Herkenrode, le fruit d’une passion… Philippe de Spoelberch, l’esprit de collection, la rigueur scientifique et le culte du beau au service des arbres

Il était une fois, un petit Rhododendron ‘Pink Pearl’… C’est à peu près comme cela il y a 40 ans, que commencèrent les aventures de Philippe de Spoelberch. Ce rhododendron planté au hasard d’une pelouse végète quelques temps dans une terre à l’apparence de béton puis, malingre, termine sa vie sur le tas de compost. C’est le point de départ de grands lendemains captivants !

Un peu de terre s’insinue sans doute dans son organisme et détermine une sorte de contamination définitive…La passion des arbres et des arbustes s’accroche à l’un de ses gènes, alimentée aussi bien par les succès que par les échecs. Elle ne le quitte plus. Jeune déjà, il collectionnait les points « Artis » avec frénésie, il en fera de même avec les plantes.

Cet amour des arbres, il le doit à son père qui le forme à la sylviculture et aux magnifiques essences rares et exotiques de la propriété familiale du Parc de Wespelaar. Le goût du beau est un cadeau de son grand-père, peintre à ses heures.

Wisteria x formosa ‘Issai’

En digne héritier d’une longue lignée de brasseurs, il devient …ingénieur-brasseur. Durant ses études, il s’intéresse à la botanique et apprend à mieux connaître les plantes médicinales dont un certain Magnolia officinalis. Son diplôme en mains, il part à New York  faire un M.B.A, en profite pour visiter les arboretums de la région et en guise de souvenir, ramène des semences et des jeunes semis destinés à être plantés à Herkenrode.

Magnolia officinalis var. biloba

Depuis lors, on peut dire que le domaine avec ses 25 ha, est devenu une des plus remarquables collections dendrologiques d’Europe de l’ouest.

Quel heureux hasard de le rencontrer un 25 novembre, jour de la Sainte Catherine où, comme chacun sait, tout bois prend racine !

Gagné par le feu sacré

Les visites des arboretums de Groenendael et de Tervuren, les voyages en Angleterre et la rencontre avec Jelena et Robert de Belder stimulent son enthousiasme.

L’arboretum de Groenendael organisé de manière systématique par famille, genre et espèce et celui de Tervuren divisé de manière géographique, les plantes des Amériques et celles de l’Ancien Monde, sont d’après lui tout à fait sous-estimés. Nul n’est prophète en son pays. Dire que les spécialistes américains viennent avec émotion admirer à Tervuren leur châtaignier indigène, Castanea dentata aujourd’hui disparu de sa contrée d’origine, décimé par les maladies du chancre et de l’encre !

Lors de ses voyages, Philippe de Spoelberch souvent tenté, résiste assez peu et allonge indéfiniment sa liste des plantes à collectionner. Ainsi le Symplocos paniculata découvert en Angleterre, terre de prédilection pour les curiosités jardinières, ne tardera pas à rejoindre son jardin.

Jelena et Robert de Belder, pionniers de la dendrologie belge, deviennent ses « maîtres à penser » mais surtout de vrais amis. Il se souvient encore de sa première visite aux pépinières anglaises Hillier. Inconnu au bataillon des clients habituels, perdu dans l’anonymat, il chuchota le mot magique « de Belder » et les portes de ce paradis s’ouvrirent à lui !

Savez-vous à quels arbres les dendrologues associaient Jelena et Robert de Belder ? Au Trochodendron aralioides, campagnon naturel du Cryptomeria japonica…pensionnaires d’Herkenrode. Le couple qu’ils formaient les faisaient songer à ces deux plantes dont l’une ne vit pas sans l’autre.

Leur grande générosité, on la retrouve chez Philippe de Spoelberch qui lui aussi, a toujours un trésor à offrir dans le coffre de sa voiture ou un sac plein de boutures à donner au visiteur. Dominique Duhaut, Benoît Choteau et les responsables de l’arboretum Kalmthout en savent quelque chose; ils quittent généralement Herkenrode avec un « semi-remorque » bourré de semences, boutures ou greffons…

Un vrai travail d’équipe

Observation et déduction sont indispensables à la réalisation d’une collection et à la bonne acclimatation des plantes. Dans les annales de la Société Belge de Dendrologie (2001, p 96), il aime partager ses expériences : « Je savais depuis longtemps que la température minimum pouvait varier grandement selon les emplacements dans le jardin ou l’arboretum. Je constate aujourd’hui que mon instinct m’a fait faire quelques grosses erreurs : en règle générale le couvert des conifères est plus chaud d’environ 5°C lors des grands froids. Mais j’ai constaté que des ouvertures en « forme d’entonnoir » dans une situation de parc, pouvaient être plus froides que certaines positions dégagées en plein air (différences de 0,5 à 1°C). C’est comme si la clairière en forêt drainait tout le froid des environs pour le concentrer sur les quelques plantes qui se trouvent en son centre ».

De la même façon, il nous explique que les plantes en provenance du Japon et de la Corée à l’été très nuageux et humide ne tolèrent pas chez nous un emplacement trop ensoleillé. C’est en souriant encore, qu’il raconte la mésaventure qu’il a connue avec les semences du bouleau, Betula alleghaniensis, récoltées dans un jardin botanique américain sous une étiquette du même nom. Après l’avoir regardé grandir et en avoir vanté les mérites, il apprend qu’il s’agit d’une autre espèce Betula lenta.

Une équipe parfaitement rodée l’épaule et le soutient dans ses recherches. Koen Camelbeke, docteur en biologie, directeur depuis 2001 de l’asbl Arboretum Wespelaar prend la responsabilité de la gestion des collections et des inventaires. Herlinde De Jaeck, sociologue de formation et botaniste d’affection fait partie intégrante de la mémoire d’Herkenrode. Elle y effectue un travail titanesque, vérifie l’étiquetage de plus de dix milles arbres et arbustes vivants, recense notamment les floraisons et les colorations d’automne et guide les groupes de visiteurs. C’est un bonheur de la suivre car elle connaît l’endroit comme sa poche et les intentions du propriétaire sur le bout des doigts. Last but not least, Eddy Verboven, le seul, unique et précieux « jardinier-héros » d’Herkenrode sans qui rien ne pourrait être réalisé. Toujours prêt à planter, déplanter, arracher, amender, tailler, nous l’avons rencontré ce 22 décembre, sous une bourrasque de neige au volant de son tracteur, un rhododendron à transplanter dans la remorque ! 

Voyages et expéditions

Grand voyageur, Philippe de Spoelberch accompagne diverses expéditions dendrologiques. Le nord-ouest, l’Amérique du sud, la Corée, la Chine et le Bhoutan sont parmi ses destinations favorites. Les forêts tempérées l’intéressent plus que les tropiques ou la Méditerranée.

Les jardins botaniques américains, ceux d’Edimbourg et de Kew peuvent encore encourager et organiser de véritables missions scientifiques. Le Royal Botanic Garden de Kew a notamment réalisé une flore du Bhoutan et prépare actuellement une flore d’Arabie. Quelques arboretums tel celui de Chollipo en Corée ou de Shangaï établissent aussi une intéressante liste de graines. Différentes sociétés, la Magnolia ou la Rhododendron Society, très influentes et actives, échangent régulièrement données et semences. Cet enthousiasme souvent abandonné par les institutions et les universités d’Europe est heureusement relayé par quelques villes, provinces et collectionneurs privés. Entre autre chez nous, le parc provincial d’Eeklo, le pinetum de Clément Anthoine, les travaux de Dirk De Meyere à l’arboretum de Meise et de Jef Van Meulder à celui de Bokrijk, le Parc de la Plante à Namur, l’arboretum Lenoir, les collections d’André Charlier …etc…etc… Les 400 membres actuels de la Société Nationale de Dendrologie Belge sont là pour prouver cet engouement. Et cela fait plus de 20 ans qu’ils conservent jalousement à leur tête, leur dévoué président…

Les espèces botaniques, celles qui existent dans la nature à l’état brut, poussent tous les collectionneurs avisés à se détacher progressivement des variétés améliorées par l’homme. Les semis qui y sont récoltés ont leur préférence, les hybridations y étant moins fréquentes. Environ 1500 arbres et arbustes sont « wild collected » à Herkenrode (« wld » sur l’étiquette).

 La manière de procéder est simple. Attention ne pas grappiller sans autorisation …Prévoir une veste genre « Barbour » à grandes poches… dans le cas où la  collecte dépasserait la centaine de spécimens ! Se pourvoir de sacs en plastique et d’un canif suisse (ou autre, c’est selon…) Enlever délicatement la plantule avec un peu de racines, la sécher et l’emballer dans de la mousse et puis dans le sac fermé que l’on glisse dans la poche de la veste. A chaque étape du voyage, ne pas oublier d’aérer en ouvrant délicatement le sachet. Ensuite la rempoter et la mettre dans un lieu sûr ni trop chaud ni trop humide pour éviter qu’elle ne pourrisse. Et surtout, surtout noter l’endroit de ramassage, indication primordiale pour un collectionneur et quand c’est possible, le nom de la plante.

Belle occasion de défendre la biodiversité ! La diversité végétale n’est pas un leurre, le foisonnement des espèces est une bénédiction. Gare à toute forme de « purification botanique » chère à certains écologistes qui restreignent le paysage belge à celui du XVIIème siècle limité alors aux plantes indigènes. Peut-on encore décemment refuser aujourd’hui l’implantation du cèdre de l’Atlas sous prétexte qu’il est d’origine nord-africaine ?

Un nouvel arboretum

Herkenrode, parc du XVIIIème siècle, modifié en parc paysager à l’anglaise au milieu du XIXème est constitué aujourd’hui d’un jardin de 10 ha et d’un arboretum de 15 ha. Il fait partie d’un ensemble de six parcs à Wespelaar où Philippe de Spoelberch a disposé arbres et arbustes, au total 10.187 acquisitions. (Lire : Le parc de Wespelaar. Le jardin anglais en Belgique au XVIIIème siècle de Xavier Duquenne, éditeur Philippe de Spoelberch, 2001).

Une extension du jardin d’Herkenrode est remaniée par Jacques Wirtz en 1979 afin d’organiser un potager, cacher une piscine et structurer certaines parcelles de parc régulier.

Les connaissances accumulées lors de nombreux voyages et les trésors rassemblés l’amènent à vouloir partager davantage ses découvertes. La destinée d’un vieux bois de chênes et d’une grande prairie jouxtant  la propriété est toute tracée, ils deviendront l’arboretum Wespelaar. Ce sera un arboretum didactique sans pour autant que l’esthétique soit oubliée. Il y mariera le scientifique, le botaniste et l’esthète qui demeurent en lui. Sa « trinité » personnelle en quelque sorte.

A la fin du bail fermier, l’extension du jardin est décidée. Elle commence dès 1983 par le remaniement de la grande pelouse. Le site étant plat à l’origine, il remodèle le sol par des ondulations et crée de cette manière un très léger vallonnement parmi lequel courent des sentiers. Les monticules sont recouverts d’une double couche de sol fertile et les sentiers sont drainés. Afin de joindre l’utile à l’agréable, il ouvre des perspectives. Ce que cela donnera dans dix ou vingt ans quand les arbres auront grandi, son œil le sait déjà avec précision.

L’arboretum est entièrement clôturé selon un système breveté « Wespelaar ». La clôture n’est pas nécessairement très élevée ni très enfoncée mais le bas du grillage est posé à plat dans la tranchée et dirigé vers l’extérieur puis recouvert de terre. Il forme ainsi un angle de 90 degrés avec la clôture. Double bénéfice assuré, cela permet de garder les lapins à l’extérieur et les visiteurs à l’intérieur…

Dès le début des plantations, il double la collection du jardin d’Herkenrode. Lors des travaux dans le sous-bois, quelques chênes défigurés sont élagués ou même abattus. Que faire alors ? Essoucher ou pas ? Le choix est périlleux, si l’on essouche, l’humus se mélange au sol moins fertile et les nouvelles plantes éprouvent plus de difficultés à s’établir. Ne pas le faire risque d’encourager l’armillaire. Les plantes de collection étant les plus vulnérables et donc les premières attaquées, il décide d’essoucher.

Différents étages d’arbres et d’arbustes sont préservés pour protéger les plantes sujettes au gel printanier; une collection de houx, doublon de celle de Bokrijk sert d’écrin aux autres feuillages. Même si les conifères, – à part le Sequoia sempervirens -, n’ont pas sa préférence, quelques-uns triés sur le volet structurent l’ensemble. Ils mettent les feuillus en valeur et les protègent du vent du nord-est.

Deux mille cinq cent arbres et arbustes y sont déjà rassemblés. Il ne fallut pas dix ans pour que les structures de l’arboretum apparaissent clairement et chaque année écoulée lui donne davantage de prestance. Viornes et érables sont mélangés pour la beauté de leur association, ainsi qu’une importante sélection d’hydrangeas. Les magnolias sont plantés selon la systématique du genre, d’autres plantes par groupe ou par similitude. Bouleaux, frênes, cornouillers, rhododendrons, charmes y sont bien représentés. La diversification des collections est aussi une façon de les préserver des maladies.

L’esprit de collection

L’esprit de collection exige temps, patience et place. Tout son temps libre, il le consacre à la gestion du domaine. Les rhododendrons sont les plus nombreux avec à peu près 700 taxons, les érables en comptent approximativement 300 et les magnolias 400. Mais il n’y a pas qu’eux. Peu s’en faut. Petites ou grandes merveilles, champions de Belgique ou simples raretés, curiosités, coups de cœur y sont rassemblés pour le plus grand plaisir des amoureux des arbres.

Il lui arrive donc rarement de flâner lorsqu’il endosse sa précieuse Barbour aux poches pleines à craquer, dont il sort, tel un magicien d’un chapeau, les objets indispensables aux mille tâches qui l’attendent : enregistreur, appareil photo, sécateur, scies, étiquettes, et catalogue de plantes. Mais le plus étrange est sans conteste le jeu de carte. A quoi cela peut-il bien servir ? Le « système D » ! Chaque carte à jouer correspond à sa jumelle identifiant une plante en attente dans la pépinière. Il ne lui reste plus qu’à enfoncer un bâton, auquel la carte est attachée, là où elle doit être installée. Chacune trouve de cette manière l’emplacement qu’elle mérite. Ce système est d’une efficacité sans faille et permet de gagner du temps. Il suffisait d’y penser. L’étiquetage est à lui seul un travail colossal. Chaque arbre possède son étiquette bien en vue avec le nom scientifique complet, l’origine et l’année de plantation. Un rêve …

De la place, d’aucuns pensent qu’il en dispose raisonnablement, c’est bien mal le connaître. Un jardin n’est jamais trop grand pour un collectionneur et inéluctablement le jour arrive où celle-ci vient à manquer puisqu’il ne cesse de planter, bien décidé à ne jamais s’arrêter. S’il regarde toujours certaines plantes avec une joie intense, pour d’autres son enthousiasme premier se mue petit à petit en indifférence. Toujours à l’affût, il ne s’inquiète guère de l’avenir de sa collection, ne s’acharne pas, ce qui l’intéresse c’est le présent. Une feuille blanche accrochée aux  branches d’une plante un peu souffreteuse n’augure rien de bon : ainsi munie de son billet de sortie, elle va devoir céder la place. La disparition d’une plante n’est pas une offense personnelle. Cette défection offre plutôt de nouvelles perspectives à son champ créatif. Collectionner n’implique pour lui aucune notion d’exhaustivité. Il ne souhaite pas posséder toutes les variétés et jamais il ne deviendra esclave de sa passion.

Sa vision de la taille, de l’élagage et même de l’abattage a ébranlé plus d’une âme sensible. Qu’à cela ne tienne, il nous dira : « heureusement nous coupons beaucoup, nous supprimons chaque année un certain nombre d’arbres et arbustes. Mais cela ne fait jamais assez de place ». Aujourd’hui, le jardin est toujours aussi beau, l’équilibre déjà rétabli. L’histoire d’un liquidambar sauvé de la tempête grâce à un élagage drastique mais mûrement réfléchi et celle d’un groupe de chênes taillés comme de vulgaires saules têtard vous en dit long sur son indépendance de pensée en ce domaine.

Morceaux choisis

Magnolia ‘Daphne’

Philippe de Spoelberch succombe souvent à ses coups de cœur. Beaucoup pensent au rhododendron et au magnolia lorsqu’ils l’évoquent. Qui n’a jamais remarqué en commençant la visite du jardin d’Herkenrode, le magnifique Magnolia grandiflora qui envahit le pignon de la maison ? Cette collection unique en Europe s’est spécialement développée dans les années 80 lorsqu’il a, avec Jelena de Belder, acheté tout le stock de la pépinière hollandaise Grotendorst qui fermait ses portes. Aujourd’hui, il a rassemblé environ 400 taxons différents : d’une part des espèces botaniques en provenance d’Amérique du nord (M. Grandiflora, acuminata, virginiana…) ou d’Asie (M. kobus, stellata, liliiflora, obovata …) et d’autre part, des variétés horticoles dont certaines ont été produites à Herkenrode même. Membre de la Magnolia Society, correspondant d’August Kehr aux États-Unis, il continue plus particulièrement la sélection d’étonnants magnolias à fleurs jaunes. Il y a deux ans, sur 50 croisements arrivés à maturité, 8 plantes sont retenues pour leur capacité de résistance au gel printanier, aux hivers rudes, aux vents desséchants, notamment M. ‘Honey Liz’, ‘Honey Beth’, ‘Daphne’, ‘Green Bee’ et ‘Green Snow’… Il entreprend avec ses collaborateurs d’établir une clef de culture.

Actuellement, en Belgique, il est l’initiateur des Stewartia et des Lindera dont il rassemble une collection de référence. Les Stewartia  très proches parents des Camellia comme d’ailleurs du Franklinia, demandent un sol bien drainé, léger et humifère, acide ou neutre. Ce sont des arbres de sous-étage forestier. La couleur d’automne est l’un de leurs attraits les plus subtils. Le tronc est  bien caractéristique des espèces, celui de Stewartia sinensis pourrait être comparé à celui d’un Acer griseum, l’écorce de Stewartia pseudocamellia desquame tout aussi joliment ; il est le plus résistant. Leurs étonnantes fleurs blanches sont  ravissantes. 

Les Lindera cultivés essentiellement pour leur coloration automnale ne sont pas toujours rustiques chez nous. Le Lindera obtusiloba au délicieux parfum de miel résiste, en revanche Lindera angustifolia rouge cramoisi jusqu’en fin d’année est franchement « limite ». Parfois cela vaut la peine de passer outre à certains préjugés. Tout le monde se méfie des Prunus lusitanica, ils s’avèrent pourtant bien plus solides que prévu et certainement que leur cousin le Prunus laurocerasus.

Les toutes dernières parcelles sont replantées d’un bel ensemble de Nyssa sylvatica et sinensis.

Creuset d’observation et d’expérience, l’arboretum et le jardin fournissent chaque année quantité de données concernant leurs pensionnaires. Floraisons, couleurs, parfums, tout ce qui est susceptible d’être étudié est minutieusement noté. Le stade des floraisons est relevé tous les trois jours et un inventaire complet des colorations automnales a déjà été réalisé. Herlinde De Jaeck et Koen Camelbeke déterminent déjà certaines tendances. Ils ont constaté que le Magnolia ‘Royal Crown’ est toujours l’un des premiers à fleurir et qu’en 2003, les parures d’automne avaient pris 3 semaines d’avance sur 2002. Le Prunus sargentii virant à l’écarlate semble donner le signal. Quoique parfois l’Ostrya virginiana, dans la palette des jaunes, paraisse vouloir lui ravir la première place. Le Franklinia alatamaha, éteint dans la nature, dont tous les spécimens actuels descendent d’une plante recueillie dans un jardin de Philadelphie, est intéressant pour sa floraison tardive et parfumée ainsi que pour sa magnifique couleur rouge en automne. Tout comme l’Acer rubrum ‘October Glory’ longtemps époustouflant, quasi fluorescent…Koen Camelbeke attire aussi l’attention sur le « rouge vif de ses inflorescences » dès la mi-février.

Bien d’autres arbres et arbustes réjouissent l’hiver de leurs parfums et de leurs fleurs. Le 22 décembre, le Corylus maxima ‘Rote Zellernuss’ était déjà couvert de ravissants chatons roses et le Viburnum x bodnantense ‘Charles Lamont’, très résistant au gel, de fleurs plus grandes que celles de l’espèce type. L’hiver est encore la saison idéale pour admirer les silhouettes. Trop souvent lors du choix d’un arbre ou d’un arbuste, on oublie cet aspect. C’est à ce moment que les plantes à feuillage caduque révèlent toute la beauté de leur port dénudé et donnent au jardin une allure fantasmagorique. Le Gymnocladus dioica à l’étonnant squelette hivernal, participe à cette mise en scène. Si aux silhouettes, vous ajoutez la splendeur des écorces, le spectacle sera total.

Véritable esprit du lieu, Philippe de Spoelberch éparpille ses préférences aux quatre coins pour mieux les retrouver. Il nous permet d’emboîter son pas et de les découvrir à notre tour. A Herkenrode, il se passe toujours quelque chose …le temps s’écoule et les plus beaux jours se trouvent encore et toujours devant nous.

La Société Belge de Dendrologie.

La Société Belge de Dendrologie fondée en 1953 et présidée depuis 1980 par Philippe de Spoelberch compte aujourd’hui plus de 400 membres. S’adressant aux amoureux des arbres et des arbustes qui souhaitent mieux les connaître et les cultiver, elle réunit autant les spécialistes que les amateurs. Elle organise visites et voyages ainsi que des conférences et journées d’étude et édite une revue semestrielle de contact et d’information. Sous son impulsion, un inventaire dendrologique belge a été établi dès 1985. Tenu à jour, il constitue une inestimable base de données de toutes les espèces et variétés horticoles existant dans notre pays. Philippe de Spoelberch, coauteur avec Jean-Claude Baudouin, a publié cette mine d’informations à la Fondation Spoelberch-Artois en 1992 : Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992. www.dendrologie.be

 Infos pratiques

Herkenrode, Vijverbos 6, 3150 Haacht-Wespelaar, www.jardinsouverts.be

Arboretum Wespelaar, De Costerstraat 37, 3150 Haacht-Wespelaar, www.arboretumwespelaar.be

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