Et pourquoi pas un mahonia ?

Son feuillage persistant est son premier atout mais c’est sans compter une floraison ensoleillée toujours bienvenue

A une certaine époque, Mahonia aquifolium était un des piliers de tout jardin qui se respecte. A la fin de l’hiver, il l’illuminait avec ses fleurs parfumées, jaune peps, appréciées des abeilles. Un des grands classiques des ouvrages traitant des jardins fleuris toute l’année. Le hic ? Un feuillage coriace, un peu raide dont le défaut pour certains est d’être aussi piquant ou agressif que celui du houx, comme son nom aquifolium l’indique. Pris en grippe par ses détracteurs, il est petit à petit abandonné par la plupart, jusqu’à l’arrivée il y a quelques années d’un fameux ‘Soft Caress’ qui va renverser la tendance et faire en sorte, qu’à nouveau, on s’intéresse au genre.

‘Soft Caress’

Voici une variété à nulle autre pareille ! Mahonia eurybracteata parfois appelé M. confusa est différent. Fini et oublié le feuillage grossier plus ou moins épineux ; désormais, l’envie vous prend de caresser les feuilles tant elles sont douces, fines, souples et délicates. D’abord admis au rang des curiosités voire des raretés, cet arbuste d’environ 1m50 au port relativement étroit est devenu un must tant il fait l’unanimité. Si pendant quelques temps, on a craint pour sa rusticité, environ – 12°C ; chez nous, il a passé avec succès le test des 5 ans de vie sans souci. Cela dit, au début, nous l’avions protégé des vents froids.                                                                                           

Au-dessus de ce feuillage exceptionnel à la couleur vert olive, persistant et finement découpé, apparaissent dès octobre et encore en ce moment, des petites fleurs en épis parfumés, jaune citron. Elles réveillent la grisaille, surtout à mi-ombre où ce Mahonia aime se développer. Des petites baies noires apparaissent plus tard ; elles font le bonheur des oiseaux. Avec sa silhouette graphique, il est beau toute l’année : certains le comparent à un palmier, une fougère ou un Nandina dont il est le cousin et ceux qui ne l’ont jamais vu le placeraient bien en pots à l’intérieur.

Autre mahonia d’automne

Aux côtés de ‘Soft Caress’ est apparu dans les jardineries, un autre joli mahonia chinois au format plus menu, – environ 1m -, appelé M. nitens. La sélection ‘Cabaret’ pourrait plaire aux jardiniers allergiques aux floraisons jaunes criardes. En effet, les petites grappes terminales orange cuivré en bouton s’épanouissent parfois dès début septembre, dans la gamme jaune pâle orangé. Les fleurs sont suivies de baies décoratives bleuâtres et les feuilles épineuses et persistantes comme les autres espèces se teintent de pourpre en hiver.

Mahonias d’hiver comme des mimosas

Quelques espèces donnent le meilleur d’elles-mêmes au creux de l’hiver. A commencer par le populaire M. x media ‘Charity’ aux élégantes inflorescences jaune vif, dressées et assemblées en rosettes. Ces grappes lumineuses mesurent jusqu’à 20-30 cm et sont composées de minuscules petites campanules arrondies, visitées elles aussi par les abeilles et les bourdons. Leur parfum rappelle un peu celui du muguet, en plus léger. Avec sa longue floraison, de novembre à janvier, parfois février, cet arbuste d’origine japonaise est un champion du genre. Idéal pour les bouquets, il embaume les intérieurs pendant environ 2 semaines. Après les fleurs, des petites baies bleues couvertes de pruine, viennent également régaler les oiseaux. Le feuillage coriace, persistant, en rosettes, présente un bord ondulé presqu’épineux mais on lui pardonne ce côté défensif tant il a d’autres qualités. En hiver, il se teinte de nuances pourprées. Très rustique, il présente un port érigé et peut pousser jusqu’à 3m de haut.

M. japonica ‘Hivernant’, un autre japonais, fleurit au même moment. Moins haut que le précédent, – environ 1,50m de haut -, il exhibe un feuillage persistant et épineux vert sombre veiné de jaune. Les feuilles groupées en couronnes peuvent atteindre 50 cm et lui donnent un petit look des plus exotiques. Au sommet des branches, les panicules jaune pâle dont la base est de couleur prune, sont d’abord érigés puis étalés comme des candélabres. L’abondante floraison parfumée est suivie par l’apparition de baies ovoïdes bleu pourpré, restant assez longtemps sur l’arbuste.

                                                                                                                    

Et pour le début du printemps

Mahonia aquifolium, originaire d’Amérique du Nord, appelé vigne de l’Oregon, certainement le plus classique et le plus commun de la famille, fait son show dès mars, avril avec des fleurs jaunes en grappes plus courtes et compactes. C’est généralement son parfum de miel ou de muguet qui réjouit les sens. Une odeur presqu’écœurante pour certains. Supportant les pires conditions, les sols pauvres, l’ombre sèche, – ce qui est rare -, ou la sécheresse estivale, – une qualité à l’heure actuelle -, il pousse lentement en gros buisson dense, d’environ 1,50 m de haut, un rien dégingandé mais à la silhouette très nette. L’exposition lui est assez indifférente mais il est vrai qu’au soleil, la floraison est plus importante. Ses fruits arrondis bleu violet sont toujours appréciés des oiseaux. En hiver, s’il fait froid, son feuillage vert brillant, persistant, prend des couleurs rougeoyantes. ‘Apollo’ est une sélection plus petite (80 cm) et très florifère, ‘Versicolor’ a un feuillage marginé de jaune et ‘Atropurpurea’, un feuillage très pourpré en hiver.

Quelques raretés

M. napaulensis, une superbe espèce himalayenne

Mode d’emploi

De la famille des Berbéridacées, proche cousin du Berberis avec qui il peut s’hybrider pour donner le x Mahoberberis, il tient son nom de Bernard Mac Mahon (1775-1816), botaniste américain d’origine irlandaise. Introduit en Europe au début du XIXème siècle, il est peu exigeant et facile de culture. Dans tout type de sol, du moment qu’il soit drainant, il apprécie les situations mi- ombragées et ne doit pas nécessairement avoir le premier rôle. Dans une haie ou un massif, ou dans un pot sur une terrasse, il se débrouille tout seul. Le tailler n’est pas vraiment nécessaire sauf s’il faut le rendre plus compact. A noter aussi un petit format qui, avec son feuillage persistant, peut rendre bien des services, M. repens, véritable couvre-sol qui ne dépasse pas les 30 cm de haut.

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