, Zantedeschia aethiopica.
Camassia
Quelques plantes imposantes se distinguent particulièrement en zone marécageuse. Le Darmera peltata aux feuilles magnifiquement colorées à l’automne,nommé parfois Peltiphylum peltatum, le lysichiton aux spathes blancs et jaunes et le pétasite proclamé unanimement l’envahisseur n°1. Ils ont tous un feuillage impressionnant et des inflorescences très décoratives. Au rayon des XXL, le Gunnera manicata.
Darmera Lysichiton
LES PLUS
REINE DES PRES
Filipendula ulmaria est une plante bio-indicatrice. Si votre jardin en est envahi, le sol est à coup sûr très humide.
FILIPENDULA RUBRA ‘VENUSTA’
Une magnifique sélection qui culmine à 1m70 avec des fleurs roses en juillet-août.
CARDAMINE DES PRES
Typique des sols humides et riches, elle porte des petites grappes de fleurs blanc mauve d’avril à mai.

FICAIRE
Ranunculus ficaria est une plante basse aux petites fleurs jaunes que l’on rencontre dans les terres argileuses et humides.
HOUTTUYNIA CORDATA ‘CHAMELEON’
Un couvre-sol au look de lierre taché de jaune et de rouge. Très joli mais terriblement envahissant.
RODGERSIA
Cette jolie vivace aux grandes feuilles gaufrées devenant rouges à l’automne a une floraison en grappes plumeuses. R. aesculifolia est une variété à feuilles de marronnier.

HEMEROCALLE
Le lis d’un jour si facile de culture apprécie un sol humide sans être détrempé.
