Belles et spectaculaires

Certaines plantes vivaces de forme originale participent à l’architecture d’un jardin. Elles donnent corps et panache à la composition
Gunnera manicata

Incontestablement, elles ont de l’allure et font de l’effet. On les aperçoit de loin. Généreuses, amples, démesurées, inattendues, imposantes voire géantes, elles focalisent le regard. Elles rythment le jardin. Sculpturales, elles créent sa structure.

On leur tire son chapeau. En effet, au printemps, intrépides, elles émergent de terre pour fleurir en été en l’espace d’une seule saison. En mars, quand le massif est tout nu, il est difficile de s’imaginer que quelques semaines plus tard, il sera colonisé par une végétation plantureuse. N’hésitez pas à introduire l’une de ces audacieuses chez vous. Un détail qui apporte du sel !

La plus imposante

Sa majesté le Gunnera manicata nous étonnera toujours. XXL, il donne au jardin un petit air de Jurassic Park. Ou de jungle tropicale. Cette rhubarbe géante originaire d’Amérique du sud présente des feuilles impressionnantes en forme de parasol, très larges, d’1 à 2m de diamètre. Leur texture est assez rugueuse, les tiges robustes et épineuses et les fleurs, des épis coniques brun-vert sont visibles en juin, juillet. Pour réussir, deux conditions sine qua non. D’abord, prévoir beaucoup de place. Inutile de coincer le Gunnera  au beau milieu d’un parterre. D’ailleurs, il n’aime pas trop la compagnie. Une seule touffe suffit. Trouvez-lui ensuite un coin assez frais et un sol humide ou carrément mouillé pour éviter qu’il ne chipote. Sachez encore qu’il faut patienter 2, 3 ans avant qu’il ne se développe convenablement et qu’en hiver, il est nécessaire de protéger la souche avec des feuilles mortes. Retenez que plus il est planté profondément, meilleure sera sa résistance.

Au rayon des rhubarbes, il ne faut pas oublier celle qui peuple nos potagers et dont on déguste les longs pétioles verts, roses, lavés de rouge ou franchement rouges. Les compotes et tartes à la saveur acidulée sont un vrai régal au printemps. Bien rustique, elle se révèle aussi décorative. Elle aussi se développe à partir d’une souche rhizomateuse et donne naissance à des grandes feuilles vert sombre et des hampes florales en gros épis de couleur crème.

Un dernier mot sur la rhubarbe d’ornement, Rheum palmatum, en provenance de Chine. Elle vaut également la peine d’être plantée. Ses feuilles profondément découpées débourrent dans les rouges avant de virer au vert. Quelques variétés gardent un revers bien rouge et des grands plumets de fleurs écarlates suivies de petites graines. Un très joli tableau.

La plus gourmande

Le cardon, Cynara cardunculus et son cousin l’artichaut sont des plantes pittoresques par excellence. Elégants avant d’être comestibles. Leurs grandes feuilles argentées très découpées sont à elles seules tout un spectacle. Un faire-valoir pour leurs fleurs qui ressemblent à de gros chardons. Leur silhouette  graphique pousse le jardinier à les laisser s’évader des potagers vers les mixed-borders. En France, ils trônent même au beau milieu des ronds-points et casse-vitesse. On les sème au soleil, dans une terre riche lorsque le sol est chaud, soit en mai à la saison de la floraison des lilas. Facile à retenir. Attention, réservez-leur un emplacement conséquent, ils remplissent à eux seuls 2 à 3 m².

La plus ronde

Elle a un drôle de nom l’Astilboides tabularis appelée aussi Rodgersia tabularis. Cette plante de sous-bois, aimant fraicheur et ombre, présente des feuilles vert pâle, rugueuses, immenses, lobées et toutes rondes d’environ 60 à 80 cm de large. Presque circulaires. On dirait presque des feuilles de nénuphar géant. Ses petites fleurs vaporeuses en bouquets blanc crème apparaissent au début de l’été. A essayer en sol frais, fertile et humide. Avec un peu de patience, elle se développe lentement mais sûrement.

Une autre plante lui ressemble : Darmera peltata. A l’aise dans les mêmes conditions, les feuilles rondes étant un peu plus petites. Elles apparaissent en mai lorsque les fleurs roses, les premières à sortir de terre, sont déjà fanées. En automne, elles prennent de somptueuses colorations orange, jaune et rouille avant de disparaître dès les premiers froids.

La plus gracieuse

Crambe cordifolia est un chou qui n’a pas grand-chose à voir avec le gros costaud du potager. Décoratif, il ne fait pas dans la miniature. Ses touffes de grandes feuilles rondes en rosette sont intéressantes mais c’est plus tard qu’il devient spectaculaire. Lorsqu’il dépasse 2 m de haut et que des myriades de minuscules fleurs blanches apparaissent en mai, juin. C’est un véritable nuage léger qui s’invite au jardin. Un moment de grâce. On dirait de la gypsophile géante, un basique des fleuristes, notamment pour les bouquets de mariée. Sachez cependant qu’il met parfois un peu de temps à fleurir.

Son cousin, Crambe maritima peut lui aussi devenir opulent lorsqu’il étale sur le sol ses grandes feuilles joliment ondulées, vert bleuté, charnues voire cireuses. Il prospère en plein soleil sur sol drainé. Sa tige une fois blanchie peut être consommée.

La plus ensoleillée

Avec l’Helianthus, c’est le coup de soleil garanti. Derrière son nom scientifique se cache tout simplement le tournesol  immortalisé par Vincent Van Gogh. Helianthus annuus, n’est pas vivace, c’est une annuelle très facile à cultiver. Au mois de mai, une graine semée en place fera l’affaire. Expérience idéale pour les apprentis jardiniers. Il suffit d’un peu de patience. En juillet il culmine, solide et vigoureux à plus de 2m de haut. Une force de la nature. Les fleurs en forme de grandes marguerites frisent parfois les 40 cm de diamètre.                                                                     

Ceci dit, d’autres soleils vivaces présentent des fleurs plus petites jaune soufré à doré. Ils illuminent également le jardin de leurs couleurs vives. La variété ‘Lemon Queen’ offre un jaune clair frais particulier facile à marier.

La plus longiligne

La rose trémière, Alcea rosea, ou bâton de Jacob, originaire d’Orient, s’élève en une saison à 1m50 ou 2m de haut. Un exploit. Sa longue tige ornée de fleurs simples ou doubles varient du blanc au noir en passant par le rose. Se ressemant abondamment, la relève est toujours assurée. Tellement naturelle et charmante, on lui pardonne les taches de rouille développées sur les feuilles inférieures.

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