La saison des pollens a bien démarré. Mi-février, le réseau national de surveillance aérobiologique de Sciensano, AirAllergy, qui surveille les risques d’allergies liés aux pollens, a tiré une première sonnette d’alarme. Le message était clair : attention au pollen des aulnes et des noisetiers, surtout si le temps est sec et venteux ! La tempête Eunice est passée par là, prête à le disperser dans l’air à une vitesse exponentielle. Mais la pluie est venue tempérer tout cela. Avec ce type d’annonce, c’est parti pour les désagréments, éternuements, larmes, chatouillements et tout ce qui s’ensuit. Ce que l’on appelle généralement pour faire court, le rhume des foins ou la pollution verte.
Aujourd’hui, de plus en plus de personnes souffrent de réactions indésirables au pollen, pourtant apparemment totalement inoffensif. Par ailleurs, on constate que les plantes émettent leur pollen en moyenne 10 jours plus tôt qu’auparavant et que le nombre de jours à risque allergisant a augmenté. Cela devient donc un vrai problème pour de nombreux jardiniers. Que faire ? Être prudent, se renseigner, apprendre à reconnaître les plantes désagréables voire incommodantes et éviter de les planter au jardin ou à tout le moins, leur réserver une place loin de la maison, à bonne distance des passages. En tous cas, chercher à diversifier les plantations, de manière à ne pas concentrer une trop forte densité de pollen au même endroit.
Le pollen botaniquement parlant
Pour rappel, le pollen, – une poussière fine de grains microscopiques -, est produite dans les sacs polliniques de l’anthère, partie terminale des étamines des fleurs. En d’autres mots, c’est l’agent mâle qui, par l’intermédiaire du vent ou des insectes, féconde les fleurs femelles.
A qui la faute ?
Les fauteurs de trouble sont essentiellement des plantes dont la pollinisation est anémophile, soit celles dont le pollen jusque-là confiné dans les inflorescences, est transporté et dispersé par le vent. Et ce, en grandes quantités pour multiplier les chances de reproduction. Peut-être avez-vous déjà aperçu un nuage jaune de pollen qui, balayé par le vent, s’envole dans le ciel ? C’est toujours impressionnant !




Généralement, les plantes qui causent des allergies par leur pollen sont celles qui exhibent des chatons comme le bouleau. Sachez qu’« un seul chaton (= épi de petites fleurs) mâle de bouleau produit 5,5 millions de grains de pollen ». (La botanique redécouverte, Aline Raynal-Roques, Editions belin, p 321.) En réalité, les allergies se développent en fonction des conditions météorologiques, – la pluie lessive généralement l’air du pollen -, et des époques de floraison qui précèdent généralement de 2 à 7 jours la survenue des pollens. De février à mai, différents arbres, aulnes, noisetiers, ormes et ifs entrent en scène ; puis en avril, les frênes, bouleaux et peupliers ; et en mai les chênes et les pins. Cela dit, d’une année à l’autre, la saison peut varier en intensité et dans les dates de début et de fin. Le pollen le plus virulent de tous est celui du bouleau, puis viennent les noisetier, aulne, frêne et chêne alors que les charme, platane, hêtre et châtaignier n’ont qu’un pouvoir allergisant assez faible. Mais la prudence est de mise pour les personnes sensibles, surtout lorsque les saisons allergiques se chevauchent. Notamment chez l’aulne et le noisetier ou chez le bouleau et le frêne.

Dès le printemps, du 15 mai au 15 juillet, les graminées, botaniquement parlant les poacées, principales responsables du fameux rhume des foins, prennent le relais. Les plus agressives sont les herbes sauvages des pelouses et des prairies. Les herbes ornementales comme les Miscanthus, Pennisetum ou autre Stipa, produisent généralement moins de pollen. De juillet à octobre, quelques plantes herbacées comme l’ambroisie, – encore peu courante chez nous mais qui se propage à toute vitesse -, l’armoise ou le plantain sévissent également. Dans une moindre mesure, le ricin, l’oseille, le chénopode, l’ortie ou le plantain.
Ça vous démange ?

Le comble pour un jardinier serait de devenir allergique aux plantes de son jardin. Cela dit, on se souvient tous de démangeaisons, picotements, rougeurs ou brûlures résultant d’un simple contact entre un végétal et la peau, le tout dépassant une banale irritation. Le cas le plus tristement célèbre est celui de la berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum, une magnifique ombellifère géante naturalisée dans presque toute l’Europe qui colonise les milieux sauvages, prés humides, lisères de bois, fossés et terrains vagues. Lorsque le soleil luit, – il aggrave toujours les symptômes -, gare aux éclaboussements de sève à l’origine d’importantes brûlures, – parfois jusqu’au 2ème degré – ou de sérieuses allergies.

A l’instar de la berce, d’autres plantes de la famille des Apiacées (auparavant Ombellifères), sont irritantes à des degrés plus faibles sans provoquer nécessairement de véritables allergies. Les euphorbes par exemple, présentent dans leur tige un latex blanc entraînant presque toujours une petite réaction. Pour ne pas s’y frotter, lorsqu’on coupe les tiges défleuries au cœur des touffes, il est toujours utile de porter des gants. Méfiez-vous aussi de la sève contenue dans les tiges de narcisses qui pourrait entrainer l’une ou l’autre démangeaison.

Certains végétaux ont un feuillage couvert de poils urticants qui, comme de la poussière fine, pourraient être inhalés et susciter des irritations. Notamment la viorne, Viburnum rhytidophyllum, l’arbre à perruque, Cotinus ou le sumac, Rhus. Certains jardiniers se méfient également de certains feuillages qui pourraient donner des démangeaisons : par exemple celui des lierres, pulmonaires, bourraches, anchuses, chrysanthèmes ou primevères de jardin. Quant aux bulbes, sachez que ceux de jacinthe et de tulipe pourraient causer des irritations à ceux qui, comme les pépiniéristes, les manipulent souvent.