Pour beaucoup, le signe distinctif d’un conifère est d’être un arbre ou un arbuste au feuillage persistant. Même si c’est le cas pour la plupart, ce ne l’est pas pour tous. Il existe des exceptions. Pour faire mentir la généralité.
Ces drôles de conifères, on les repère dans les jardins botaniques mais pas seulement. Mélèze, faux mélèze, cyprès chauve et Metasequoia se ressemblent. Et pourtant. La devinette est classique. Tentons d’y voir plus clair.
Mélèze
Le premier de la série qui vient naturellement à l’esprit est le mélèze d’Europe. Larix decidua originaire des montagnes des Alpes et des monts Tatras. Beaucoup planté, – souvent trop serré -, du fait de la solidité de son bois et de sa croissance rapide, il atteint près de 30m de haut. Ses branches à l’horizontale, ses rameaux fins pendant en dessous et sa silhouette pyramidale lui donnent l’allure d’un sapin. Ce qu’il n’est pas.
Au printemps, ses jeunes aiguilles vert clair en rosettes attirent le regard. Elles sont disposées en spirales sur les pousses de l’année. Elles sont accompagnées de cônes ovoïdes délicatement roses puis bruns qui mûrissent dès la première année mais restent sur l’arbre durant plusieurs autres après avoir semé leurs graines. En automne elles s’enflamment dans les tons mordorés et roux.
Il existe environ 10 espèces différentes de mélèzes. Notamment celui de Sibérie, d’Amérique, du Sikkim et un joli japonais, Larix kaempferi, qui ressemble au nôtre avec un feuillage légèrement plus large, plus foncé et des rameaux rouges non retombants. Poussant encore plus vite, il est cependant moins rustique.
L. k. ‘Jacobson’ à l’Etang de Launay
Faux mélèze ou mélèze doré
Le faux mélèze ou mélèze doré de Chine, – du sud -, botaniquement appelé Pseudolarix amabilis ressemble à un mélèze commun, perd ses feuilles comme lui mais n’en n’est pas un. Ce serait trop facile. Plus rare, ses aiguilles sont beaucoup plus grandes et épaisses, vert plus foncé que chez le mélèze et ses cônes au look de petits artichauts restent verts jusqu’à la fin de l’automne. A noter pour ceux qui peuvent les voir qu’à la différence des mélèzes, les minuscules bourgeons sont légèrement pointus.
Lent en croissance, 15m de haut maximum, il demande un sol acide et du soleil. Sa silhouette largement conique est vraiment majestueuse, l’écorce gris-brun est largement fissurée et les longues branches horizontales prennent dès la fin de l’été, des teintes jaune beurre roux pendant une assez longue période. A ce moment, le feuillage en « œil de dragon » est assez caractéristique. Soit une rosette de 15 à 30 aiguilles dont le bourgeon central est entouré de zones circulaires d’abord vert clair, puis jaunes et enfin orangées pour le pourtour. Étonnant.
Cyprès chauve
Chauve le cyprès ? En hiver sans doute. Cyprès des marais ou de la Louisiane, Taxodium distichum, semble, comme son nom l’indique, aimer l’eau. Il pousse avec bonheur sur les rives marécageuses, le long des lacs et rivières. Lorsque le sol est gorgé d’eau, les racines remontent à la verticale vers la surface chercher l’air qui leur manque. C’est spectaculaire. Comme des colonies entières de termitières ou de « genoux ». En fait, ces racines respiratoires émergent au dessus de l’eau pour capter l’oxygène et aider l’arbre à respirer lorsque le sol est saturé d’eau stagnante. Dans le jargon scientifique, on les appelle les pneumatophores.
Appréciant les étés chauds encore plus que les racines bien arrosées, il sait s’accommoder de terrains assez secs, de sols drainés voire même sableux dans la mesure où ils ne sont pas trop calcaires. Ce grand format au port conique pousse rapidement jusqu’à 45m et vit très longtemps malgré ses branches cassant facilement. En Angleterre, on compte encore quelques vénérables vieillards du XVIIe.
Les aiguilles moins piquantes que celles du mélèze, d’un ton vert tendre au printemps apparaissent tardivement, virent au vert-gris en été avant de passer au jaune, bronze, roux à l’automne. L’écorce gris orangé pâle est fibreuse, plus douce et moins anguleuse que celle des mélèzes.
Metasequoia du Sichuan
L’histoire du séquoia de Chine, plus précisément du Sichuan ou en latin, Metasequoia glyptostroboides est belle. Une des découvertes les plus importantes du XXe avec le Wollemia nobilis, conifère très rare trouvé il y a peu dans un canyon en Australie, le Wollemi National Park. Ce géant avait littéralement disparu des milieux naturels. Jusqu’au jour où en 1941, un garde forestier chinois découvre 3 sujets vivants. Quelle émotion vive pour les botanistes du monde entier.
Colossal, à croissance également très rapide, – 15m en 20 ans -, à la silhouette étroite et conique, au tronc bien droit, il pousse sous des climats chauds et peut culminer encore plus haut à 50 ou 60 mètres de haut dans des endroits ensoleillés et dégagés.
Ces feuilles vert clair prennent une belle couleur rouge cuivrée à l’automne avant de tomber. Pour le distinguer d’un cyprès chauve, il est utile de retenir quelques bons trucs de dendrologue. D’abord, ne pas oublier que sa feuillaison est plus précoce, – environ 2 mois -, tout comme le début de ses teintes automnales dès les premières gelées. Ensuite, se souvenir que ses feuilles sont à la fois plus longues, larges et douces, d’un vert plus intense. Que son écorce orange clair à rousse est plus foncée et qu’il ne présente jamais de pneumatophores. Last but not least, l’élément imbattable se cache dans la manière dont sont rangées les feuilles. Astucieux détail. Le Metasequoia a des paires de feuilles opposées,- se faisant face -, alors que celles du cyprès chauve alternent à des hauteurs différentes. A retenir !
M. g. ‘Gold Rush’ M. g. ‘Norlich’