La floraison du magnolia participe parfois au rituel de certaines familles. Les fleurs en forme de tulipe rose pâle s’ouvrent tout doucement et la fête peut commencer. Nous avons tous en nous une image tantôt émouvante, tantôt éphémère d’un magnolia en majesté.

Mathusalem
Le magnolia, un modèle de longévité, appartient à l’une des plus anciennes familles de plantes à fleurs. Déjà à l’ère tertiaire, il vivait parmi nous. Sans souci, il a franchi allègrement les millénaires. Et cela ne semble pas fini. A force d’hybridation et de sélection, l’homme a pu adapter cette plante venue d’un autre âge aux exigences de la vie moderne. Dédié au médecin botaniste français Pierre Magnol (1638-1715), le plus gros contingent d’espèces et variétés vient des régions tempérées et subtropicales d’Asie, – Chine, Japon, Corée, Vietnam, Népal – et des États-Unis. Aujourd’hui, à chaque printemps, nous découvrons des nouvelles stars.
Carte d’identité
Considérés comme des arbustes avant de devenir après 15 ans des petits arbres, la plupart exhibent un port majestueux assez large. Rustiques et robustes, ils détestent les sols secs et préfèrent les terres argileuses, profondes, fraiches et drainées, riches en humus, à tendance acide. Toutefois certains supportent le calcaire comme M. stellata, M. kobus et M. x loebneri.

Leur généreuse débauche florale parfumée est particulièrement bien mise en valeur sur les rameaux dépourvus de feuilles. Les magnolias ne fleurissent pas tous au même âge, il faut parfois attendre une quinzaine d’années pour s’émerveiller devant M. campbellii. Ni à la même période. La plupart ont une floraison printanière mais certains attendent l’été, – tel le mythique Magnolia grandiflora au feuillage persistant -, pour ouvrir leurs immenses fleurs blanches à odeur acidulée.



Ils ont souvent la fâcheuse réputation d’être frileux. C’est vrai qu’ils craignent les courants d’air frais et les brusques amplitudes de température. Évitez donc de les planter à l’est, au soleil levant car les gelées printanières pourraient abîmer les fleurs vulnérables des espèces précoces. Si la plante n’est pas suffisamment abritée, il est plus prudent d’adopter des variétés tardives.
Fruit de M. dawsoniana
Diversité
Un magnolia n’est pas l’autre. Tantôt court sur pied comme M. stellata de 3m de haut, tantôt géant tel M. acuminata de 25 m. Les formes et les couleurs des fleurs varient. Elles ressemblent à des tulipes, à des lis, à des étoiles ou bien elles retombent et s’ouvrent vers le bas. Les teintes sont nuancées du blanc au rose plus ou moins vif avec des pointes de violacé. Parfois, elles sont étonnamment jaunes ou bicolores. Pour éviter les déconvenues, choisissez-le quand il est en fleurs. Mieux vaut planter des jeunes sujets car les grands ne reprennent pas toujours et prendre ceux qui sont en motte ou conteneur car les racines fragiles redoutent le froid. Les sélections récentes proposent des plantes de plus en plus compactes fleurissant rapidement et longtemps. Voici quelques propositions pour égayer le printemps de vos jardins.
M. tripetala M. obovata M. sieboldii
Magnolia x soulangeana (ou soulangiana)
Issu d’une hybridation, il reste un grand classique, le porte-drapeau du genre. Appelé souvent erronément l’arbre aux tulipes, – celui-là est le tulipier Liriodendron tulipifera à floraison estivale vert nuancé de jaune pâle -, il pousse à peu près partout. De 4 à 6 m de hauteur, parfois 7 à 10 m pour les vieux sujets, il a besoin de place tant son port est étalé. Ses grandes fleurs cupuliformes, en gobelet dressé, parfumées, généralement rose pâle et blanc crème illuminent le jardin dès la fin mars, début avril. La variété ‘Lennei’ est certainement la plus populaire.
M. x s. ‘Brozzonii’
M. stellata
A croissance lente, – environ 3/5m -, parfait pour les petits jardins ou les bacs sur les terrasses, le magnolia étoilé est l’un des premiers à fleurir, fin mars, début avril. De nombreux pétales enrubannés apparaissent après s’être dégagés de charmants bourgeons veloutés gris argenté assez décoratifs. Son port trapu et tortueux lui donne un look japonisant.
M. s. ‘Gold Star’
M. liliiflora
Celui-ci, – 2,5m de haut sur 3/4m de large -, tolère les zones ombragées et fleurit tardivement à la fin du printemps. La sélection la plus connue et la plus rustique s’appelle ‘Nigra’ dont les boutons pourpre foncé cachent des fleurs de lis rouge violacé. La floraison assez longue est toujours au rendez-vous car les risques de gelées sont passés. Attention, elle est parfois étiquetée sous M. x soulangeana ‘Nigra’.
M. x loebneri
Les magnolias de ce groupe créés par l’allemand Loebner entrouvrent leurs fleurs 1 à 2 semaine après M. stellata, un de leurs parents. Deux sélections sortent du lot. ‘Leonard Messel’, un buisson (4 x 2,5m) au port dressé, peut-être le plus joli des magnolias -, exhibe des boutons rose foncé s’ouvrant en grandes étoiles parfumées rose lilas alors que ‘Merrill’ plus grand est la version à fleurs blanches.
M. ‘Maxine Merrill’ M. loebneri ‘Leonard Messel’
En dehors des sentiers battus
Poussez plus loin la curiosité et allez faire un tour dans les fêtes des plantes. Admirez les fleurs géantes de ‘Star Wars’ au parfum de guerre des étoiles ou au contraire les petites sœurs américaines ‘Betty’, ‘Jane’ ou ‘Susan’, émerveillez-vous devant le jaune franc de ‘Daphné’ ou le jaune pâle de ‘Petit chicon’… bien de chez nous.
M. ‘Susan’ M. ‘Banana Split’ M. ‘Daphne’
M. ‘Daybreak’ M. ‘Green Bee’ M. ‘Vulcan’
M. ‘Genie’ M. ‘Golden Endeavour’ M. ‘Nimbus’