Je voudrais partager avec vous l’éditorial du dernier numéro d’Eden Magazine.
Depuis 26 ans, les numéros d’Eden Magazine se suivent et ne se ressemblent pas.
Ce printemps, une vague de sécheresse est venue désespérer tous les jardiniers. Rien de nouveau sous le soleil. Mais avec elle, est apparu un chambardement plutôt inhabituel. Appelé confinement, il a bouleversé nos habitudes et nos vies. Pour certains, ce fut le comble de l’horreur, pour d’autres, l’apogée du bonheur. Mi-mars, la veille du lock down, un détail ne trompait pas. Pendant que les uns se ruaient devant les portes du supermarché, d’autres se pressaient dans leur jardinerie préférée, à l’affût de sachets de semences, sacs de compost, engrais, binettes ou autres sécateurs. Oui, un grand nettoyage de printemps se profilait à l’horizon. Heureux les détenteurs d’un coin de verdure, ils ont pu jardiner, se consacrer calmement à leur terre, leurs fleurs et leurs légumes. Savourer les petites choses du jardin, tout simplement. Un remède sans doute anodin dans un quotidien perturbé par un virus minuscule.
Dans le même temps, à la rédaction d’Eden circulait le livre de l’anglaise Sue Stuart-Smith, The Well Gardened Mind, paru en avril. (En néerlandais, Tuiniren voor de Geest). Sans doute, n’était-ce pas un hasard. Sue est certes l’épouse de Tom Stuart-Smith, un des architectes paysagistes contemporains les plus créatifs et les plus médaillés du Chelsea Flower Show de Londres, mais elle est aussi et avant tout, neuropsychiatre. Depuis toujours passionnée de jardinage, elle entretient avec bonheur The Barn Garden, l’éden familial dans le Hertfordshire, tout en visitant des jardins thérapeutiques dans le monde entier. Pour elle, c’est certain, semer, tailler, soigner les plantes, brouetter ou désherber rend définitivement heureux. Tous les « jardino- et autres hortithérapeutes » le confirment, rien de tel que de mettre les mains dans la terre pour susciter des sentiments de paix intérieure et des émotions positives, combattre le stress ou simplement se soigner, tout en améliorant la qualité de vie.
Aujourd’hui, pour notre équipe et tous les jardiniers que compte la planète Terre, il est l’heure de cultiver les lendemains qui vont chanter. C’est en effet à l’automne, lorsque le jardin tire sa révérence avec panache et générosité alors que l’été jette ses derniers feux, que chaque jardinier averti prépare le printemps. Une saison cruciale, incontournable pour concrétiser les projets mis en veilleuse, les idées sagement confinées sans oublier de planter … l’avenir.

Pas d’hésitations, laissons-nous captiver par le végétal, retournons humer l’air du temps sans modération, dans les fêtes des plantes et chez les pépiniéristes. Ensemble, nous les jardiniers, avons la chance de pouvoir résister, garder le moral et surtout jouir par anticipation.
A nos bêches !
Marie Noëlle Cruysmans