Le jardinier débutant n’hésitera pas une seconde à déclarer qu’un Fraxinus americana est un frêne originaire d’Amérique. Il ne doutera pas non plus des Hamamelis virginiana et Rosa californica. L’Aster (Symphyotrichum) novae-angliae et novi-belgii de Nouvelle Angleterre (nord est) et de Nouvelle Belgique (état de New York) le laisseront peut-être perplexe. Averti, il osera le Liriodendron tulipifera, tulipier de Virginie ou le charmant mais imprononçable Eschscholzia, pavot de Californie. Une foule de plantes proviennent du nouveau monde. Tellement bien intégrées que certaines d’entre elles sont devenues indigènes.
Hamamelis virginiana Eschscholzia californica
Beaucoup de familles de plantes ont un petit cousin d’Amérique. A tout seigneur, tout honneur. Le Sequioa sempervirens, conifère imposant de Californie, un des plus grands arbres de la planète. Hypérion, identifié en été 2006 au Parc national de Redwood mesure 115m de haut. Son cousin, le Sequoiadendron giganteum n’est pas aussi gigantesque que son nom l’indique mais le plus volumineux. General Sherman, dans le Parc national de Séquoia a une circonférence de 30m pour une hauteur de 83m. A taille plus humaine, quelques arbres colorent joliment nos automnes. Le copalme d’Amérique, Liquidambar styraciflua n’a pas son pareil. Mais aussi le chêne d’Amérique, Quercus rubra, le flamboyant Nyssa sylvatica et plus menu, l’ Amelanchier lamarckii, laevis ou ‘Ballerina’. Comme arbuste, le Physocarpus se pare d’une jolie écorce qui s’exfolie et de petites fleurs blanches au mois de juin. Parmi les plantes vivaces, chaque jardin peut aisément adopter les asters, ces marguerites d’automne. Retenez que les A. novae-angliae sont les plus adaptés à nos jardins et pratiquement jamais malades. Oubliez les novi-belgii et la famille des ‘Ballard’ dont le feuillage a souvent le blanc.
Liquidambar st. Nyssa syl.
En ce qui concerne les roses made in USA, les choses sont un peu différentes. On les trouve moins facilement chez nous. Peut-être parce que les créateurs nous offrent ici de merveilleuses obtentions. Bien sûr, il y a la très célèbre ‘Queen Elizabeth’, choyée par les jardiniers depuis près d’un demi siècle pour ses grandes fleurs d’hybride de thé, remontantes, roses aux reflets argentés. Cependant aujourd’hui moins prisée pour son port un peu guindé rappelant sans doute celui de sa marraine, the Queen. Les couleurs rutilantes de ‘Joseph’s Coat’, jaune orangé lavé de rouge et de rose ne laissent pas indifférent. Tout comme la séduisante ‘Dorothy Perkins’ aux jolis pompons roses. Actuellement on lui préfère une de ses filles, ‘Super Dorothy’, une allemande résistante à l’oïdium et plus florifère. Enfin, impossible de ne pas citer ‘New Dawn’, la première plante à être protégée par brevet aux USA. Ses grandes fleurs doubles rose nacré ont fait le tour du monde.

A essayer
Prairie. Lorsque les premiers européens ont mis un pied en Amérique du Nord, la prairie formait un milieu naturel de plusieurs milliers de km. Constituée de graminées et de fleurs sauvages vigoureuses, broutée par les bisons et régulièrement incendiée, elle n’offrait pas de place aux arbres et aux broussailles. Elles présentent toutes les couleurs de l’arc en ciel. Anémone pulsatille, benoîte, ancolie, lupin, échinacée, tournesol, Helenium, eupatoire et j’en passe. Aujourd’hui, l’étendue de la prairie est malheureusement fort réduite mais la mobilisation est générale. Tout azimut. Grâce aux botanistes, paysagistes et jardiniers, elle regagne du terrain dans les jardins. Christopher Lloyd et Piet Oudolf en ont fait leur cheval de bataille. Merci pour la biodiversité et pour la faune qui y trouve toit et couvert.
Astuces
En période de gel, le voile non tissé vendu dans toute bonne jardinerie est efficace. Recouvrez les fragiles et les points de greffe des rosiers sur tige. Attachez-le avec des pinces à linge. En bois, c’est plus joli.
Taillez les arbustes à petits fruits (cassis, groseilliers…) par temps sec et hors gel. Distribuez vos boutures. Peu d’arbustes reprennent aussi facilement. Les cadeaux font toujours plaisir.
Pour égayer le jardin, plantez en terrain acide, les bruyères d’hiver, Erica x darleyensis et carnea. Les variétés à fleurs blanches sont bien jolies à cette saison. Utilisez des petites branches coupées dans les bouquets.
N’arrachez pas les souches des arbres coupés sauf s’ils sont morts de pourridié dû à l’armillaire. Crapauds, hérissons, musaraignes, carabes y trouveront un refuge idéal. Des petites abeilles pollinisatrices et petites guêpes auxiliaires y creuseront des galeries.
Enlevez les branches mortes des arbres. Elles sont porteuses de maladies et infections. Brossez les mousses sur les branches, une bonne manière de déloger les parasites.
Renouveler vos jardinières et pensez aux jeunes arbustes odorants à floraison hivernale : Sarcococca et daphnés. Avant de les installer au jardin, dans des pots, ils égaient vos portes et fenêtres.
Les « plus »
A lire
Prairies fleuries, Christopher Lloyd, Editions Ulmer 2005, ISBN 978-2841382446 et Jardins d’avenir, Les plantations dans le temps et dans l’espace, Piet Oudolf & Noël Kingsbury, Editions du Rouergue 2006, ISBN 978-2841567607
Un revenant
Une grive à ailes rousses disparue chez nous depuis 1956 a pu être observée ces derniers jours par des ornithologues dans la région d’Hotton. Bienvenue !
Record battu ?
Le 16 janvier 1942, en pleine guerre, commençait un des hivers les plus rigoureux: 47 jours de gel jusqu’au 4 mars. Le record de froid, -30,1°C est observé à Rochefort le 20 janvier 1940. Sera-t-il battu ?
L’hiver en wallon
Nivaye qui tome doûcemint, tome lontins. Pour ceux qui n’auraient pas compris : Neige qui tombe doucement, tombe longtemps.