Le jardin a encore de beaux jours devant lui. Il tire sa révérence avec panache et générosité. Les frissons de l’hiver sont encore loin. A cette saison, les tonalités chaudes priment. Les verts s’estompent laissant s’enflammer les tons d’or, de cuivre et de pourpre. La gamme chromatique se répartit du jaune au rouge. Les couleurs captent le regard sur une composition particulière, renforcent le tracé du jardin, le tout sous une lumière plus rasante. Ce beau spectacle n’est pas toujours garanti.

L’alchimie
La mystérieuse alchimie des couleurs d’automne dépend des conditions atmosphériques, des alternances de pluie et de sécheresse, des coups de froid et des chaleurs. Les plantes y réagissent toutes différemment et composent dès lors des tableaux imprévisibles, plus ou moins durables, époustouflants voire détonants. Un véritable suspense qui fait le charme du moment ! Même si notre climat n’est pas le mieux adapté à l’embrasement automnal et si les couleurs chaudes sont souvent plus marquées dans les sols acides, on peut obtenir des scènes flamboyantes grâce à des arbres et arbustes venus de contrées où ce spectacle est habituel, comme le Canada, l’est des États-Unis, la Chine et le Japon. Les érables mènent le bal. Indispensables dans la palette du jardinier, ils ont leur place dans chaque jardin. En isolé l’érable japonais a fière allure, quant à l’érable champêtre il est le champion des haies et des brise-vent. C’est le moment de les planter.

Une grande famille
La grande famille des érables peuple aussi bien l’Europe, l’Asie et l’Amérique du nord. Ils vivent dans des conditions et sous des climats très divers. On en recense 150 espèces sans compter un nombre stupéfiant de cultivars de grande valeur toujours de plus en plus nombreux. Petits ou grands, ils déclinent toutes les formes de l’arbre. Il est alors souvent difficile pour l’amateur de choisir l’idéal. Jeter son dévolu sur une espèce ou une variété magnifique sans savoir si elle se plaira chez soi, et voilà vite le temps des déconvenues. Avant tout, sachez donc que certains sont au rendez-vous pour leurs feuilles flamboyantes à l’automne, d’autres pour leurs écorces élégantes en hiver et d’autres encore pour leurs jeunes pousses surprenantes au printemps.
La taille de l’érable peut varier grandement. Prévoyez la place disponible et surtout réfléchissez à ce qu’il deviendra à l’âge adulte. Inutile de planter dans un petit jardin de ville, un érable sycomore, Acer pseudoplatanus, au dôme parfois immense pouvant atteindre plus de 30m de haut. Un arbre de cette ampleur ne peut pas être déplacé à volonté, au gré des envies comme un joli petit géranium, il doit être adopté de manière durable. Penser qu’il peut toujours être taillé n’est pas une bonne idée. Certains arbres ne le supportent pas, les coupes sont souvent des portes d’entrée aux maladies tel le Verticillium, ce champignon cause principale des dégâts sur les érables. Et puis, cela donne toujours plus de travail au jardinier qui lui, ne fait que prendre de l’âge.
Attention au sol
Le meilleur sol pour un érable est un sol acide ou neutre. Indispensable pour les petits japonais. Pour les autres, il y a des exceptions. L’érable champêtre, par exemple, accepte aussi les terres calcaires. Les grands formats comme les érables planes, A. platanoides et sycomores, A.pseudoplatanus, ne sont guère difficiles et s’accommodent de n’importe quel sol. Tout comme l’Acer negundo dont on aperçoit souvent le cultivar ‘Flamingo’ au feuillage nuancé de blanc et de rose et les américains tels A. saccharum l’érable à sucre emblème du Canada, saccharinum, l’érable américain argenté et rubrum, l’érable rouge, tolérants au sec et au calcaire.
N’oubliez pas les besoins d’humidité et de fraicheur au pied de l’érable. Mais pas d’humidité stagnante. Sachez qu’il déteste les climats chauds et les périodes de sécheresse surtout lorsque les conditions de culture ne sont pas optimales. Le climat très froid ne lui convient pas, il est donc utile de poser la question de la rusticité au moment d’adopter une espèce ou un cultivar.
Couleurs
A l’automne, les couleurs des feuilles des érables sont toujours surprenantes.Particulièrement exceptionnelles chez les petits asiatiques à la ramure architecturée, les A. palmatum ou japonicum et les grands nord-américains, A. rubrum, saccharum.
Acer palmatum

Au printemps, quelques spécimens se font remarquer au débourrage de leurs jeunes feuilles, carrément roses chez A. pseudoplatanus ‘Brillantissimum’, un sycomore de petite taille, environ 5m, appelé l’érable crevette dont la couronne passe successivement du rose au pourpre en passant par le jaune et le vert tendre.
En hiver, l’écorce est un élément unique. L’érable gris, Acer griseum, est admirable à contre-jour. Son écorce brun rouge voire orangé cannelle perd de véritables lambeaux d’écorce lorsqu’il desquame. Ceux à peau de serpent sont particulièrement élégants. Les érables jaspés à l’écorce striée de vert et de blanc d’Acer davidii, capillipes et pennsylvanicum, et parfois de rouge et de blanc de certains cultivars. Sans oublier l’Acer palmatum ‘Sango-kaku’ dit aussi ‘Senkaki’ aux magnifiques rameaux rouges.
Acer griseum

Quelques champions de l’automne
A.cappadocicum, jaune brillant
Acer capillipes : orange et rouge
A. rubrum ‘Schlesingeri’, ‘Oktober Glory’ et ‘Red Sunset’ rouge vif
Acer rubrum ‘Schlesingeri’
A.triflorum: rouge vif
Acer japonicum ‘Aconitifolium’, rouge vif
Acer palmatum ‘Osakazuki’ l’incontesté rouge écarlate; ‘Autumn Fire’, rouge; ‘Nicholsonii’ jaune à rouge; ‘Seiryu’, or à rouge; ‘Korean Gem’, jaune à orange
Acer palmatum ‘Osakasuki’ change doucement de couleur
et encore des tas d’autres à découvrir en robe d’automne lors des fêtes de jardin et dans les pépinières spécialisées.
Pépinières spécialisées
- Pépinière CECE, Choteau: www.cece-choteau.com
- Pépinière de Fontin: www.pepinieredefontin.be
- Pépinière du Vent Val : www.pepiniereduventval.be
- Pépinière Damien Devos : www.damiendevos.be
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