Les secrets du camélia

Autant le reconnaître, le camélia est parfois misérable dans nos jardins. Sans doute parce qu’on ne le connait pas bien. Pourtant il vaut la peine qu’on s’y intéresse
Camellia 'Inspiration'

Alexandre Dumas l’a rendu célèbre dans sa « Dame aux camélias ». Guiseppe Verdi s’en est inspiré dans son opéra « La Traviata ». De la famille des Théacées comme le thé, appelé Camellia sinensis, cet arbuste un brin sophistiqué au feuillage persistant et luisant a une floraison qui fait songer à celle du rosier. Il était pratiquement inconnu en Europe avant 1750 lorsque le médecin de la Compagnie hollandaise des Indes Orientales, le docteur Kaempfer – à l’origine de l’Iris kaempferi – en ramena quelques plants de Chine et du Japon. C’est à cette époque que Linné nomma scientifiquement cette plante Camellia en souvenir d’un père jésuite moldave Kamel parti à la recherche du théier. Au XIXe siècle, il est exclusivement cultivé sous serre pour la production de fleurs en hiver. Léopold I en était un fervent amateur et en a collectionné plus de 300 dont plusieurs sont encore abrités aujourd’hui dans les serres de Laeken. Depuis, le camélia a conquis le monde entier.

Culture de Camellia sinensis Jardin de Korakuen à Okayama

On compte environ 250 espèces et près de 40 000 cultivars. A en avoir le tournis ! La plupart fleurissent longuement, souvent plus de trois semaines, à une époque où il y a peu de couleurs au jardin. Quoi de plus précieux. Les fleurs sont simples, semi-doubles ou doubles, en forme d’anémone, de pivoine ou de rose. Elles tiennent bien en vase. Cueillez toujours la fleur sur le point de s’ouvrir. Les boutons fermés, à peine colorés s’épanouiront entièrement dans le vase. Les hybridations spontanées sont plus que fréquentes dans les jardins.      

Quelques-uns nous intéressent. Le Camellia japonica aux fleurs simples ou semi-doubles, bien résistant, est le plus connu et le plus utilisé par les obtenteurs. Le C. japonica ‘Higo’, un croisement avec le C. rusticana a de l’avenir. Ses fleurs simples aux pétales réguliers entourent une impressionnante couronne d’étamines dorées. La pépinière Bambou du Bois en présente une belle sélection. Le C. sasanqua est le premier à fleurir dès l’automne. Ses feuilles et fleurs telles des églantines roses sont plus petites que celles du C. japonica. Sa floraison est parfumée, ce qui ne gâche rien. Outre-manche le pépiniériste J.C. Williams a réussi de fameux croisements à l’origine d’arbustes vigoureux. C. x williamsii ‘Donation’, une vedette des floraisons printanières reste une valeur sûre. Il fleurit d’un rose satiné veiné de rose vif, parfois de manière un peu échevelée et même dans des conditions difficiles. Il présente l’avantage de faner proprement car ses pétales tombent au fur et à mesure. Un critère à ne pas négliger surtout quand on sait que beaucoup de fleurs de camélias pourrissent sur les branches. Très peu poétique.

A savoir

C. japonica ‘Spring Festival’

Si l’on respecte certaines conditions concernant le sol et le climat, la plante est assez facile à vivre. Aujourd’hui les obtenteurs mettent un point d’honneur à dénicher des variétés de plus en plus rustiques et de moins en moins exigeantes quant à la nature du terrain. Adressez-vous à des pépiniéristes éclairés. Cela étant dit, le camélia apprécie généralement un sol frais, riche en humus, bien drainé et acide comme pour le rhododendron ou l’azalée. Il a besoin d’espace pour se développer, environ 1,50 m entre les pieds et exècre le soleil et les courants d’air. Au mieux, offrez-lui une place en sous-bois. En compagnie de fougères, bruyères, hellébores et des Hamamelis, cornouillers, érables et magnolias. A l’aise aussi planté ou palissé le long d’un mur au nord ou à l’ouest. Les changements de température y sont progressifs. Évitez le sud à cause des brûlures du feuillage par le soleil et l’est en raison du soleil levant dangereux en période de gel. Optez pour les spécimens à fleurs simples ou semi-doubles qui résistent mieux au gel que les joufflues. Bien établi en pleine terre, il affrontera des températures basses jusqu’à – 15, – 20 degrés.

Astuces

Protégés à la fin de l’hiver par un voile non tissé vendu dans toutes les jardineries, les boutons floraux du camélia ne souffriront pas. Pour ne pas les endommager, secouez la neige. Les petits trous dans les feuilles survenus après des chutes de grêle ainsi que les pétales brunis par le gel ne sont pas très esthétiques mais n’abîment pas la plante. Souvent, certains camélias complètement gelés repartent du pied.

Paillez. Il est utile de pailler pendant l’été avec de la tonte de gazon, de la paille ou mieux du compost pour garder les racines au frais. A l’automne une bonne litière de feuilles mortes apportera de l’humus. Sachez que les racines sont assez superficielles. Il est possible de les bouturer (d’août à octobre), les greffer (plus difficile) ou de les marcotter (mise de la tige en terre). Pour gagner du temps, utilisez une branche qui porte déjà des boutons floraux.

Parasites. La « suie » ou fumagine est un champignon microscopique qui se développe sur le miellat des pucerons. Elle ralentit la fonction chlorophyllienne. N’hésitez pas à rincer et frotter les feuilles à l’eau additionnée de savon de Marseille. Attention aussi aux cochenilles  souvent présentes en cas de fumagine. Elles collent au revers des feuilles. A noter la rouille due au Sclerotinia Camelliae, un autre champignon du même type que celui qui s’attaque aux rosiers et qui tache prématurément les pétales. Un excès de calcaire, des carences en oligo-éléments ou un mauvais drainage du sol sont eux à l’origine du jaunissement du feuillage.

Camellia jaune. Un camélia aux fleurs d’or, C. chrysantha, a été découvert en Chine, il y a une quarantaine d’années. Extrêmement fragile, il ne supporte ni froid, ni soleil. Depuis, la course au camélia jaune est ouverte. Il y a six ans, les botanistes asiatiques ont trouvé dans le nord du Vietnam, C. phanii ‘Hakoda & Ninh’. A quand les teintes orangées ou saumonées ?

Plus

THÉ

Camellia sinensis, le thé, est cultivé en Chine depuis 5000 ans. Préparé sous forme d’infusion ou mâché, il a fait les heures de gloire des compagnies de navigation aux XVII et XVIIIème siècles.

HUILE

Les graines de C. oleifera sont utilisées par les japonais pour fabriquer une huile parfumée en médecine et cosmétologie.

PEPINIERISTES

Pour trouver de beaux Camellia :

JARDIN DE CAMÉLIAS

C. j. ‘Grand Prix’

Nous avons découvert au domaine provincial Het Leen à Eeklo, une magnifique collection de Camellia installée parmi de beaux arbres et arbustes rares. www.oost-vlaanderden.be

A LIRE

  • Le monde des Camellias de G. Preaulx Carlo, Ed. du Rouergue, 2003, ISBN 978-284156     
  • La beauté des Camellias, Helga & Klaus Urban, Ed. Ulmer 96, ISBN 978-2841380541.
  • Beaucoup d’ouvrages en anglais dont : Camellias.The Gardener’s Encyclopedia de J. Trehane, Ed. Timber Press 2007, ISBN 978-0881928488

ASSOCIATION

L’International Camellia Society, ICS, regroupe les passionnés du genre dans le monde entier. Il existe plusieurs antennes régionales dont une qui concerne le Benelux. www.camellia-ics.org

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