Pas si banal que ça notre bouleau

En mars, la sève du bouleau monte. C’est le moment d’évoquer cet arbre familier à la fois pionnier et colonisateur
Au jardin de Littlethorpe

En mars, la sève du bouleau monte. C’est le moment d’évoquer cet arbre familier à la fois pionnier et colonisateur.

Il est vrai qu’il compte pas mal d’attraits. Il se contente d’un sol ordinaire à tendance acide et se plaît à la lumière. A cette grande faculté d’adaptation s’ajoutent une rusticité à toute épreuve, une silhouette légère, une croissance rapide, une écorce presque immaculée, une ramure légère délicatement dorée l’automne venu et des chatons discrets en hiver. Certains estiment qu’on a trop abusé de lui dans le paysage et d’autres s’indignent contre le sort réservé à ces malheureux bouleaux dont on a coupé la tête sous prétexte de débordement. Ils n’ont pas entièrement tort.

Jardin de Cedar Lodge
Dans le jardin de Doddington

En Europe,

On dénombre deux espèces indigènes. Le bouleau verruqueux, Betula pendula et le pubescent, Betula pubescens. Le premier  – contrairement à ce qu’indique son nom latin – n’est pas si pleureur que ça. Ses branches poussent bien vers le haut alors que seulement  ses rameaux retombent. Il est faux de croire qu’on le gardera petit au beau milieu de la pelouse. Il culmine parfois à 30 m. On le reconnait aux losanges noirs, des crevasses profondes marquant l’écorce blanche et s’élargissant en vieillissant et à ses feuilles dentées triangulaires. Solide, il se plaît dans tous les sols même sablonneux et calcaires. La variété B. pendula ‘Youngii’, très populaire, est quant à elle carrément pleureuse. Un véritable parapluie doté de petites feuilles pendantes et greffé en général sur un tronc à 1,80m de haut environ. Betula pubescens a des rameaux duveteux non tombants et une écorce plus lisse, moins blanche et striée horizontalement. Également un grand arbre, 20 m de haut, plus gourmand en eau et qui préfère donc les sols humides.

En Asie,

les bouleaux ont des écorces féériques. Pas nécessairement blanches. Si vous avez de la place, jetez-vous sur ces petites merveilles. En hiver l’effet est magique. L’un des plus connus est le bouleau de l’Himalaya, B. utilis et sa célèbre variété plus blanche que blanche, l’étourdissant B. utilis var. jacquemontii que l’on déniche actuellement assez facilement dans les pépinières. D’autres écorces aux nuances roses, brunes et orangées sont également fascinantes. Celle de B. ermanii , un bouleau japonais, celle du chinois, Betula albo-sinensis et l’écorce de B. costata originaire de Mandchourie, pour ne citer qu’elles.

Le plus grand de la tribu,

B. papyrifera, le bouleau à papier est quant à lui un bouleau américain dont l’écorce blanche se desquame en fines lamelles parfaitement imperméables qui servaient à l’époque à fabriquer les canoës des Indiens. Sans oublier B. nigra, le bouleau noir des marais à l’élégante écorce brune qui s’écaille.

A nous la sève de bouleau

Prêt pour une petite cure de jouvence printanière ? Façon « détox » post hibernation ? Traditionnelle dans les pays du nord de l’Europe, elle draine les toxines et tonifie son homme. La sève est considérée comme un dépuratif doux qui soulage les articulations et reminéralise les tissus. Grâce au calcium, magnésium, phosphore, manganèse et au zinc. Dès le mois de mars, la sève monte dans le tronc et les branches du bouleau. Voilà pourquoi dans les langues slaves, le mot mars évoque le bouleau. On prélève la sève en forant un petit trou de la taille d’un crayon, d’une profondeur de 2/3 cm,  à environ 1m au-dessus du sol. On y enfonce un tuyau ou une goulotte dans lequel elle s’écoule  jusqu’à un réservoir lié ou pendu au tronc. Sur un arbre adulte, on retire facilement près d’un litre par jour. Après la récolte, il suffit de reboucher le trou avec un bouchon de bois. La dose journalière conseillée est d’un verre chaque matin pendant trois semaines. La sève est conservée au réfrigérateur. Pour ceux qui n’ont pas de bouleau, ils trouveront ce précieux liquide dans les magasins biologiques.

ASTUCES

Le système radiculaire du bouleau est assez superficiel. Une terrible pompe à eau qui limite l’installation à ses pieds de différentes plantes compagnes. Certaines acceptent la concurrence. Rhodos, cornouillers mais aussi hellébores, pervenches, bruyères et certains bulbes prêts à passer l’été au sec comme les tulipes botaniques, crocus, Erythronium, jacinthes des bois…

Dans un labyrinthe de houx au Bois de Morval en Normandie

Tronc droit ou cépée c’est selon. Une cépée ne veut pas dire quelques arbres plantés l’un contre l’autre mais un spécimen à plusieurs troncs. Il demande un plus grand dégagement pour s’élargir. Pour obtenir un tronc impeccable, n’hésitez pas à tailler au plus vite les rameaux et branches basses pour éviter les vilaines cicatrices.

Tronc droit et cépée de bouleaux à l’Étang de Launay en Normandie

Utile et polyvalent. Le bois sert à fabriquer des balais, des cannes, des sabots, des ustensiles ménagers. Excellent aussi comme bois à brûler, au pouvoir calorifique élevé.  L’usage thérapeutique des bourgeons, des feuilles et de la sève est reconnu depuis la nuit des temps.

L’écorce est un matériau des plus étonnants. Constituée de nombreuses couches liégeuses très minces,  ce qui lui donne une souplesse remarquable, elle est parchemin, vêtement, ustensile ou outil. Imputrescible et parfaitement étanche, elle couvre les toits et les canoës. Très inflammable, elle permet d’allumer un feu en une, deux, trois.

Le pollen du bouleau transporté par le vent a un potentiel allergisant très élevé dès mars/avril. Le risque allergique est important pour les personnes sensibles car le pollen se disperse facilement dans l’air et dès lors dans les voies respiratoires. Gare au rhume des foins !

LES PLUS

CHATONS

En hiver les chatons mâles sont déjà formés mais ne libèrent le pollen qu’à la sortie des fleurs femelles fin mars, début avril.

LENTICELLE

La lenticelle est une voie d’aération dans l’écorce de l’arbre. Une cicatrice ou ligne horizontale typique de la croissance du bouleau.

B. ermanii

BLANC IMMACULÉ

Pour aider le tronc de votre bouleau à retrouver une blancheur éclatante, enlevez poussière, lichen et mousse à l’aide d’une brosse dure dans un mélange d’eau et de lessive Saint-Marc.

DANS LES BOIS

Dans les bois, le bouleau cherche la lumière et pousse bien droit, toujours plus haut à la recherche du soleil.

FÉMININ

Le bouleau est un arbre féminin dans la tradition européenne. Au XVIe siècle, on écrit d’ailleurs la bouleau.  (Pierre Lieutaghi, La plante compagne, Actes Sud)

BOULAIE

Les bouleaux forment des futaies appelées boulaies ou boulinières ou encore bétulaies.

ÉCORCES

Nous reviendrons aux détails des écorces des différents bouleaux ultérieurement.

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