A l’époque de Noël, les crèches sont installées bien au chaud dans le salon tout près du sapin. C’est la tradition. Pendant ce temps, le jardin se repose. Aujourd’hui, les insectes pollinisateurs pourtant bien utiles n’y ont plus droit de cité tant il est manucuré à outrance, net et propre à souhait. Plus de tas de bois, de vieux arbres, de souches, de feuilles, de lierre, de mousse … cela pourrait faire désordre. Il est donc temps d’aider ces insectes à se développer en leur apportant des abris adaptés, des sites de reproduction. Sans se lancer véritablement dans l’immobilier pour petites bestioles mais tout simplement dans l’idée de rétablir l’équilibre naturel du jardin, de préserver sa bonne santé et surtout la biodiversité. Avec un peu d’imagination, quelques outils et objets de récupération, à vous de leur fabriquer une maison d’hôtes 5 étoiles.
Pour qui ?
En effet, il n’y a pas que les oiseaux qui méritent d’avoir des nichoirs artificiels ou les abeilles domestiques dignes d’une ruche. En réalité, beaucoup d’abeilles ne vivent pas en communauté mais élèvent leurs larves toutes seules… comme des grandes. On les appelle les abeilles solitaires. D’autres insectes partagent cette manière de vivre. Des guêpes, bourdons et autres hyménoptères prédateurs de chenilles et insectes. Des chrysopes, syrphes, forficules luttant contre les nuisibles.
Jardin de Valériane
D’autres locataires viennent généralement partager leur refuge. Les coccinelles dévoreuses de pucerons, les araignées dompteuses de mouches, les gendarmes et les carabes. Tout ce petit monde pacifique et sans danger pour les hommes ou les animaux domestiques trouve un abri pendant l’hibernation et une fois installé, se reproduit dans les conduits du nichoir, véritables petites chambres d’incubation.
Comment ?
Il y a plusieurs solutions à la conception de l’hôtel à insectes, en passant de l’HLM à plusieurs étages (en empilant des demi-palettes de récupération par exemple) au simple fagot de branches accroché à un tronc. Sachez que les insectes qui ont l’habitude de se loger dans des cavités ne les creusent pas nécessairement eux-mêmes. Ils se réfugient souvent dans des galeries déjà existantes ou dans les anfractuosités des murs, du bois, du béton ou de la terre.
Quels matériaux utiliser ? Des brins de paille, de jonc, de graminées, des morceaux de bambou rassemblés en tas. Des branches sèches et moelleuses comme celles du sureau, du framboisier ou de la ronce, coupées en tronçon d’une dizaine de cm. Ou des tiges creuses comme celles des ombellifères. Tous ces matériaux seront vite occupés par les insectes qui les boucheront avec de l’argile.
Jardin de Laquenexy Jardin de Babou
On peut aussi ajouter des pots en terre cuite bourrés de paille ou de foin, des briques avec alvéoles remplies d’argile ou de paille, des rouleaux en carton, des nattes de roseau enroulées, de la brande de bruyère, des pommes de pin ou des buches de bois dur percées de trous. Le fait de varier les diamètres permet à des espèces de taille différente de s’y reproduire. Attention, les bois de feuillus conviennent bien mieux que celui des résineux qui peut gonfler avec l’humidité. Des blocs de béton peuvent aussi faire l’affaire.

Où et quand ?
Ne nécessitant pas de véritable entretien ni de grand nettoyage, ces nichoirs sont placés dans un endroit calme et ensoleillé à l’abri de la pluie et des vents dominants. N’oubliez donc pas de prévoir un toit. C’est primordial, question de garder l’intérieur bien au sec. Ils peuvent être posés contre un mur, sur une pergola, une terrasse, un balcon ou simplement sur le sol à quelques cm de hauteur. Retenez encore que pour fonctionner à plein rendement et avoir un joli taux d’occupation, l’entrée des galeries de l’hôtel doit être orientée vers le sud ou sud-est, face au soleil du matin.
Jardin Caldwell
Laissez-les gîtes en place pendant plusieurs années car même en hiver des œufs restent cachés dans les orifices. Lorsque ces derniers sont scellés, une nouvelle vie s’installe à l’abri des regards et du monde. A cette saison, plusieurs espèces restent calfeutrées jusqu’au printemps suivant.

A offrir
Les gîtes à insectes de la marque Schwegler, réalisés généralement en béton de bois, résistent parfaitement aux intempéries. L’occupation y est garantie si les consignes sont respectées. Certains modèles intègrent de véritables chambres d’incubation en roseau et terre glaise. A essayer. Une mention spéciale à l’observatoire à insectes dans lequel, en ouvrant la porte, il est permis aux petits comme aux grands de contempler le développement de la faune dans des tubes de nidification transparents. Génial ! www.schwegler.be

Les hôtels à insectes en bois de Bernard Cwiek, ce passionné de vie sauvage,sont des éléments de décor, voire de véritables œuvres d’art à installer au jardin. Il les façonne avec talent. Différentes formes l’intéressent : des tours rectangulaires mais aussi des cercles à poser, des armoires ou des totems avec ou sans toiture végétalisée. De quoi se faire plaisir et joindre l’utile au beau !
Bernard Cwiek, Rue des écoles 24 à 4260 Braives, T. +32 (0) 498 500 671 ; www.hotel-insectes.com
© Bernard Cwiek © Bernard Cwiek