Modestie et discrétion de l’aulne

Fin novembre en Wallonie, c’est le tour de la semaine de l’aulne et de la plantation des arbres

Cousin du bouleau, il appartient lui aussi à la Famille des Bétulacées. Une trentaine d’espèces sont connues mais la seule vraiment indigène chez nous et la plus commune en Europe est sans aucun doute, l’aulne noir appelé aussi glutineux, Alnus glutinosa. A ne pas confondre avec d’autres aulnes, le rouge A. rubra ; le blanc A. incana ; le vert A. viridis ou celui de Corse, A. cordata. Omniprésentdans notre paysage et notre histoire, il résonne fréquemment dans nos oreilles : par exemple dans des lieux comme l’abbaye d’Aulne ou les villages d’Olne ou Oneux en province de Liège ou dans certains noms de famille tels les Launay, Delaunoit ou Loneux. Pour les poètes, les mélomanes ou les cinéphiles, un petit clin d’œil au Roi des Aulnes de Goethe repris par Schubert ou à celui de Michel Tournier adapté au cinéma dans les années 90.

Cette année, lors de la semaine de l’arbre, du 22 au 26 novembre, la région wallonne met le focus sur cette essence indigène « ordinaire » appartenant à notre patrimoine. Lors du week-end de la Sainte Catherine, les 27 et 28 novembre, se tiendra la traditionnelle distribution de plants au grand public, dans les 60 communes wallonnes sélectionnées. Informez-vous dans votre commune ou à la région pour connaître les différentes animations et savoir où, quand et comment cela se passe : www.environnement.wallonie.be

Champion des zones humides

Indéniablement, l’aulne gagne à être mieux connu. Campagnard, il apprécie les endroits frais et les lieux humides jusqu’500 m d’altitude. Près des rivières, des marécages, dans les sols mouillés voire détrempés ou saturés d’eau. Cela dit, pionnier comme le bouleau, il colonise facilement les zones de friche, ainsi que les sols difficiles ou pauvres.

Les pieds dans l’eau oui, mais la tête à la lumière assurément. En effet, vivant plutôt en solitaire et n’aimant pas la concurrence des autres végétaux, il pousse à découvert sous le soleil tout en laissant passer la lumière. Inutile donc de le planter à l’ombre dans un bois.

Modeste mais utile

Passant souvent inaperçu, on a tendance à n’y prêter que peu d’attention. Pourtant, cet arbre bien rustique et résistant aux maladies a de multiples atouts. Ses racines solides forment une masse bien compacte et profonde. Précieuses, elles servent à stabiliser les rives et les berges et à contrer leur érosion. Elles favorisent l’aération des sols et améliorent leur fertilité grâce à ses nodosités riches en bactéries qui fixent l’azote de l’air. En d’autres mots, on pourrait dire que l’aulne assainit et enrichit la terre comme s’il était un engrais vert au bénéfice des plantations voisines.

La faune n’est pas en reste. Dans ses racines, les truites et autres petits poissons y trouvent un refuge salutaire alors que dans ses branches, les tarins des aulnes aiment dénicher les graines enfouies dans les petits fruits.

Son bois huileux, imperméable à l’eau, presque imputrescible, est utilisé depuis la nuit des temps pour la fabrication traditionnelle de pompes, tuyaux, rigoles, bateaux, pieux, écluses, seaux … Il fournit une chaleur très rapide comme bois de chauffage et on dit de son charbon qu’il donnait autrefois une bonne poudre à canon.

Son look

De taille moyenne, même si dans les meilleures conditions il peut parfois atteindre 20 m de haut à maturité, sa silhouette est pyramidale et ses branches presqu’à l’horizontale. De culture facile, il demande peu d’entretien à part la taille des branches mortes ou mal placées. Il a la réputation de ne pas vivre vieux, – jamais plus de 100 ans -, sauf s’il est régulièrement élagué et entretenu pour former du taillis. Rejetant facilement de la souche, il présente généralement plusieurs troncs.

Sa feuille caduque est foncée, coriace, cordiforme, – certains diront comme une raquette -, au bout arrondi, sans pointe. Glutineuse, au printemps elle est collante, voire visqueuse, couverte d’un enduit gluant, présent également sur les bourgeons.

© SPW

Inutile d’espérer des couleurs d’automne dignes d’un Nyssa sylvatica ou d’un cyprès chauve Taxodium distichum poussant aux mêmes endroits ; néanmoins, il offre une qualité plus discrète : en novembre lorsque surviennent les premières gelées, il est le valeureux dernier à perdre ses feuilles. Pas non plus de floraison éclatante au printemps. Mais, précoce, il est avec le noisetier un des premiers à la préparer. En fin d’hiver, ses bourgeons violacés sont déjà prêts. Sur la même plante, on distingue des chatons minces, soit des fleurs mâles séparées des femelles. Vertes et pendantes, elles sont mâles, pourpres et érigées en petites pointes, elles sont femelles. Elles apparaissent généralement avant le feuillage pour le plus grand plaisir des abeilles.

© SPW

Les fruits ou strobiles, sont des cônes ligneux écailleux de 1 à 3 cm apparaissant dès le mois de septembre. D’abord verts puis bruns presque noirs, ressemblant à une minuscule pomme de pin, ils persistent longtemps sur l’arbre et restent décoratifs. Entre leurs écailles, ils retiennent des petites graines ailées, un véritable régal pour le tarin des aulnes. Celles qui restent sont dispersées lorsque les écailles s’écartent.

Quelques variétés

A. g. ‘Imperialis’ est un petit arbre de 5/6 m, planté pour son élégante silhouette pyramidale impériale et son feuillage découpé comme de la dentelle qui fait penser à une fougère. A. g. ‘Laciniata’, plus rare, est une variété qui a des feuilles également profondément découpées alors que A. g. ‘Aurea’, montre un feuillage jaune doré.

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