L’édition d’automne des Journées des plantes de Chantilly a clôturé l’année des fêtes de plantes. Avec elle, son lot de récompenses attribuées par un jury international. Beaucoup de nos compatriotes comme les pépinières Damien Devos, du Vent Val, des deux Caps, s’y sont distingués. Comme d’habitude.
Aussi quelques plantes inhabituelles. Le certificat botanique octroyé à la Pépinière Vert’Tige pour son Brassaiopsis mitis nous a donné l’idée de vous présenter quelques végétaux au feuillage graphique très particulier. Gérard Jean, dans son magnifique livre, L’émouvante beauté des feuillages, (Editions Ulmer 2015, ISBN 978-2841387939), précise à juste titre que : « Le grand atout de la feuille par rapport à la fleur, c’est qu’elle dure au moins six mois, et cela dans le pire des cas ». Jusqu’à douze s’il s’agit de feuillages persistants. Il attire aussi l’attention sur le fait que la feuille exhibe sa beauté tout-à-fait gracieusement, sans raison aucune, alors que les fleurs, elles, le font pour attirer les pollinisateurs. Mystère.
Coup de projecteur sur certaines plantes réputées pour leur feuillage ornemental inhabituel qui ont de quoi séduire le jardinier.
Brassaiopsis, comble de l’élégance
Dans les côtes d’Armor, dans le jardin du Pellinec de Gérard Jean, labellisé « Jardin remarquable » en 2012 par le ministère de la culture et sélectionné 4e jardin préféré des français, nous avons découvert, Brassaiopsis mitis, cet inconnu au bataillon, un vrai trésor d’exotisme, de finesse et d’élégance, « un véritable chef d’œuvre, l’un des plus finement dessinés du monde végétal. »
De la famille des Araliacées, originaire de l’Himalaya, il est introduit en Europe depuis une quinzaine d’années. Rare, car il est assez difficile à multiplier, on le retrouve dans quelques jardins épargnés des grands gels, à l’ombre ou mi ombre, dans un sol frais à humide. En effet, il n’est rustique que jusqu’à -10°. Grand buisson ou petit arbre, il peut atteindre près de 5m de haut. Son tronc épineux impressionnant et ses feuilles caduques, géantes, souples et bizarrement découpées en étoile ne laissent pas indifférents.

Sa majesté le Gunnera
Sans doute connaissez-vous le Gunnera manicata, une des plantes vivaces offrant les plus grandes feuilles, – jusqu’à 2,50 m d’envergure -, que l’on puisse cultiver chez nous. Toujours, il nous étonnera.XXL, il donne au jardin un petit air de Jurassic Park. Ou de jungle tropicale. Sous les feuilles d’une plante adulte, un homme pourrait même se tenir debout. Cette rhubarbe géante originaire d’Amérique du sud présente au bout de tiges solides et hérissées, de larges feuilles à la texture assez rugueuse, en forme de parasol. Pour le réussir chez soi, deux conditions sine qua non. D’abord, prévoir beaucoup de place. Inutile de le coincer au beau milieu d’un parterre. D’ailleurs, il n’aime pas trop la compagnie. Une seule touffe suffit. Ensuite, trouvez-lui un coin assez frais et un sol humide ou carrément mouillé et plantez-le profondément pour augmenter sa résistance. N’oubliez pas de protéger la souche en hiver avec des feuilles mortes et patientez 2, 3 ans pour lui laisser le temps de se développer convenablement.

Ginkgo, l’arbre en or
Appartenant à la famille des Ginkgoaceae, parent proche des conifères, il est appelé l’arbre aux quarante écus. Immense, – il peut atteindre 30 m de haut à taille adulte mais y arrive rarement -, il offre des feuilles caduques inhabituelles, en forme de patte de canard ou d’éventail à l’échancrure caractéristique. Elles virent au jaune beurre à l’automne, d’où son surnom. Etonnant fossile vivant, à la résistance exceptionnelle, il est le seul survivant d’une famille qui poussait dans de nombreuses parties du globe, il y a près de deux cents millions d’années. Quand il a été ramené en Europe, on pensait que l’espèce était éteinte à l’état sauvage. Mais plusieurs vieux spécimens ont été découverts dans la nature en Chine, où il a toujours été cultivé comme arbre aux pagodes. Aujourd’hui, on le rencontre fréquemment dans les parcs et jardins car il pousse dans une gamme de climats très variée.

Fougère bien connue, une plante sans fleur
C’est certainement elle qui nous rappelle que les feuilles sont arrivées sur terre bien avant les fleurs. Ses ancêtres sont effectivement apparus il y a environ 450 millions d’années. Aujourd’hui, on la retrouve partout tant elle peut s’adapter. Dans les forêts tempérées, équatoriales et tropicales, les prairies, les marécages, en haute montagne ou même dans les déserts. La fronde, – mot qui désigne la feuille de la fougère -, est sa caractéristique principale, tout-à-fait à part. Son développement en forme de crosse d’évêque qui se déroule en grandissant est franchement curieux et étrange. Tout comme les spores, – les organes reproducteurs -, sur la face intérieure de certaines frondes dites fertiles. Variable de taille et de forme, les frondes peuvent acquérir des dimensions extraordinaires comme chez la fougère arborescente, Dicksonia antartica, originaire de Tasmanie qui supporte les froids jusqu’à -15°.
Fronde et crosse de fougère arborescente, Dicksonia antartica