Les érables jaspés

En hiver, les troncs des arbres sont dénudés. Sur certains, on découvre des rayures décoratives et colorées

En ce moment, les écorces des bouleaux, cerisiers d’ornement, saules et érables offrent parfois un joli dégradé de couleurs vives. Leur intensité varie en fonction du climat, de l’exposition au soleil, de l’humidité ambiante ou du type de sol mais aussi en fonction de la saison et de l’âge : le froid accentue les teintes vives alors que le grand âge les estompe. Quelques érables exhibent une écorce originale parcourue de curieuses stries pareilles à des veines.

Acer pensylvanicum ‘Erythrocladum’

Une peau de serpent 

Appelé outre-Manche, snakebark maples, les érables à peau de serpent regroupent plusieurs espèces présentant dès leur plus jeune âge, de grandes rayures verticales sur la totalité du tronc. On les nomme aussi érables « jaspés », car finement rubanés comme du jaspe, cette roche bigarrée à base de quartz.

Appartenant à la famille des Sapindacées (auparavant Acéracées), ils sont tous originaires d’Asie sauf l’A. pensylvanicum provenant, comme son nom l’indique, des Etats-Unis. Ces arbres de petit développement généralement cultivés en cépées, – à plusieurs troncs -, sont particulièrement intéressants pour les jardins d’aujourd’hui. Plusieurs ont obtenule précieux Award of Garden Merit, AGM, octroyé au Royaume Uni par la RHS, Royal Horticultural Society, une vraie référence pour tous les jardiniers. Lorsqu’ils sont plantés seuls, tels des arbres de position, ils ont une silhouette élégante et graphique. Rustiques, présentant une bonne résistance aux maladies, ils acceptent la plupart des sols sauf ceux qui sont trop calcaires. Mais attention à l’exposition : au nord, l’écorce jaspée garde bien son veinage caractéristique alors que plein sud, elle est parfois sensible aux brûlures de soleil.

Les fleurs printanières ne sont pas leurs premiers atouts. De couleur jaune, en forme de grappes pendantes, elles sont généralement suivies par des petits fruits, les samares. Quant aux feuilles simples, entières ou découpées, elles peuvent selon les différentes espèces et variétés, prendre quelques très belles couleurs d’automne.

Acer davidii

Découvert en Chine et nommé en l’honneur du père Armand David, missionnaire français et botaniste à ses heures, il est introduit en France en 1879 et depuis, largement répandu. Son écorce serpentine remarquable est à la fois verte, brune et gris pâle. 2 sous-espèces et beaucoup de cultivars sont appréciés des amateurs.

  • ‘Ernest Wilson’, provenant du Jardin botanique d’Edimbourg, est assez compact, 3 à 4 m de haut ;
  • George Forrest’, 6 à 8 m de haut, présente une écorce violacée striée de blanc ;
  • ‘Serpentine’, une sélection hollandaise de Boskoop de 3 m de haut, a également une écorce verte à rouge foncé, rayée de blanc. Son feuillage vert olive est petit et particulièrement élégant ;
  • ‘Viper’ ressemble à ‘Serpentine’ ; souvent on confond ces 2 variétés ;
  • ‘Rosalie’, une autre variété hollandaise sélectionnée chez Esveld en 1985 est considérée comme une des plus belles. Son feuillage pourpre orangé au début du printemps, prend des nuances de vert, avant de virer au vert émeraude et au vert-jaune.
A. p. ‘Erythrocladum’

Acer pensylvaticum

Ce cousin américain, introduit en Europe dès la moitié du XVIIIème siècle, est appelé dans son pays d’origine, striped maple ou érable zébré. Petit arbre de 10 m de haut, son écorce verte striée de blanc prend sous le soleil des teintes rougeâtres. A l’automne, les feuilles se colorent de jaune avant de tomber. Le cultivar ‘Erythrocladum’, plus menu, 5 m de haut, le surpasse avec ses jeunes rameaux à l’écorce hivernale rouge saumon.

A. r. ‘Great Star’

Acer capillipes et Acer rufinerve

Tous les deux sont originaires du Japon. Le premier, introduit en Europe en 1892, présente sur les jeunes branches, des rayures blanches sur fond vert parfois teinté de rouge. On l’appelle communément l’érable jaspé de rouge pour son allure générale mais aussi pour un détail : ses pétioles, nervures de feuilles et paires de samares sont également rougeoyantes. Grand arbuste, de 6 à 8 m, il se pare de carmin, rouge foncé ou orangé à l’automne.

Le deuxième, A. rufinerve, a des traits communs avec A. pensylvanicum et A. capillipes mais son écorce, tout comme ses jeunes pousses et bourgeons sont plus gris, d’où son surnom d’érable jaspé de gris.

D’autres sélections remarquables

  • A. ‘White Tigress’ (syn. d’A. tegmentosum ‘White Tigress’) est une belle sélection américaine des années 90, au tronc vraiment très blanc. D’une hauteur de 6 m à l’âge adulte, son écorce verte est striée de blanc argenté.
  • A. x conspicuum regroupe une série d’hybrides issus du croisement de A. davidii et A. pensylvanicum
    • ’Phoenix’, 6 m de haut, a une écorce orange, striée de jaune et de blanc qui vire étonnamment au rose-rouge presque fluo en hiver ;
    • ‘Silver Vein’, des Pépinières Hillier en 1961, est réputé pour une écorce particulièrement remarquable, violacée finement rainurée de rose, de blanc, bleu et violet avec des pétioles rose vif et un feuillage jaune à l’automne. Il atteint 8 m de haut à maturité.
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