Sans doute vous souvenez-vous de cette triste histoire de la mythologie grecque et de ce beau garçon prénommé Narcisse ? Tombé amoureux de sa propre image reflétée dans l’eau d’une fontaine, il se pencha pour l’embrasser et se noya. C’est alors qu’une main divine le transforma en la plante qui porte son nom. Heureusement avec elle vient l’envie de sourire au printemps.


Fidèles ambassadeurs des premiers beaux jours, de la famille des Amaryllidacées, les narcisses comptent plus de 100 espèces et des milliers de variétés différentes créées surtout aux Pays-Bas et en Angleterre. Là-bas, la « narcissomania » déplace des montagnes pour un « daffodil » ! A en devenir tout « crazy ». Qui l’eut cru ? Certes, tout le monde reconnait la jonquille, Narcissus pseudonarcissus, une variété particulière de narcisse à la longue trompette jaune qui vit à l’état sauvage chez nous et aime se naturaliser dans les jardins. En d’autres mots, à se multiplier de soi-même. Mais en fouinant un rien, ou en parcourant le célèbre Keukenhof près de Haarlem, on découvrira une multitude de formes simples ou doubles et de couleurs. Du jaune au blanc en passant par l’orange et le rose. Selon les variétés, de mars à mai, la floraison nous ravit pendant une quinzaine de jours. Puis on les oublie pendant 10 mois. Quelques-uns, tel le narcisse du poète, Narcissus poeticus, sont parfumés. Un plus pour les amateurs de fragrances sucrées, mentholées, citronnées ou anisées. Très accommodants, ils apprécient n’importe quel sol, fraîcheur et humidité, un peu de soleil ou une ombre légère sous les arbres. En pots, ils sont très décoratifs.
N. poeticus N. ‘Yellow Cheerfulness’

Deux parties composent le narcisse. La collerette ou tépales de la fleur colorés et la coronule -couronne- en coupe ou trompette constituée de pétales soudés au centre de la collerette. Un classement des innombrables variétés a été effectué par la RHS, Royal Horticultural Society, en fonction de la forme de la fleur, du coloris et du nombre de fleurs par tige. Au fur et à mesure des nouvelles obtentions, les fleurs deviennent de plus en plus grandes et de plus en plus fantaisistes, à fleurs de papillon, d’orchidée ou carrément froufroutantes, les préférées des américains. Quelques-unes à petites fleurs, ont plus particulièrement retenu notre attention. Robustes, légères et naturelles. Narcissus ‘Tête à tête’ (20 cm de haut), un hâtif, court sur pattes, incontournable. Chacune de ses tiges porte en mars avril deux fleurs jaune pur dos à dos. Il convient très bien pour les pots et jardinières. Nous aimons particulièrement l’élégant N. ‘Thalia’, parfumé, aux fleurs blanc pur, qui fleurit en même temps que les cerisiers et se marie avec délicatesse aux cœurs de Marie. Et N. ‘Hawera’ qui porte début avril des petits bouquets de 6 à 8 fleurs jaune pâle par tige. Tous deux se naturalisent. Les N. poeticus plus tardifs sont parmi les plus parfumés. Leurs fleurs solitaires pointent à 30 ou 50 cm de haut. ‘Actaea’ a des fleurs blanches, à couronne plate très petite, jaune soufre marginée de rouge. La variété poeticus var. recurvus fréquente dans les jardins, se caractérise par des pétales légèrement retroussés. A noter encore l’immaculé ‘Petrel’ et le cyclamineus, une variété botanique précoce et vigoureuse aux petites fleurs solitaires jaune vif.’February gold’ démarre la saison très tôt. Il y en a encore bien d’autres. A vous de faire votre choix !
N. ‘Thalia’ N. ‘Green Pearl’

A planter.
Évitez d’acheter des bulbes qui ont trainé sous plastique, exposés à la lumière des néons pendant des semaines. Plantez-les bulbes de printemps sans tarder dès la rentrée des classes, début septembre. On dit que la profondeur idéale est égale à trois fois la hauteur du bulbe. C’est théorique. On les plante moins profondément dans une terre argileuse et lourde et plus profondément lorsque le climat est glacial ou le sol très léger. Soit on les dépose un à un, soit on les groupe par 3 ou 5 dans un grand trou. Ne pas trop les serrer car ils ont besoin d’une dizaine de cm pour se développer. Pour égayer une pelouse, jetez une poignée de bulbes en l’air et plantez-les à l’endroit où ils sont tombés. Naturel garanti. Ne soyez pas chiche. Avec 12 narcisses l’effet sera nul, alors qu’avec 50 bulbes la tache aura de l’impact. N’oubliez pas qu’il y a un sens au bulbe. Le bourgeon vers le haut.
‘Thalia’
Astuces
Ne pas se précipiter. Après la floraison, évitez de vous laisser aller à la séance de nettoyage. Laissez vivre votre jardin. Le feuillage doit en effet, être totalement jauni avant d’être coupé car il se développe encore après la floraison. Si le tableau un rien tristounet vous déplait, tressez les feuilles qui se faneront plus vite. Comme Outre-manche chez les gentleman gardeners. Après la coupe à ras du sol, un lit de feuilles décomposées aidera à la régénérescence du bulbe.

Il ne fleurit plus. Après quelques années, la floraison s’affaiblit chez certaines variétés. Il faut les diviser. Déterrez vos bulbes en période de repos vers la fin mai, enlevez ceux qui paraissent abîmés, séparez les autres et transplantez-les sans attendre dans une bonne terre agrémentée d’engrais organique. Ils vont entrer en repos comme si de rien n’était et s’enraciner aux premières pluies.
‘Paper White’. Voici une variété pas comme les autres. N. ‘Paper White’ n’est pas rustique chez nous. On la trouve chez les fleuristes où elle est forcée pour fleurir en hiver à l’intérieur. Très parfumée, parfois trop, elle embaume les maisons pendant presque deux semaines. Procurez-vous les bulbes à l’automne, mettez-les sur des petits galets ou des billes de verre multicolores dans des vases remplis d’eau jusqu’à la base du bulbe et attendez. Les racines s’enroulent entre les billes, les tiges poussent et enfin les fleurs commencent à éclore. Spectacle garanti pour plusieurs semaines.
Bouquets. Les narcisses tiennent très bien dans un vase pendant une dizaine de jours s’ils sont cueillis au début de leur épanouissement. Ne coupez pas les feuilles nécessaires à la régénération du bulbe pour la prochaine floraison. Sachez que les tiges creuses contiennent une substance visqueuse qui pourrait être à l’origine d’irritations cutanées. Lavez-vous les mains après la cueillette. Laissez-les seuls dans un vase car ils auront vite fait d’empoisonner leurs congénères qui faneront vite. Le bulbe aussi est toxique et a déjà été à l’origine de breuvages empoisonnés.
Plus
FLORALIES A GRAND-BIGARD : www.floralia-brussels.be
EN FRANCE, dans les Vosges, à Granges-sur-Vologne, plus précisément au jardin de Berchigranges se trouve la collection nationale de narcisses. www.berchigranges.com
EN HOLLANDE, le célèbre KEUKENHOF: www.keukenhof.nl
GARE AUX LIMACES
Eh oui, soyez vigilants, les limaces sont friandes à la fois des tiges et des feuilles. Parfois même des fleurs.
COUP DE BÊCHE
Prenez garde à ne pas trancher vos bulbes. Un coup de bêche au mauvais endroit et c’est la catastrophe. Installez-les sous les arbres et arbustes, là où vous ne risquez pas de vouloir, un autre jour, planter autre chose.