Celui qui admire un cornouiller pour la première fois découvre avec enchantement un arbuste élégant constellé de myriades d’étoiles ou de petits papillons. Un souvenir qui reste généralement gravé dans la mémoire tant le spectacle est saisissant de couleurs et de beauté. Petit arbre, ou grand buisson, – 2 à 4 m de haut et de large, jusqu’à 6 m pour les vieux sujets -, le cornouiller à fleurs n’a pas grand-chose à voir avec les autres membres bien connus de la famille à la floraison plus discrète, tel celui de Sibérie à écorce rouge ou le Cornus mas. Ici pas question de sobriété ni de retenue.
C. kousa ‘China Girl’ C. kousa var. chinensis C. ‘Norman Hadden’
C. kousa ‘Satomi’
Originaires d’Amérique comme les Cornus florida et nuttallii ou d’Asie comme le Cornus kousa, ils ont tout pour plaire. Rares sont les arbustes qui fleurissent avec tant d’abondance, portent des fruits décoratifs, offrent un port étagé et une silhouette remarquable en adoptant souvent, cerise sur le gâteau, de superbes couleurs d’automne. Peu encombrant, ne demandant ni taille ni soins spécifiques, ils ont vraiment leur place au jardin. Chaque année de nouvelles hybridations et sélections suscitent d’ailleurs l’engouement des pépiniéristes et des jardiniers.
Cornus kousa ‘Nicole’
C. ‘Eddie’s White Wonder’
C. ‘White Pagoda’
Drôles de fleurs
Botaniquement parlant, il ne s’agit pas de fleurs mais de bractées, 4 à 6 feuilles ovales, longues et pointues, bien plus coriaces que des pétales ordinaires. Elles protègent du gel les boutons et les vraies fleurs regroupées en une minuscule boule au centre des bractées. Ces fausses fleurs d’abord vertes puis colorées de crème et à un stade plus tardif, striées de rosé ou parfois de rouge, durent 4 à 5 semaines, bien plus longtemps que les vraies. Elles sont tellement denses qu’elles arrivent à recouvrir entièrement l’arbuste et à cacher feuilles et branches. Attention, sachez qu’un sujet greffé fleurit très jeune, après 2 ou 3 ans, ce qui n’est pas toujours le cas d’une plante issue de semis. A bon entendeur…
C. kousa
C. ‘White Pagoda’
Ni soleil, ni sol sec
Dans son pays d’origine le cornouiller à fleurs pousse en lisière de forêt ou en sous-bois clair. La plantation à mi-ombre est donc idéale. En sous étage, en dessous de l’un ou l’autre grand arbre, c’est encore mieux. Il a besoin d’humus, d’argile et d’un sol frais peu ou pas calcaire. Si la terre est humifère, il s’accommode d’un sol neutre. Surtout pas trop sec. C’est la raison pour laquelle il se plait particulièrement sous notre ciel pluvieux et sous une couette de paillis, feuilles mortes ou tontes de gazon, qui garde bien l’humidité du sol. Les racines sont peu envahissantes et assez superficielles. La transplantation est donc aisée. Bon à savoir.
Le plus hâtif
Cornus nuttallii, un cornouiller américain, gros buisson à troncs multiples, impressionne par la grandeur de ses 4 à 7 « fleurs » blanc crème qui s’ouvrent avant ou en même temps que les feuilles. Il est le premier de la bande à fleurir en avril. Le revers de la médaille est qu’il doit être protégé des vents froids et des dernières gelées printanières qui pourraient abîmer boutons et bractées. A cette époque, les saints Mamert, Servais et autre Pancrace sont encore de glace. L’idéal ? Leur dénicher un endroit en ville ou bien abrité des vents, là où la température ne descend pas en dessous de moins 10 degrés. Assez difficile à réussir, il apprécie comme la plupart des américains un sol bien acide conservant l’humidité.
C. nuttallii
L’intermédiaire
C. florida, un autre originaire des Etats-Unis, est le suivant à fleurir. C’est en mai que le show go on. Ce cornouiller supporte le soleil à condition d’avoir un sol frais à ses pieds. Blanches ou roses, les 4 bractées aux pétales relevés sont assez grandes. Les plus populaires sont les variétés à fleurs roses comme C. f. rubra ou ‘Cherokee Chief’ à la floraison plus abondante. Méfiez-vous encore des gelées tardives car les boutons sont déjà présents dès février.
C. florida ‘Royal Red’
C. florida ‘White Cloud’
Le plus tardif
Au rayon des asiatiques, C. kousa, le petit japonais, dépasse rarement 6m de haut. Les 4 bractées plus petites que celles des américains sont blanches, un peu jaunâtres au début puis mouchetées de rose. En juin, elles se moquent des gelées et fleurissent à tous les coups. A la fin de l’été des fruits ronds, rouge framboise apparaissent. Différents cultivars sont intéressants. Une variété à fleurs blanches provenant de Chine, C. k. var chinensis ou C. k. var. chinensis ‘China Girl’ très florifère, aux grandes « fleurs » blanc crème dont les pétales allongés se redressent en fin de floraison. C. k. ‘Satomi’ est un classique. Il reste un de nos préférés pour ses fleurs roses.
C. kousa var. chinensis C. kousa var. chinensis ‘China Girl’
Cornus kousa ‘Satomi’ C. kousa ‘Satomi’
Les panachés
Les feuillages panachés, on aime ou on n’aime pas. Très présents, ils attirent le regard alors que leur floraison se révèle généralement plus discrète. Parmi les cultivars de C. florida et de C. kousa :
– C. florida ‘Rainbow’ – et C. florida ‘Sunset’ aux feuilles largement marginées de jaune et aux fleurs roses,
– C. kousa ‘Snowboy’ au feuillage gris vert finement marginé de blanc et ombré de rose
– C. kousa ‘Gold Star’ aux feuilles vert foncé tachetées de jaune doré au centre virant au rouge marginé de pourpre.
Cornus florida ‘Sunset’
Les hybrides
– C. ‘Eddie’s White Wonder’, (hybride entre C. florida x C. nuttallii), tout immaculé de blanc est fragile mais installé au bon endroit, il est impressionnant.
– C. ‘Stellar Pink’, (hybride de C. florida x C. kousa) a, mi-mai, des grandes fleurs comme celles du C.florida et une rusticité équivalente à celle du C. kousa.
– C. ‘Norman Hadden’, (hybride entre C. kousa x C. capitata) est un des derniers à fleurir, fin juin. Sa floraison crème puis rosée est abondante et sa fructification exceptionnelle. Il a reçu en 1974 un « Award of Merit » de la prestigieuse Royal Horticultural Society.
– C. ‘Venus’, (hybride de C. kousa et C. nuttallii) est un magnifique cultivar assez récent. On le voit partout. Ses très grandes fleurs blanc rosé font craquer les cœurs.
C. ‘Norman Hadden’ C. ‘Eddie’s White Wonder’
C. ‘Norman Hadden’ C. ‘Eddie’s White Wonder’
C. ‘Venus’
Un nouveau venu
Cornus ‘White Pagoda’, une nouvelle sélection à grandes fleurs blanches de Damien Devos vient de sortir. Présenté à la fête de plantes de la Feuillerie à Celles, c’est un petit arbre de 4 à 5 m, au port en forme de pagode, à la floraison dès mi-avril et au feuillage magnifique à l’automne. A découvrir !
Où les trouver ?
Pépinière Le Try, www.letry.be
Pépinière CECE Choteau, www.cece-choteau.com
Pépinière de Fontin, www.pepinieredefontin.be
Pépinière du Vent Val, www.pepiniereduventval.be
Pépinière Damien Devos, www.damiendevos.be