Ah que voici une petite madeleine au parfum suranné, suave ou capiteux ! Que de souvenirs du potager d’une grand-mère attentionnée, d’un jardin de curé aux petits papillons virevoltant, d’un salon parfumé baigné par les rayons du soleil de l’été. Des petits pois pleins de grâce, au charme ineffable et à l’allure fragile. S’il est difficile aujourd’hui d’en trouver chez les fleuristes, alors pourquoi ne pas les cultiver au jardin ? Même si les fleurs aux pétales de soie sont des plus gracieuses, la plante qui les porte revêt généralement un look dégingandé et la réputation capricieuse qui la précède freine parfois quelques jardiniers non avertis. Les anglais, eux, sont fous des sweet peas et c’est là-bas dans les catalogues de graines que l’on trouve des trésors de variétés.
Ceci dit, voici quelques bons conseils pour les réussir.
Hemsley garden
Pois de senteur annuel
Introduit de Sicile en 1700, Lathyrus odoratus aux minuscules fleurs violettes reste un des pois les plus parfumés. Une odeur de miel mélangée à celle de la fleur d’oranger. Annuel, il doit être ressemé chaque année. Attention, à ne pas confondre avec Lathyrus latifolius, le pois sauvage vivace, gentiment envahissant, très joli lui aussi, aux corolles rose soutenu, blanches ou rose pâle mais sans aucun parfum. Ni avec Lathyrus vernus, un petit spécimen du printemps à fleurs bleues, roses ou blanches qui s’épanouissent en même temps que les narcisses en avril à la mi- ombre.
Notez qu’il n’est pas évident de trouver des sachets de graines d’une seule couleur. Le plus souvent, il s’agit d’assortiment de coloris, ce qui est en fait très agréable pour la confection de bouquets. Mais il n’est pas toujours aisé de repérer les plus parfumés d’entre eux sachant que les nouvelles variétés aux fleurs de plus en plus grandes, colorées et sophistiquées comme les ‘Mammouth’ ou ‘Galaxie’ ont souvent perdu de leur fragrance. S’il n’y a pas d’indication de parfum sur le dos de l’emballage, passez votre chemin ; en revanche, essayez les variétés anciennes ‘Old-Fashioned’ ou les ‘Fragrantissima’. Les fleurs bleues ou violacées comme ‘Matucana’ ou ‘Cupani’ ressemblant au pois sauvage, comptent généralement parmi les plus parfumées. Laissez-vous aussi tenter par quelques belles sélections modernes à la délicate palette de couleurs, du pourpre foncé au blanc immaculé, bicolores, picotées ou marbrées, aux pétales ondulés ou striés de la série des ‘Spencer’ et des ‘Grandiflora’.
D’abord le semis
Certainement pas aussi facile que celui des capucines, mais avec un peu de rigueur on y arrive. Les plus impatients commencent à semer dès octobre-novembre en glissant 3 ou 4 graines dans des godets remplis de bon terreau. Nous préférons attendre février-mars. Avant de semer, nous trempons les grosses graines dans l’eau tiède pendant une nuit. L’enveloppe est ramollie, la réhydratation est favorisée et la germination, – 2 à 3 semaines -, facilitée. D’autres préfèrent entailler la graine avec un cutter ou un couteau bien affûté.
Arrosez bien et placez-les pots à la lumière sur un rebord de fenêtre ou dans la serre. Dès que les plantules mesurent environ 5 cm, il est temps de les repiquer individuellement dans des pots suffisamment profonds pour ne pas déranger les racines. Au début du printemps, ils sont déjà installés en pleine terre ; les petites gelées tardives n’ayant pas d’incidence. Une autre option est de les semer directement en pleine terre à partir d’avril quand la terre se réchauffe mais la réussite n’est pas toujours au rendez-vous.
Puis la plantation
Le choix de la terre est crucial car le pois de senteur a des goûts de luxe. Inutile de planter dans un sol pauvre et caillouteux ; il ne poussera pas sauf en mode rachitique. La terre qu’il aime est profonde, – ses racines s’enfonçant parfois à 80 cm -, riche et bien drainée améliorée de compost. Sans oublier une belle place au soleil. Le must est de les changer de place chaque année. Dans un potager, c’est idéal.
Enterrez suffisamment le plant pour le consolider ou buttez-le en formant un petit monticule de terre lorsque les tiges ont une vingtaine de cm de haut. N’oubliez pas qu’hormis les variétés naines ne dépassant pas 30 cm, – idéales pour les jardinières -, la plupart culminent à près de 2m. Un palissage sur grillage, filet à haricot ou sur un tipi monté avec des perches de bambou ou de noisetier est donc indispensable. Guidez-les tiges au début et puis laissez-les faire, leurs vrilles s’attachent toutes seules. Nourrissez-les avec du purin d’ortie, de consoude ou de l’engrais organique.
Et enfin la cueillette
A partir de juin, n’hésitez pas à couper les fleurs tous les deux jours et enlevez les fanées pour éviter la formation de graines épuisant la plante et stoppant net les promesses de floraison. Vous serez surpris de l’allure avec laquelle elles se succèdent. Coupez-les dès qu’une fleur est ouverte et que les autres boutons sont colorés. N’oubliez pas d’arroser, la longueur des tiges en dépend et paillez pour garder l’humidité au sol. A vous alors de réaliser des fabuleux bouquets. Ne mélangez pas les pois à d’autres fleurs, ils se suffisent à eux-mêmes. Attention, la tenue en vase est bonne à condition de renouveler l’eau car les tiges boivent beaucoup.
Graines de SILENE
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