Le houx … pas seulement pour Noël

Idéal pour les décos de fin d’année mais aussi un des piliers des jardins
Haie de houx à The Courts dans le Somerset

Complice des fêtes avec ses inséparables compagnons tels gui et sapin, le houx offre des petites baies rouge vermillon qui illuminent couronnes, décors de crèche, de la table ou des cartes de vœux. Au jardin, il reste une valeur sûre, indémodable, une plante idéale pour un débutant. Son feuillage persistant, avec ou sans épines est bien utile ; sa capacité à pousser dans des conditions difficiles notamment à l’ombre et sa résistance aux maladies, au vent, au froid (- 20°C) ou à la pollution le rendent incontournable. Du solide à toute épreuve qui aime relever tous les défis. On peut ne pas aimer ses petits aiguillons … quoique dans une haie défensive, en compagnie de viornes et seringats, il peut faire son effet. Cela dit, de la famille des Aquifoliacées, le genre Ilex compte plus de 500 espèces et plus d’une centaine de cultivars. Plusieurs sont originaires des régions tropicales et n’ont aucun espoir de passer l’hiver chez nous. Encore que, avec le réchauffement climatique, on pourrait tenter quelques acclimatations. D’autres se prêtent au jeu, surtout ceux qui présentent peu d’épines, voire pas du tout.

Un grand classique

On le reconnait facilement à ses feuilles vertes, vernissées, coriaces, piquantes et à ses petites baies rouges, – parfois jaunes, orange, blanches ou noires -, véritables joyaux de l’hiver. Très populaire en Europe, Ilex aquifolium, le plus commun, se retrouve partout dans les jardins grâce ou… à cause des oiseaux friands de leurs fruits, qui sèment les graines dans les haies, mais aussi dans les sous-bois. Appréciant la mi-ombre, voire l’ombre totale, il tolère le soleil. Même s’il est plus à l’aise dans un sol acide, il se contente de toute bonne terre de jardin du moment qu’elle ne soit pas trop calcaire, ni trop sèche. Arbuste ou petit arbre, – parfois 6 à 7m de haut -, il se fait remarquer tout au long de l’année par son feuillage brillant persistant qui reflète la lumière surtout lorsqu’il est panaché de jaune, de blanc ou de crème. I. a. ‘Madame Briot’, I. a.‘Argentea Marginata’, I. a. ‘Golden van Tol’ ou I. a. ‘Golden Queen’ sont de magnifiques cultivars, pas du tout criards.

Au printemps, les fleurs odorantes peu visibles, sources de nectar pour les abeilles ne sont portées que par les pieds femelles. En effet, le houx est une plante dioïque, unisexuée, soit entièrement mâle, soit entièrement femelle. Il est donc nécessaire de planter 2 houx pas trop éloignés, pour la pollinisation et la production de fruits. A noter cependant que certains cultivars comme I. aquifolium ‘Pyramidalis’, ‘Alaska’ ou ’J.C. van Tol’ sont auto fertiles.

En hiver, le houx offre le gîte et le couvert aux oiseaux. Conciliant, vigoureux, il se laisse facilement tailler en haie, colonne, pyramide, boule ou nuages et donne d’excellentes formes topiaires.  Il a l’avantage de ne devoir être taillé qu’une seule fois par an, à la fin de l’été. Petit conseil pour la plantation : le houx n’aimant pas être transplanté, il est judicieux de l’acheter en conteneur pour ne pas déranger les racines et judicieux de ne pas céder à la tentation de choisir un vieux sujet qui aurait plus de difficultés à la reprise.

I. aquifolium ‘Ferox’

Moins piquant

C’est vrai qu’il pique, surtout chez la variété ‘Ferox’ ou quand il est jeune, comme si la nature voulait le protéger d’éventuels prédateurs. Cela dit, I. aquifolium est à la base de la plupart des croisements intéressants effectués par les pépiniéristes qui cherchent une plus grande fructification ou un feuillage moins méchant. Le plus réputé est Ilex ‘J.C. Van Tol’, une variété femelle à la croissance rapide, qui non seulement produit des fruits de manière abondante mais qui présente aussi une silhouette pyramidale aux branches pendantes munies de feuilles vert foncé peu épineuses. Juste des petites épines non acérées au bout des feuilles. Monoïque et auto fertile, il est une aubaine pour les petits jardins où il n’y aurait de place que pour un seul exemplaire.

Ilex x altaclerensis offre des feuilles plus larges, sans aiguillons. La variété femelle ‘Camelliifolia’ dont les feuilles lisses et luisantes ressemblent, comme son nom l’indique, à celles du camélia est particulièrement élégant avec des tiges pourpres et une silhouette presque colonnaire.

Ilex x koehneana ‘Chestnut Leaf’, variété femelle, présente quant à lui, des feuilles longues et dentées ressemblant étrangement à celles du châtaignier. Poussant rapidement, d’une vigueur à toute épreuve, il atteint vite 10 m de haut tout en montrant une silhouette pyramidale légère et harmonieuse.

Pas piquant du tout

Une espèce japonaise fait depuis un certain temps, beaucoup parler d’elle, Ilex crenata, appelée aussi faux buis, – la méprise est fréquente -, aux petites feuilles crénelées, dont la forme naturelle compacte représente selon les variétés, une boule, une colonne ou un couvre-sol. Utilisé généralement dans les terres acides, à la croissance lente, il est devenu une star plantée à toutes les sauces, depuis que le buis est décimé par la pyrale. Cela dit, avec le recul, beaucoup de jardiniers regrettent cette alternative car il n’est pas si facile à faire pousser, n’appréciant ni chaleur, ni sécheresse.

Qui perd ses feuilles…

Ilex verticillata originaire de l’est de l’Amérique du Nord, est moins connu. A l’automne, son feuillage se colore d’or avant de tomber. A l’aise dans les sols humides, il culmine à 2,5m de haut et présente des baies rouges qui persistent longtemps sur les branches.

Ou qui reste petit…

Ilex x meserveae est un groupe d’hybrides de moins d’1m, très utile pour former des haies basses. ‘Little Rascal’, au port arrondi bien compact a une croissance lente, – 80 cm à taille adulte -, et un joli feuillage délicat teinté de pourpre en hiver. D’autres comme ‘Blue Prince’ présentent un feuillage presque bleu en été. Les variétés ‘Goliath’ et ‘Heckenfee’ sont plus imposantes.

Quelques raretés ou inconnus au bataillon

Un jardin dédié aux houx

Partez à la découverte du Conservatoire National d’Ilex créé par Pierre Paris à l’Arboretum des Prés des Culands à Meung sur Loire, entre Blois et Orléans. Un travail de toute une vie, entretenu depuis 2016 par Stephane Chassine ! www.jardinarboretumdilex.com La plupart des raretés ci-dessus ont été photographiées à l’Arboretum.

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