Le fusain d’Europe, Euonymus europaeus, est chez nous comme son nom l’indique une plante indigène. Il habite les bois de feuillus clairsemés et les haies champêtres. Parfaitement rustique, il endure les hivers rigoureux. Arbuste d’environ 2 à 5 m d’envergure, à port conique, ses tiges vertes de section curieusement carrée sont surprenantes. Ce n’est pas pour la beauté de ses fleurs qu’il est reconnu. En mai /juin, verdâtres, elles apparaissent modestes et peu visibles. En revanche les fruits, des petites capsules carrées pendantes, rose vif à rouge s’ouvrent en automne et dévoilent en leur cœur des graines orangées qui contrastent. Raison pour laquelle on les appelle dans le langage vernaculaire, les bonnets d’évêque. Ces baies non comestibles persistent assez longtemps et sont très décoratives. Le merle ne s’y trompe pas, il se régale de ces petites friandises. Des variétés ont été précisément sélectionnées pour l’abondance des fruits. E. e. ‘Red Cascade’ et ‘Pink Cascade’, arbustes au port retombant, presque pleureur, croulent sous les fruits. A condition d’avoir planté plusieurs sujets pour favoriser la pollinisation.
Ce n’est pas tout. Au fil des semaines, le feuillage du fusain vire au rouge en passant par le rose, l’or et le cuivré. Un plus. Tous les sols lui conviennent avec une petite prédilection pour le calcaire. Un peu de soleil et même la mi ombre. Ses racines sont assez superficielles. Vous le rencontrerez dans les campagnes et dans les haies… quand il en existe encore.
Euonymus europaeus
Dans les jardins, on en rencontre d’autres. Des fusains asiatiques parfois moins rustiques qui acceptent les milieux légèrement acides tels E. planipes, sachalinensis et hamiltonianus aux fruits rosés et orangés. Sans oublier Euonymus alatus, le champion des couleurs. Ces petits fruits ne sont pas vraiment magnifiques mais son feuillage automnal passe du rose à l’écarlate avant de choir. Il pourrait même rivaliser avec l’érable japonais le plus délicat. Sa silhouette originale ne dépasse pas 2m de haut et ses branches larges sont disposées en plateaux. En le regardant de près, vous découvrirez des petites ailes sur les tiges carrées. En réalité, des excroissances de liège qui garnissent les tiges comme des ailettes. D’où son nom de fusain ailé. Une version ‘Compactus’ existe pour les petits jardins.
E. hamiltonianus E. hamiltonianus
E. alatus
E. phellomanus E. myrianthus
E. planipes E. planipes
Les feuillages persistants
D’autres fusains ont un feuillage persistant. C’est leur qualité première à défaut de prendre les belles couleurs d’automne de leurs cousins à feuillage caduc. La deuxième étant leur tolérance à l’ombre et à n’importe quel sol du moment qu’il ne soit pas trop sec. Euonymus japonicus est un arbuste au feuillage vernissé vert foncé d’une envergure d’1 à 2m. Son seul souci est de souffrir des gelées. Protégez-le des vents d’est, les plus méchants.
E. japonicus
E. fortunei, sarmenteux et non arbustif rampe ou grimpe sur un support. De 30 cm à 5m de haut. Il rend bien des services en couvrant les talus ou en escaladant les murs grâce à ses petites racines adventives tout au long de la tige. Il se rend indispensable à l’ombre. On le repère en général sous une de ses formes panachées issues de l’hybridation horticole. Leurs tiges sont fines et souples et leurs petites feuilles vertes présentent une touche de jaune chez E. fortunei ‘Emerald Gold’ ou de blanc chez E. f. ‘Emerald Gaiety’. En hiver, légèrement teintées de rose. Les amateurs de bouquet les utilisent sans compter. Surtout en hiver. E. f. ‘Coloratus’ a des feuilles vert foncé rougissant en automne et en hiver par temps froid.
E. fortunei ‘Emerald Gold’ E. fortunei ‘Emerald Gaiety’
Astuces
Attention aux pucerons et chenilles qui pourraient passer à l’attaque des feuillages caducs en sol non calcaire. Les feuilles s’enroulent, les pousses sont recouvertes de ces petits insectes et de leur miellat. Et les fourmis apparaissent alors pour se nourrir. Supprimez les pousses infestées, laissez agir les auxiliaires naturels et pulvérisez au besoin au purin d’ortie bien frais pour éloigner les pucerons.
L’oïdium est le principal ennemi du fusain à feuillage persistant. Des taches poudreuses blanchâtres ne trompent personne. Supprimez les pousses abîmées et donnez préventivement du soufre ou arrosez-les d’une décoction de prêle. Parfois une moisissure brune recouverte d’un feutrage gris, la pourriture grise l’accompagne. Gare aussi aux cochenilles.
A la bonne place. Lorsqu’il a de l’oïdium, dites-vous que votre fusain n’est pas en bonne santé. Changez- le de place. Un peu moins à l’ombre ou dans un sol moins sec. Sans doute est-il aussi trop confiné parmi d’autres plantes. Donnez-lui de l’air et de la lumière. La variété E. f. ‘Dart’s Blanket’ parait être résistante à l’oïdium.
Euonymus grandiflorus d’une hauteur de 4 m environ nous vient de l’Himalaya. Ses feuilles étroites sont élégantes et semi persistantes et ses fruits roses révèlent à maturité des graines noires telles des perles. La variété ‘Red Wine’ est particulièrement jolie. A protéger des grands froids.
E. grandiflorus ‘Red Wine’ E. grandiflorus
LES PLUS
TEINTURE
Autrefois, on tirait des fruits une teinture jaune qui servait à colorer le beurre.
ARILLE
Lorsque le fruit s’ouvre en automne, il dévoile l’arille, sorte d’enveloppe charnue qui contient la graine.
E. planipes
DESSIN
Pour dessiner on utilise le bois de fusain sous forme de charbon friable.
BOUQUET
Les branches chargées de fruits accompagnent les fleurs d’automne dans les bouquets.
TAILLE
La taille des arbustes à feuillage caduc n’est pas nécessaire.
PLANTEZ
Plantez les fusains à l’automne ou au printemps en sol ordinaire bien drainé.
PEPINIERE Damien Devos a réuni une belle collection. Steenbruggestraat 5 à 8570 Anzegem; www.damiendevos.be