Anémone des fleuristes ou des jardins

Dans les sous-bois, les anémones de printemps tiennent compagnie aux jacinthes. Chaque année, un vrai spectacle dans le bois de Hal ou ailleurs

Généralement, quand on parle d’anémone, on pense à celle des fleuristes d’origine méditerranéenne, dont la belle palette de couleurs soyeuses enchante les bouquets printaniers. Son excellente tenue en vase l’a rendue, depuis des siècles, bien populaire. Frileuse et difficile à cultiver, elle fleurit en février dans le sud et chez nous un peu plus tard sous serre froide. On ne peut pas vraiment dire qu’elle a émigré dans les jardins, à quelques exceptions près, en plein soleil, dans des conditions particulières de terres bien drainées. Classée généralement sous l’espèce A. coronaria, elle est sujette à de nombreuses hybridations de pépiniéristes, dont la plus connue est certainement l’anémone de Caen.

Cela dit, de la famille des Renonculacées, comme le bouton d’or, l’hellébore ou la clématite, on compte plus de 50 espèces d’anémone évoluant dans l’hémisphère nord, dans des climats et milieux très différents. On l’appelle fille du vent, – anemos signifiant vent en grec -, en référence sans aucun doute, à ses fruits plumeux dispersés par le vent mais aussi pour la légèreté de ces fleurs. Trop rare dans les jardins, l’anémone est une plante vivace herbacée, fidèle et robuste poussant souvent en touffe à la mi-ombre ou en plein soleil selon les espèces. Elle fait son show à 2 périodes distinctes : d’abord discret au printemps avec des plantes assez basses, puis généreux et éclatant à l’automne avec les anémones japonaises de longue durée. Les printanières nous intéressent aujourd’hui. 

Sylvie, la plus hâtive

La plus connue des anémones sauvages est l’anémone ou fée des bois, Anemone nemorosa, appelée anémone sylvie, sylvestre, à ne pas confondre avec A. sylvestris à la floraison plus grande et plus tardive. En mars, avril, avant l’arrivée des frondaisons des grands arbres, elle illumine les sous-bois. Elle apprécie les sols légers et frais à tendance acide et les terres humifères recouvertes d’une bonne litière de feuilles mortes. La sécheresse estivale ne lui fait pas peur, car elle est en dormance l’été. Grâce à ses rhizomes traçants formant rapidement un tapis bien dense, elle est idéale pour naturaliser un coin d’ombre du jardin, du moment qu’il ne soit pas trop sec.

Les petites fleurs solitaires, blanches souvent teintées de rose ou de bleu apparaissent à 10- 20 cm de haut, pendant une dizaine de jours. Fugaces sans doute mais saisissantes par leur nombre. Certains cultivars ont fait leurs preuves comme ‘Robinsoniana’ aux étoiles bleu lavande rehaussées d’un cœur d’étamines jaunes ou ‘Lychette’ de plus grande taille, – environ 40 cm -, aux fleurs blanc immaculé. ‘Frülingsfest’ est une sélection blanche devenant rose en vieillissant. Certains ont des fleurs doubles, des collerettes frisées ou chiffonnées comme ‘Flore Pleno’, ‘Alba Plena’, ‘Bracteata Plena’ ou ‘Blue Eyes’, un rien sophistiquée, blanche au cœur d’un bleu inattendu. A noter aussi A. canadensis fleurissant en début d’été, qui lui ressemble en version XXL mais qui s’avère souvent indomptable.

Hellénique, l’Anemone blanda

Originaire de Grèce et du Caucase, elle fleurit en avril, abondamment et longtemps, dans tous types de sol léger et drainé, pas trop arrosé en été, puisqu’elle aime le soleil et la chaleur de son aire d’origine. Cela dit, pas un soleil brûlant. Des myriades de petites étoiles, de 15 à 20 cm au-dessus d’un joli feuillage découpé et léger, ressemblent à de véritables marguerites et forment des colonies hautes en couleurs. Lavande rosé dans la nature, elles déclinent aussi toute la palette du bleu, du rose ou du pourpre. Quelques variétés sont à épingler : A. var. rosea ‘Pink Star’ rose pourpré, ‘White Splendour’, ou ‘Violet Star’ dont les teintes contrastent avec le feuillage vert frais.

La plantation, entre septembre et novembre, est parfois délicate. La racine tubéreuse, une souche petite et compacte est dure comme un caillou, une fois sèche. Pour amorcer le démarrage de la germination, il y a une astuce : la faire tremper quelques heures. Avec un peu de chance, le bourgeon apparaitra et il sera dès lors plus facile de le planter dans le bon sens.

Exemple pour l’Anémone de Caen

Des rives, la plus tardive des printanières         

Anemone rivularis, originaire de Chine et Afghanistan est un véritable petit trésor d’élégance avec des fleurs blanches aux étamines métalliques mauves et au revers des sépales bleutés. En mai-juin, elles pointent délicatement le bout de leur nez à une hauteur de 50cm de haut, au-dessus d’un feuillage ramifié et sur des tiges solides. A l’aise dans un sol frais, au soleil ou à mi- ombre. Autrefois, difficile à trouver chez les pépiniéristes, elle fait aujourd’hui la fierté des amateurs avertis.  

Les fausses anémones

Certaines plantes ont quitté le genre Anemone au gré des discussions et controverses scientifiques. Anemonopsis macrophylla, estune affaire de collectionneur. Originaire du Japon, son feuillage est découpé comme un astilbe et l’été venu, ses fleurs d’anémones aux pétales blanc bleuté, tout-à-fait ravissantes. Trop rare dans les jardins, elle aime les climats, frais, doux et humide.

Autre curiosité botanique, Anemonella thalictroides, synonyme de Thalictrum thalictroides, est une anémone américaine miniature, un couvre-sol d’environ 10 cm de haut. Sa floraison blanche à rose pâle d’avril à mai, attire bon nombre d’amateurs éclairés, surtout au Japon. Notamment, la variété ‘Cameo’ froufroutante avec ses fleurs doubles rose bonbon.

Les pulsatilles et hépatiques ont aussi un petit air de famille. Classées aujourd’hui dans les genres Pulsatilla et Hepatica, elles restent fort proches de leurs cousins. Les premières sont des montagnardes des prairies calcicoles ou des rocailles drainées, à la floraison printanière rose, pourpre, blanche ou violette, suivie d’une fructification très plumeuse qui lui donne un attrait supplémentaire. Les deuxièmes présentent en mars-avril, une charmante floraison toute en finesse, bleu roi, rehaussée d’étamines blanches. Leur feuillage est persistant. Hepatica nobilis, l’anémone hépatique ou hépatique noble, déclenche également les passions des aficionados.

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