Inutile de chercher la différence entre un rhodo et une azalée, deux Ericacées. C’est une histoire de nombre d’étamines qui n’enchante que les botanistes. Retenons qu’aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, tout est simplifié : l’azalée est classée parmi les rhododendrons. Ceci dit, entrer dans le monde des rhododendrons est une réelle aventure. Poussez la porte de la pépinière des Wauthier ou surfez sur leur magnifique site : www.rhododendronwauthier.be. Vous y apprendrez qu’ils sont classés en fonction de leur taille, du nain, mi-nain, à développement modéré ou grand, qu’il existe des botaniques, des azalées à feuillage caduc ou persistant, des plantes parfumées et j’en passe. Et qu’ils fleurissent chez nous, sauf exceptions, de mi- mars à mi-août. Une vraie mine d’or.


Après ses études d’horticulture, Serge Wauthier a fait ses classes chez Stanford gardens à Braine-L’Alleud. C’est là qu’il est devenu complètement accroc. Depuis, cette fièvre verte ne l’a plus quittée. Aujourd’hui, il présente une sélection de végétaux choisis pour leur beauté – hors mode – et leur résistance. Les variétés anglaises l’intéressent mais il ne retient que celles qui voudront bien s’acclimater chez nous. Il aime attirer l’attention du visiteur sur la nature de son sol et l’orientation de son jardin. En fonction de ces deux éléments, il conseille l’un ou l’autre. Un sol trop humide provoque la pourriture des racines ou des maladies comme le phytophtora ou l’armillaire. Ne pas confondre sol humide et sol frais. Et ne plus véhiculer l’idée que le rhodo ne fonctionne que dans l’ombre.
S’il fallait n’en citer qu’un ? Question piège. Serge Wauthier prend le risque de répondre. Sans doute R. makinoi, un rhodo botanique au feuillage étroit recouvert d’un duvet sur le revers qui fleurit rose pâle. Ceci dit, dans le rayon des résistants, R. catawbiense tient une belle place et se révèle dans nos jardins plus costaud que R. ponticum le classique des classiques. Il y a aussi le célèbre cultivar ‘Cunningham’s White’ à grand développement, aux fleurs blanches maculées de jaune-brun et ‘Nova Zembla’ rouge foncé qui se débrouillent tout seuls. Ils ne sont par exemple jamais arrosés dans sa parcelle de production. Sans oublier le R. williamsianum aux jolies petites feuilles rondes et le R. yakushimanum, au développement moyen et compact et aux jolies fleurs blanc-rosé qui restent des valeurs sûres. On reconnaît ce dernier rhodo, à l’origine de tant d’hybridations, à la pruine blanche qui recouvre le dessus de ses jeunes feuilles. Une protection du végétal contre les rayons du soleil. La nature est bien faite. Tous ceux qui ont eu la chance de visiter le jardin de la Princesse Sturdza en Normandie se rappelleront qu’elle donnait un coup de binette à qui osait toucher la feuille.
R. makinoi ‘Fuju-kaku-no-matsu’ R. ‘Cunningham’s White’
R. williamsianum R. catawbiense
R. yakushimanum x lanatum
EN PRATIQUE
Le rhododendron vit dans les sols acides. Inutile de l’imposer à un sol calcaire. Il y a tant d’autres végétaux intéressants. L’ajout de terre de bruyère ou de tourbe blonde est un remède efficace dans tout type de sol. Argile, sable ou schiste. Mais pas n’importe quelle terre ou tourbe. Evitez le bon marché ! Pour un euro, il n’y a rien de bien dans le sac.
Le trou de plantation doit être plus large que profond étant donné que les racines se développent en surface. La motte ne doit pas être enterrée trop profondément. Un paillis protège de la sécheresse et maintient le sol frais. Ecorces ou aiguilles de pin bien acides, des tontes de gazon ou tout ce qui vous passe entre les mains. Attention aux coups de bêche qui pourraient abîmer les racines. L’engrais n’est pas au programme. En effet, le rhododendron se débrouille tout seul. Au cas où il a besoin d’un petit coup de pouce, donnez-le début avril et début juillet. Un engrais de type NPK 12/12/17, composition à repérer sur les emballages. Si vous avez le temps, enlevez les fleurs fanées afin que la plante ne s’épuise pas.
ASTUCES
Les feuilles. Peut-être aurez-vous déjà aperçu les grandes feuilles de R. rex un peu tristounettes ou celles encore plus immenses de R. grande ou sinogrande ? Un petit côté « Jurassik Park » qui pourrait faire peur. En revanche, certains ont des feuilles très délicates. Etroites comme celles du R. ‘Graziella’, arrondies comme celles du R. williamsianum ou étonnamment effilées comme celles de la « spider azalea », R. macrosepalum (ou stenopetalum) ‘Linearifolium’.
R. sinogrande R. ‘Graziella’ R. rex
R. ‘Highdown Velvet’ R. ponticum ssp. imbricatum
Cicadelle. La cicadelle est un petit insecte blanc-verdâtre au comportement de sauterelle qui s’active le soir ou tôt le matin. Elle jette son dévolu sur les R. ponticum et caucasicum. C’est à la mi-juin qu’elle virevolte. Vous l’apercevrez en secouant les branches. Sa signature ? Des boutons floraux noirs résultats de l’attaque d’un champignon. Enlevez-les et brûlez-les. Si vous êtes envahi, pulvérisez un insecticide juste après la floraison lorsque l’insecte est encore à l’état de larve.
R. ponticum R. ponticum
Taille. En principe, aucune taille n’est nécessaire. Laissez pousser naturellement vos pensionnaires. Vous serez éblouis par leurs vieux troncs sinueux. Si pour l’une ou l’autre raison, vous devez les tailler alors faites-le juste après la floraison au-dessus d’un bourgeon. Pas trop bas car il reperce difficilement sur le vieux bois. En Allemagne, on ose couper les R. ‘Cunningham’s White’ et les R.Catawbiense au taille haie électrique. Chocking ! En revanche, les azalées japonaises au feuillage persistant peuvent se tailler sans encombre. En nuages ou en vagues comme au Japon.
Parfum. Certains rhododendrons à grand développement sont parfumés mais c’est surtout l’apanage des azalées à feuillage caduc. Notez ‘Snowbird’ au doux parfum d’oranger ou atlanticum, blanc rosé. Sachez que les floraisons rouges sont peu parfumées. Les azalées caduques ont une autre corde à leur arc. Un feuillage flamboyant à l’automne. Serge Wauthier épingle notamment la variété ‘Jolie Madame’.
Coin du collectionneur. Serge Wauthier apprécie le R. roxieanum au joli feuillage et dont les fleurs blanches ont un cœur rouge ainsi que R. bureavii dont le revers du feuillage exhibe un feutre couleur rouille orangé. Il rêve de multiplier le vrai R. barbatum qui disparait à l’état sauvage. Celui que l’on trouve dans le commerce ne serait pas l’authentique.
R. roxieanum R. bureavii
PLUS
INFOS PRATIQUES

Rhododendrons et azalées Serge Wauthier. Rue de Villers 36 à 1490 Court-Saint-Etienne. www.rhododendronwauthier.be
OBTENTIONS MAISON
Le rhododendron ‘Sylvie’ à la floraison rose tendre et le R. ‘Souvenir de Georges Wauthier’ sont nés dans la pépinière. Ainsi que l’azalée ‘Marie Wauthier’ parfumée à la floraison rose léger maculée de jaune.
R. ‘Sylvie’ R. ‘Sylvie’
A LIRE
Rhododendron et azalées de Kenneth Cox, Hachette 2002, ISBN 2-01-23-6669-4
EN POTS
Pour garnir les pots, choisissez des plantes à croissance lente ou de rocaille tel le R. ‘Snipe’ ou ‘Wee Bee’, certains hybrides de yakushimanum ou les azalées japonaises.
IN SITU
Vous verrez une belle collection de rhododendrons à l’arboretum de Bokrijk et à la fête des plantes de la Feuillerie à Celles qui leur est spécialement dédiée.
AZALEE
Un ou une azalée ? A vous de choisir ! Tout est permis. Du grec « azaleos » qui veut dire « desséché ». La plante se desséchant rapidement, elle exige beaucoup d’eau.