Le mot Skimmia vient de Shikimi en japonais. De la famille des rutacées, comme les citronniers et les orangers, il est originaire des sous-bois de l’Himalaya et de l’est de l’Asie. Il paraît que dans l’île de Yakushima, il croit en épiphyte sur de vieux Cryptomeria. En d’autres mots, il pousse tel quel sur les branches du conifère sans en tirer de nourriture, au contraire du parasite comme le gui. On compte seulement quatre espèces de Skimmia dont la plus connue est Skimmia japonica. Petit arbuste, il est apprécié pour son feuillage aromatique persistant à la fois brillant et coriace, pour ses fleurs en grappes d’étoiles blanches et pour ses fruits ronds, charnus, rouges ou presque noirs appelés « drupes ». En hiver les fruits sont un plus. Nous l’aimons surtout pour ses boutons à fleurs, rouges ou roses, qui gonflent jusqu’à la floraison printanière (avril) proprement dite. Dès l’automne, ils sont là. Une mine d’or pour les bouquets d’hiver. Bien rustique, s’il n’est pas exposé en plein vent d’est, le Skimmia aime une terre riche et humide, supporte l’ombre et tolère la pollution urbaine sans sourciller. Il réussit dans la plupart des sols et n’exige pas un terrain très acide ou une terre de bruyère comme d’aucuns le prétendent. Sa croissance est faible. Il atteint 1m tout doucement. Plus large que haut. Avantage indéniable pour les petits jardins. La vie en pots ? Pourquoi pas ! Il y est parfaitement à l’aise sans taille ni rempotage régulier.


Son seul véritable ennemi est la chlorose ou jaunissement du feuillage dû au manque de chlorophylle. Conséquence d’un trop grand ensoleillement ou de la pauvreté du sol. Trop maigre, trop sec ou trop alcalin. Jelena de Belder et Xavier Misonne conseillent d’y remédier en arrosant avec du sulfate de magnésium – 1 cuillère à soupe pour 5 litres d’eau – et en ajoutant ensuite humus et engrais. (Arbres et arbustes pour parcs et jardins, Editions La Maison Rustique). Attention aussi aux cochenilles qui s’y risqueraient.
A cette saison, dans les jardineries, on peut reconnaître les Skimmia à leurs fruits rouges, de moins d’1cm de diamètre. Non comestibles, ils ont le bon goût de persister au bout des branches pendant tout l’hiver. Lorsqu’à l’achat le Skimmia est bourré de fruits, une fois replanté au jardin, il fait souvent la grève l’automne suivant. Pour éviter toute confusion, revenons aux principes élémentaires de la botanique, notamment son délicat chapitre qui concerne le sexe des plantes. La plupart des Skimmia sont dioïques. Des plantes à fleurs unisexuées chez lesquelles les fleurs mâles et femelles sont sur deux pieds différents. Naturellement, seuls les pieds femelles portent des fruits lorsque le fiancé ne se trouve pas trop loin. Et même plutôt dans ce cas, côte à côte. Les plantes mâles sont plus florifères. On peut pousser un ouf de soulagement… voilà un autre intérêt à les adopter. Ceci dit, certaines variétés sont plus ou moins hermaphrodites et portent des fruits comme Skimmia reevesiana. Il est néanmoins conseillé de planter un pied mâle à proximité pour obtenir une meilleure fructification. Et si le cœur vous en dit, essayez la pollinisation manuelle. Un peu de pollen de la fleur mâle qui caresse la fleur femelle … Pas plus compliqué que cela.

Variétés intéressantes
A vous de choisir les sélections intéressantes pour leurs drupes ou pour leurs fleurs. Pour les amateurs de fruits, Skimmia japonica ‘Nymans’ aux drupes relativement grandes ou S. j. ‘Foremanii’ dénommé aussi ‘Veitchii’ plus ou moins hermaphrodite, reconnu pour son beau feuillage et ses fruits rouge vif. S.j. ‘Rogersii’ est très compact aux drupes rouge sombre. Des fruits blancs chez S. j. ‘Fructu Albo’ aux boutons floraux verts ou chez ‘Kew white’ avec une pointe de crème. Pour ceux qui apprécient les fleurs, S.j. ‘Rubella’ est une valeur sûre. Un clone mâle dont les pétioles, nervures et bords des feuilles sont rouges. Ses boutons floraux bien dressés hivernent avec une teinte rouge foncé avant de virer au blanc lors de la floraison d’avril. Impeccable dans les bouquets. S.j. ‘Fragrans’ est recommandé, comme le dit son nom pour son parfum. S. x confusa ‘Kew Green’, une sélection du jardin botanique londonien de Kew offre de très grandes fleurs et supporte même le plein soleil. S.j. ‘Bronze Knight’ a des boutons rouge bronze en hiver alors que ceux de S.j. ‘Godrie’s Dwarf’ sont roses. Deux nouveautés sont bien prometteuses. S.j. ‘Magic Marlot’ à la croissance bien compacte, présente un feuillage marginé de blanc presqu’argenté et des boutons floraux blancs virant au rouge pendant l’automne avant l’ouverture de fleurs blanches (www.cece-choteau.com). Et enfin S. j. ‘Thereza’ de 60 cm de haut, aux jolis boutons blanc crème à l’allure diaphane qui se plait au soleil (www.coquette.be et www.cece-choteau.com).
S. x confusa ‘Kew Green’ S. japonica ‘Magic Marlot’
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Bouquets
Tout est bon chez le Skimmia à la confection de bouquets d’hiver. Son feuillage persistant, ses boutons floraux et ses petits fruits rouges. Que lui demander de plus ?
Mariez-les
Près des ails décoratifs, muguets et aspérules, les Skimmia font de l’effet au printemps. En automne, ils s’associent aux anémones du Japon.
Ne pas confondre
Gaultheria et Pernettya sont également attrayants pour leurs fruits rouge, rose ou blanc. Ils demandent une terre acide pour prospérer. Sans oublier un pied mâle pour plusieurs pieds femelles.
Parfum
On dit que les fleurs de Skimmia ont soit un parfum de muguet, soit d’oranger. Lorsqu’on froisse les feuilles, une forte odeur aromatique se dégage.
A lire
Arbustes et petits arbres, collection Les pas à pas, Editions Larousse 2009, ISBN 978-2-03-583820-9