L’homme qui plantait des arbres

Jean Giono a écrit cette nouvelle pour « faire aimer à planter des arbres » Même dans un petit jardin, il est permis de se reposer auprès de son arbre
Dans le magnifique jardin de Madame Derom à Gand, Pyrus calleryana 'Chanticleer'

L’arbre est bien souvent la pièce maîtresse du jardin. Les espaces actuels n’étant plus aussi grands qu’auparavant, il est essentiel de bien le choisir pour éviter plus tard certaines déconvenues. Au moment de le planter, il est parfois difficile de se le représenter à taille adulte et les étiquettes sont parfois trompeuses. Raison pour laquelle certains jardinets de ville étouffent sous les frondaisons d’un magnifique Liquidambar ou sont enfermés à l’ombre d’une épaisse haie de  thuyas.

Si vous ne deviez planter qu’un seul  et unique arbre, quels critères adopter ? Tout d’abord, sa silhouette générale en fonction de la hauteur et de l’étalement, puis l’époque de floraison, l’apparition éventuelle de fruits, la densité et la forme du feuillage, le système racinaire pas trop développé, la couleur de l’écorce. Et pourquoi ne pas essayer de conjuguer plusieurs intérêts à différentes saisons ?  Sachant que décembre est le mois idéal pour planter, nous voudrions vous proposer quelques bons plans en compagnie notamment des cornouillers, sorbiers, pommiers ou poiriers décoratifs.

L’élégance du cornouiller

Les cornouillers à fleurs, Cornus kousa, florida et nuttallii, possèdent de multiples qualités. Réputés pour leur magnifique floraison printanière de mai, juin, à la beauté si délicate, ils illuminent nos jardins dès la fin de l’été, par les belles couleurs d’automne de leur feuillage et pour certains, par leurs abondants petits fruits rouges au look de framboises. D’une hauteur de  5/7m maximum, pour un étalement de 4/5m, ils ont un enracinement fin et superficiel, préfèrent les sols acides sauf le premier qui reste le plus accommodant des trois. Cornus kousa a l’avantage de ne jamais voir sa floraison avortée car il fleurit après les dernières gelées printanières. Parmi ses nombreuses variétés, il n’est pas facile de choisir. C.k. var. chinensis a une floraison blanche ; ‘Satomi’, rose foncé. C.  ‘Norman Hadden’ est un hybride très vigoureux à la floraison tardive blanche puis rosée et ‘Venus’  exhibe de très grandes fleurs blanches.

L’exotisme du poirier décoratif

Non, il ne s’agit pas d’un olivier qui faute de soleil, de ciel bleu et de sol sec rocailleux ne pourrait pousser chez nous sans souci. Un sosie ? Pyrus salicifolia ‘Pendula’, le poirier à feuilles de saule au port retombant est parfaitement à l’aise chez nous. Assez raide quand il est jeune, plus beau avec l’âge. Souvent greffé en haut d’un tronc à 2m ou 2,5m, ses branches s’assouplissent avant de retomber sur le sol pour former une tonnelle naturelle. On le choisit pour sa silhouette et son feuillage fin, gris au revers blanchâtre plutôt que pour sa floraison et sa fructification assez insignifiantes. Le seul petit défaut est la reprise à la plantation, ses racines peu nombreuses s’enfonçant profondément. Plantez le donc jeune, en motte ou en conteneur dans un sol bien drainé.

Un cousin, Pyrus calleryana ‘Chanticleer’ vaut également le détour. Ce petit arbre de 5/6m de haut, à la croissance rapide, au port conique naturel, presque en colonne, ne prend pas beaucoup de place au jardin d’autant plus qu’il accepte la taille sans problème. Au printemps, il se couvre d’ombelles de fleurs blanches et à l’automne, son feuillage vire tardivement au jaune, rouge.

Les couleurs du pommier décoratif

Un de nos préférés. Avec l’allure d’un simple pommier, bien rustique et ne demandant qu’un minimum d’entretien, d’une hauteur de 3/4m pour un étalement équivalant, il offre une charmante floraison au printemps suivie à l’automne d’une fructification sans égale de toutes petites pommes qui parfois restent sur l’arbre jusqu’au printemps suivant. A vous de choisir la couleur des fleurs, du blanc au rouge en passant par le rose, des feuilles, du vert au bronze et des fruits, du jaune au rouge avec ou sans pointe d’orange.

Certains sortent du lot. Malus ‘Crittenden’ aux pommes bien rouges présentes très longtemps sur l’arbre, M. ‘Evereste’, excellent pollinisateur, réputé pour sa résistance aux maladies et ses fruits orangés striés de rouge, M. transitoria à la silhouette légère, au feuillage délicat et aux adorables minuscules « cerises » jaunes… La floraison de ‘Brandy Wine’ ressemble à de petites roses semi-doubles à doubles, formées en grappes avant l’arrivée de fruits jaunes. Sans oublier ‘Red Jade’, au port pleureur qui lorsqu’il est greffé au ras du sol recouvre délicatement les talus.

La modestie du sorbier

Le sorbier des oiseleurs aux petites baies orange est bien connu de tous. D’autres ont un feuillage élégant et léger, se colorant parfois joliment en automne. Leur floraison printanière en ombelles blanches, parfois roses est suivie de petits fruits orange, blancs ou roses selon les cultivars, persistants plus ou moins longtemps sur l’arbre en hiver. Sorbus koehneana, 3m de haut maximum exhibe des fruits blancs suspendus à de fines tiges rouges qui contrastent à ravir avec un magnifique feuillage d’automne rouge vif ; Sorbus hupehensis ‘November Pink’, 5/6 m de haut, présente des fruits d’abord beige rosé qui deviennent ensuite rose soutenu contrastant bien avec le feuillage grisé puis doré à l’automne ; Sorbus vilmorinii, 5m de haut sur 5 de large, au feuillage ressemblant à une fougère virant au bronze puis au rouge pourpre à l’automne, offre une fructification de longue durée passant du rose vif au blanc rosé.

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