Festival des couleurs d’automne à l’Arboretum Wespelaar
Bien plus qu’un joyau de notre paysage, il est une référence scientifique que le monde entier nous envie. Les arbres aujourd’hui à maturité offrent un spectacle inégalé où esthétique se conjugue avec rigueur
Créé par Philippe de Spoelberch, dendrologue passionné et réputé que l’on ne présente plus, l’Arboretum Wespelaar attenant à son jardin d’Herkenrode, débute son histoire dès 1985. Dans une grande prairie à vaches entièrement remodelée et dans les bois attenants, les premières plantations démarrent. Des collections d’érables, rhododendrons et magnolias, tous découverts lors d’expéditions ou dénichés dans les jardins botaniques, chez des pépiniéristes spécialisés ou amateurs passionnés. En 2005, l’ensemble comptant 20 ha est donné à la Fondation Arboretum Wespelaar, pour en assurer la pérennité et l’ouverture au grand public. Un véritable programme d’étude et de planification des plantes ligneuses des régions tempérées débute sous la direction de Koen Camelbeke. Une attention toute particulière est accordée à la protection et la conservation des arbres et arbustes menacés ou rares ainsi qu’à une large vulgarisation des nouvelles espèces et cultivars.
A Wespelaar, l’équipe participe au projet Plantcol qui décrit les plus grandes collections de plantes en Belgique ainsi qu’au Beltrees, un inventaire des arbres remarquables du pays reprenant dans une base de données, toutes les observations et mesures effectuées par des bénévoles enthousiastes. Ce n’est donc certainement pas un hasard si l’arboretum fait partie des musts du réseau mondial Arbnet, une communauté internationale de professionnels des arbres qui compte au même niveau de compétence, 39 arboretums, dont seulement 4 en Europe. Aujourd’hui, on y recense environ 5.400 plantes (17.500 avec Herkenrode) dont beaucoup sont uniques en Belgique et dont près de 21% sont d’origine naturelle, récoltées directement dans la nature ou multipliées au départ d’elles.
Ici, pas de plantations systématiques en rangs d’oignon. L’idée est avant tout de mêler l’esthétique au scientifique. Autour d’un grand étang, le parc offre des perspectives magnifiques qui suivent les larges ondulations des prairies, avant de se perdre parmi les fûts des grands chênes. Les arbres et arbustes sont placés en fonction de leur silhouette et des couleurs de leur feuillage ; lorsqu’ils sont isolés, leur forme naturelle est mise en valeur. Les branches basses sont maintenues pour pouvoir les admirer de près et tant pis si elles prennent de la place. Lorsque la plante est misérable, malade ou mal placée, elle est enlevée sans sourciller… il y a toujours un autre spécimen prêt à prendre le relais.
Dès le départ, les collections sont installées en fonction d’un critère essentiel : les couleurs d’automne allant du jaune au rouge avec des nuances intermédiaires orangées, pourprées et cuivrées. Ce critère est stable et fiable, à l’inverse des floraisons, telle celle du magnolia dont le début et la durée sont très variables. Pendant les 2 dernières semaines d’octobre, même si notre climat n’est pas le mieux adapté à l’embrasement automnal, le spectacle est toujours au rendez-vous. Le sol acide, riche et bien mulché de Wespelaar permet une grande variété de plantes originaires de contrées comme le Canada, l’est des Etats-Unis, la Chine et le Japon où cette féérie est habituelle. Chaque année, les détails des colorations sont minutieusement consignés, si bien qu’au fil du temps, quelques plantes sortent véritablement du lot. Sélectionnées in situ ou simples coups de cœur, elles sont étoilées comme au guide Michelin… avec 2 étoiles, elles sont vraiment exceptionnelles.
Si les feuilles des végétaux changent de couleurs avant de tomber, c’est une question de chlorophylle. Au printemps et en été, les feuilles dopées de chlorophylle exhibent une couleur verte assez classique. Mais lorsque les températures baissent et que les jours diminuent, l’activité de la plante ralentit. La chlorophylle se dégrade et d’autres pigments variant autour du jaune et du rouge apparaissent. Ce phénomène dépend de plusieurs facteurs : le degré d’acidité du sol, les conditions atmosphériques, les alternances de pluie et de sécheresse ou les coups de froid, de chaud. Les nuits fraiches suivies de journées ensoleillées activent généralement le processus. Cela dit, l’origine de la plante issue d’un semis, d’une bouture ou d’une greffe a pour conséquence qu’un sujet peut-être mieux coloré qu’un autre ; d’où l’intérêt de le choisir à l’automne.
Quelques sélections nouvelles, différentes et surtout fiables car surveillées pendant un minimum de 5 ans, ont été dénommées à l’arboretum et diffusées aux pépinières spécialisées. Quelques-unes, généralement issues de greffes ou de boutures, – les semis n’étant pas assez fidèles -, sont retenues pour la splendeur de leurs couleurs d’automne.
Ce marronnier originaire de l’Ohio, déniché il y a 30 ans par Philippe de Spoelberch à l’Arboretum Waasland près d’Anvers se pare, parfois déjà dès fin septembre, de couleurs chaudes, dans la gamme rouge et orange. Même si elles ne durent pas longtemps, elles attirent le regard à une époque où l’embrasement n’est pas encore généralisé. Avec 7 m de haut et 7 m de large à taille adulte, il exhibe une silhouette ronde et bien ramifiée. Le grand plus est qu’il n’est pas sensible à la maladie des marronniers.
Les Nyssa ont la réputation d’être parmi les champions des couleurs d’automne. Le rouge vif de leur feuillage est quelque chose qu’on n’oublie pas. Notamment, chez Nyssa sylvatica, le seigneur américaindes jardins et plus particulièrement chez N. s. ‘Sheffield Park’ considéré comme un des meilleurs de la tribu. Nyssa sinensis, originaire du centre de la Chine, est plus rare. A Wespelaar, N. s. ‘Jim Russell’, un semis de graines récoltées dans la nature par l’ancien gestionnaire du Yorkshire Arboretum à Castle Howard, clôture le bal. Récompensé par un AGM, Award of garden merit, octroyé par la RHS, Royal Horticultural Society, il vire très tard vers l’écarlate ou rouge coquelicot tout en gardant relativement longtemps ses tonalités dorées. A noter aussi les jeunes pousses rouges au débourrement et un port plus étroit que l’espèce.
Quercus alba originaire des régions aux étés longs et chauds d’Amérique du Nord, est réputé pour une écorce blanche lorsqu’il est âgé, des couleurs spectaculaires de fin de saison variant de l’orangé à l’écarlate et pour un bois imperméable utilisé pour la construction de bateaux ou la fabrication de tonneaux. En 1984, Philippe de Spoelberch introduit un chêne blanc à Wespelaar. Il se révèlera exceptionnel : ses grandes feuilles, – environ 30 cm -, virent en fin de saison vers un bordeaux violacé intense. Comme la plupart des chênes, elles restent longtemps sur l’arbre, ce qui représente une indéniable qualité. Dirk Benoit de la pépinière Pavia à Deerlijk le multiplie sous le nom de Q. a. ‘Laura’.
Souvenirs d’une expédition botanique au Japon dans les années 90, quelques glands de Q.s., le chêne de Corée, sont semés dès le retour. Moins de 20 ans plus tard, Dirk Benoit entreprend de multiplier le plus remarquable d’entre eux et lui donne le nom du jardin de ‘Herkenrode’. Il s’enflamme chaque année pour terminer dans la gamme rouge-orangé et parfois même lie de vin ; il présente aussi une jolie écorce grise striée et des feuilles elliptiques, différentes des classiques du genre.
Le frêne blanc est natif d’Amérique du Nord. Largement planté, son bois est non seulement résistant mais aussi flexible, raison pour laquelle on l’utilise notamment pour la fabrication de matériels de sport comme la batte de base-ball. On le reconnait à son tronc parfaitement droit et à sa couleur automnale hâtive variant du jaune au pourpre foncé. F. a. ‘Autumn Purple’ figure généralement parmi les arbres annonciateurs de la saison nouvelle mais malheureusement, il perd ses feuilles assez rapidement. F. a. ‘Bash Bish Falls’ originaire d’une zone naturelle du Massachusetts connue pour sa merveilleuse cascade, arbore une robe jaune intense. On ne peut le rater tant il resplendit.
A Wespelaar, le Stewartia, c’est sacré. La collection y est exceptionnelle. Originaire d’Amérique ou d’Asie, de la famille des Théacées comme le Camellia, il pousse lentement pour devenir à l’âge adulte un élégant arbuste ou petit arbre. Idéal pour les jardins d’aujourd’hui, il reste rare car difficile à multiplier. Cela dit, il cumule les qualités : une belle écorce aux taches irrégulières rougeâtres rappelant celles de certains Eucalyptus, des fleurs simples, blanches aux étamines dorées, des couleurs d’automne incandescentes variant du rouge au pourpre. S. p. ‘Harold Hillier’, du nom du fondateur du célèbre arboretum dans le Hampshire, est une magnifique obtention de l’Arboretum et certainement une de ses stars.
De la famille des Juglandacées, cousin nord-américain du noyer, il ressemble de loin à un frêne. Son embrasement automnal est incroyable tant il mêle les ors aux orangés. Plus élégant et plus léger que Carya ovata, – ses folioles étant plus petites -, il faut absolument le planter très jeune et éviter de le déménager pour permettre le développement de sa racine pivotante.
Quand on sait que cette sélection d’ « arbre aux perruques » à la floraison plumeuse est une hybridation entre le fameux C. ‘Grace’ et C. obovatus, le plus grand du genre, le résultat ne peut être qu’exceptionnel. Depuis C. coggygria ‘Royal Purple’ au feuillage pourpre tristounet, peuplant pendant un temps la plupart des jardins, l’eau a bien coulé sous les ponts. Les ‘Flame’ et autres ‘Grace’ aux grandes feuilles cuivrées devenant orange vif ont bien vite fait de supplanter les autres. Celui-ci fait partie du top 10.
Difficile à placer dans une catégorie, c’est un arbuste ou un petit arbre peu connu mais bien sympathique, d’environ 6 m de haut et de large, poussant dans les milieux ombragés. Sa feuille généralement trilobée est originale et facile à reconnaître ; en automne elle se pare d’or. Comme le Stewartia, il mérite d’être plus planté car vraiment parfait pour les petits jardins.
Il a l’allure d’un Nyssa mais en plus menu. Cet arbuste originaire de Chine et du Japon, d’environ 4 m de haut, au port évasé, est beau toute l’année. Appelé d’abord Sapium et planté autrefois pour la production de savons et de graisses, il est classé aujourd’hui sous le nom curieux et compliqué de Neoshirakia japonica. A l’automne, sur la même branche, les feuilles passent du vert au rouge sang, avec mille nuances mordorées entre les deux. Attention, le kaléidoscope n’est pas toujours là ; d’où l’intérêt de le choisir au bon moment pour éviter les déceptions. A l’ombre, il se colore de jaune.
A Wespelaar, plus de 150 plantes menacées d’extinction sont étiquetées en rouge. Franklinia alatamaha originaire des Etats-Unis, éteint à l’état naturel, fait partie de cette triste liste. Cousin du Camellia, d’une hauteur de 5 m, il a la réputation de ne pas être très facile à cultiver, exigeant une situation abritée et un sol acide. Bien acclimaté, il fait pourtant merveille. Sa floraison blanche éclot délicatement en octobre en même temps que le feuillage s’embrase. Un duo étonnant.
Impossible de ne pas tirer le portrait du Pseudolarix amabilis, le faux mélèze ou mélèze doré de Chine. S’il ressemble au mélèze commun, il n’en n’est pas un. Assez rare, ses aiguilles vert foncé sont beaucoup plus grandes et épaisses. Elles prennent à la fin de l’été, des teintes jaune beurre roux pendant une assez longue période. De croissance lente, 15m de haut chez nous mais 40 m en Chine, il offre une silhouette majestueuse largement conique et de longues branches horizontales.
Oui, vous l’avez compris, c’est toujours une joie et un privilège de visiter ce lieu magique !
Fondation Arboretum Wespelaar, Grote Baan 63 à 3150 Haacht-Wespelaar : ouvert tous les mercredis et dimanches de 10 à 17h jusqu’au 13 novembre ; www.arboretumwespelaar.be
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