Les feuillages colorient le jardin

Les plantes à feuillage décoratif sont des valeurs sûres. Bien plus présentes que des floraisons fugitives, elles donnent le ton

Au jardin, les fleurs sont synonymes de couleurs. Mais elles n’ont pas le monopole. Les feuilles, les tiges, les troncs, les fruits et même parfois les racines apportent eux aussi une note colorée. Les feuillages, faire-valoir et écrins des floraisons, continuent à nous ravir quand ces dernières sont achevées. Le choix parmi leurs teintes est énorme. Non seulement au rayon des plantes vivaces, mais également à celui des arbustes ou des arbres. Comme le dit si justement Robert Mallet : « La chimie complexe des pigments d’origine végétale, animale ou minérale, a permis une diversité prodigieuse de teintes, demi-teintes, quarts de teintes, que l’on trouve par exemple dans les milliers de tons possibles d’une tapisserie d’Aubusson » (Robert Mallet, L’Optique des jardins, Editions Ulmer 2004). En effet, les nuances sont telles qu’un bleu n’est pas toujours un vrai bleu ou qu’un blanc est plus blanc qu’un simple blanc.

Oui, c’est certain, même sans fleurs, on peut obtenir des effets colorés et pétillants. Ne nous arrêtons donc pas au vert, qui figure la toile de fond. S’il structure le jardin tout en créant une atmosphère de sérénité, il peut être réveillé voire rehaussé par quelques touches bien choisies. Au début du printemps, avant l’apogée de la production de la chlorophylle, chez les jeunes pousses rouge vif du Photinia x fraseri ‘Red Robin’ ou à l’automne, quand cette production s’arrête, chez Euonymus alatus, revêtu de rouge écarlate. Ceci dit, différents feuillages bleus, gris, jaunes et rouges gardent leur couleur pendant de nombreux mois.


Un peu de bleu

Le bleu est une couleur élégante qui se marie aisément aux autres. Elle rafraichit les autres teintes, calme la vue, atténue les contrastes et ajoute une sensation d’espace ou une impression de distance. C’est une couleur sage qui se fond dans le paysage. Bleu foncé ou clair, mauve, violet et gris bleuté forment le nuancier. Les conifères jouent un grand rôle. Par exemple Picea glauca ou encore le cèdre de l’Atlantique, Cedrus atlantica, facilement repérable. Il y a le bleu des lavandes, de quelques Hosta comme Hosta ‘Halcyon’, de Ruta graveolens ‘Jackman’s Blue’, de la famille des choux comme Crambe maritima, des graminées comme Helictotrichon sempervirens, Leymus arenarius ou Festuca glauca. D’autres plantes moins connues sont à épingler tel l’élégant Fothergilla major ‘Blue Mist’ ou le Salix purpurea ‘Nancy Saunders’.

Un rien de gris

Les feuillages argentés ou gris donnent au jardin une note originale et raffinée. La pointe d’élégance qui change tout. Ils mettent les autres teintes en valeur, relèvent spécialement les verts, font chanter les jaunes et renforcent les blancs. Ils modèrent les excès, tempèrent les couleurs vives et reposent l’œil. Ils apportent un peu de lumière à notre ciel gris. Le poirier à feuilles de saule, Pyrus salicifolia ‘Pendula’, n’a pas son pareil pour ressembler à un olivier dans un coin de Méditerranée.

Beaucoup de ces plantes aiment une exposition très ensoleillée. Quelques-unes cependant supportent la mi- ombre. A essayer :

  • Comme arbres : Populus alba, Sorbus aria ‘Lutescens’ ou ‘Majestica’
  • Comme arbustes : Eleagnus angustifolia ‘Quicksilver’, Hippophae rhamnoides
  • Comme vivaces : la famille des armoises, celle des sauges, des santolines, des pulmonaires, les oreilles d’ours ou Stachys, l’herbe à curry appelé Helychrisum italicum, le chardon décoratif Eryngium giganteum, sans oublier le feuillage glauque des Euphorbia characias

Un zeste de jaune

Avec le jaune, – du pâle à l’acidulé -, le coup de soleil est assuré. Il apporte une luminosité exceptionnelle dans les massifs et est précieux pour éclairer les coins ombragés. Il prend toute sa valeur par temps maussade et se mélange assez facilement aux couleurs des fleurs. Toujours une note chaude et éclatante. Contrastant à merveille avec le vert foncé et le pourpre, il attire l’œil. Certains feuillages prennent cette teinte au printemps à l’éclatement des bourgeons et évoluent ensuite vers un vert acidulé alors que d’autres comme le Ginkgo biloba deviennent dorés dès l’automne.

  • Comme arbres : Robinia pseudoacacia ‘Frisia’, Acer shirawasanum ‘Aureum’, Catalpa bignonioides ‘Aurea’, Gleditsia triacanthos ‘Sunburst’ et beaucoup de conifères parmi les Taxus, Thuya, Chamaecyparis ou Juniperus
  • Comme arbustes : Leycesteria formosa ‘Golden Lanterns’, Choysia ternata ‘Sundance’, Philadelphus coronarius ‘Aureus’, Sambucus racemosa ‘Plumosa Aurea’, Physocarpus ‘Dart’s Gold’, Berberis thunbergii ‘Aurea’, Lonicera nitida ‘Baggesen’s Gold’
  • Comme vivaces et graminées : Hakonechloa macra ‘All Gold’, Smyrnium perfolatium, Carex elata ‘Aurea’, Filipendula ulmaria ‘Aurea’, Millium effusum ‘Aureum’

Ou un fifrelin de rouge

Parfois un rien tapageur, trop marqué ou pesant, il n’a pas toujours bonne réputation même si souvent il apporte un peu de peps aux compositions. Il est la couleur fétiche des beaux feuillages de l’automne mais peut être présent dans des nuances écarlates, cramoisies, magenta, ou cerise dès le printemps.

  • Comme arbres : Aesculus x neglecta ‘Erythroblastos’, Cercis canadensis ‘Forest Pansy’
  • Comme arbustes : Berberis thunbergii f. atropurpurea, Sambucus nigra ‘Thundercloud’
  • Comme vivaces et graminées : Imperata cylindrica ‘Red Baron’, Lobelia cardinalis ‘Queen Victoria’

Ceci dit, entre le rouge et le bleu, apparait toute une gamme de pourpre notamment chez les hêtres, Cotinus, Berberis, Physocarpus ou Heuchera pour ne citer qu’eux et, entre le rouge et le blanc, intervient le rose doux des érables ou des heuchères. Nous y reviendrons.

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