Il y a plus de vingt siècles, le poète latin Ovide nous contait le sort de la belle Daphné poursuivie par Apollon et métamorphosée en laurier rose. Philémon et Baucis, symboles de l’amour conjugal, de l’hospitalité et de la piété ont eux aussi été transformés le premier en chêne et la seconde en tilleul. Ces métamorphoses résultaient de la miséricorde ou de la colère des dieux. De quoi planter un jardin d’éden. La mythologie grecque est à l’origine de beaucoup de noms de plantes. Narcisse par exemple, est ce bulbe bien connu annonciateur du printemps mais aussi celui d’un beau gars qui, indifférent à l’amour des autres, meurt d’avoir trop aimé sa propre image contemplée dans un bassin. L’histoire veut qu’une touffe de narcisses soit sortie de terre à cet endroit. Les Daphne, Artemisia et autre Hyacinthus se réfèrent eux aussi à la mythologie.
Narcisse
Daphne Artemisia
Les arbres, par leurs dimensions imposantes et leur caractère majestueux ont toujours suscité la dévotion populaire. Considérés comme guérisseurs, les arbres à clous ou à loques devenaient le rendez-vous des fidèles. On clouait dans leur tronc la maladie dont on voulait se défaire ainsi que les pansements et autres bandages. Le tilleul a toujours reçu un statut particulier. Symbole de foi et de croyances. Emblème officiel de la chrétienté et arbre de vie par excellence. Ce n’est alors pas par hasard qu’on le retrouve campé dans les cimetières, près des églises et des chapelles.
La mandragore quant à elle a fait fantasmer plus d’un jardinier. Cette plante vivace parait plutôt anodine avec ses rosettes de feuilles et ses baies toxiques jaunes et rouges. C’est sans compter sa grosse racine un rien bizarre. Carrément anthropomorphe. Au Moyen Age, cette racine faisait l’objet de rituels magiques et aphrodisiaques. Une légende macabre voulait même qu’elle germa au pied des gibets. Celui qui l’arrachait sans précaution était poursuivi par la malédiction et devenait fou en entendant les hurlements de la plante. Dans la célèbre forêt de Brocéliande dans le Morbihan, on raconte même que des mirages étaient provoqués par un arbre ressemblant à une gigantesque mandragore hallucinogène. D’autres plantes toxiques sont aussi traditionnellement associées à la sorcellerie. L’aconit tue-loup, la belladone, la digitale Jaune ou l’herbe du diable appelée datura.
Aconit Digitale Datura
Et les nains de jardin dans tout cela ?
Certains les adulent, d’autres les exècrent ! Ils ne laissent personne indifférents. Des expos très sérieuses leur sont dédiées comme à Bagatelle à Paris et des associations pour la protection des nains de jardin voient le jour. A chaque pays, ses nains, gnomes, trolls et lutins. Tous des bonzaïs. Ensemble, avec leurs chapeaux pointus et leur barbe blanche, ils règnent sur la terre. En tous cas sur les jardins un tantinet excentriques. Mais à l’origine, le nain n’est pas un jardinier. Etant donné sa petite taille, il peut travailler profondément sous terre. Notamment dans les mines. Les petits copains de Blanche-Neige étaient effectivement des nains de mine. Depuis des siècles, les histoires de lutins circulent secrètement et se racontent par-dessus les haies.
A prendre ou à laisser
Les saints de glace font trembler quelques jardiniers. La tradition recommande de ne planter les plantes annuelles qu’après la lunaison qui suit celle de Pâques. Ce n’est pas une légende. Les trois saints, Mamert, Servais et Pancrace fêtés les 11,12 et 13 mai marquent définitivement la fin de la période de gel.
Ne plantez jamais un nouveau rosier à l’endroit d’un rosier ancien. Les raisons en sont mal connues, mais l’expérience le prouve. Le rosier nouvellement mis en place végète, fleurit peu et dans la plus part des cas dégénère. La seule option est de changer la terre sur un minimum de 50 cm de profondeur ou de le planter ailleurs.
Un binage vaut deux arrosages. Voici un vieux dicton à appliquer chez soi. Un sol aéré et allégé reste humide et frais en profondeur, a un effet isolant contre la chaleur et emmagasine mieux l’humidité atmosphérique qu’un sol non travaillé et dense.
Fourmis et pucerons, une histoire d’amour. Dès le début du printemps, les pucerons s’installent. Les fourmis leur rendent visite pour prélever le miellat qu’ils secrètent. Elles les stimulent pour qu’ils accélèrent leurs ponctions sur les plantes et produisent toujours plus de miellat. La plante s’affaiblit. Une bonne raison pour les éliminer.
LES PLUS
PAS DE ROSE A L’OMBRE : Méfiez-vous des promesses alléchantes. C’est vrai, ils poussent à l’ombre mais ils oublient le plus souvent de fleurir.
GLYCINE : La glycine tord les gouttières et ses racines peuvent soulever les murets. Ce n’est pas un mythe.
JARDINER PARESSEUX : C’est une légende. Un beau jardin se réalise à force de sueur et d’huile de bras.
LÉGENDE DE CUCURBITACÉE : La citrouille est à l’honneur lors de la fête d’Halloween. Elle l’était déjà au temps de Cendrillon.
JARDIN DES HESPÉRIDES : Ou un jardin immortel réservé aux dieux. Il abrite un arbre aux pommes d’or. Ce mythe fait partie des douze travaux d’Hercule.
ARCADIE : L’Arcadie est le pays du bonheur, le pays idéal. Au XVIIIème siècle, le « jardin à l’anglaise » s’impose. Le jardin devient paysage à la recherche de l’Arcadie.
A LIRE : Le grand livre des rituels magiques avec les plantes, de Silja, Yves Feugeas aux Éditions Contre-dire 2011, ISBN 978-2849332146
POUR LES ENFANTS : Mon jardin de sorcière de B. Bertrand et F. Lisak, Ed. Petite Plume de carotte 2011, ISBN 978-2-36154-018-0