Promesses de printemps

Il est temps dès septembre d’acheter et planter les bulbes. C’est le moment de dénicher dans votre jardinerie préférée, les tulipes, narcisses et autres crocus qui feront chanter votre jardin l’an prochain.
Au jardin de Grand-Bigard

Les bulbes nouveaux sont arrivés ! Les étalages débordent et les catalogues de vente par correspondance foisonnent. Même s’ils peuvent être plantés jusqu’au mois de novembre, ne perdez pas de temps, aujourd’hui il y a du choix. L’occasion de craquer et de les adopter pour renouveler la magie des premiers beaux jours. Avec un brin de réflexion, en plantant des variétés hâtives et d’autres tardives, vous serez charmés par plusieurs mois de floraison dès février, jusqu’en juin. Mais avant de passer à la pratique, voici quelques trucs et astuces pour ne pas se planter.

Qu’est-ce qu’un bulbe ?

A première vue, un objet inerte, sans véritable attrait. Et pourtant à y voir de plus près, pas du tout. Le bulbe est un végétal complet, comportant à la fois, bourgeons, tiges et racines. En fait, un organe souterrain permettant à la plante de reconstituer chaque année ses parties aériennes, les feuilles et les fleurs. Les plantes bulbeuses fleurissent, fructifient, puis s’endorment dans un sommeil plus ou moins long, en stockant dans leur bulbe des réserves nutritives pour la saison suivante. De cette manière, elles pourront soit résister à l’hiver, soit affronter la période très sèche de leur contrée d’origine.

La plupart des bulbes laissés dans le sol après leur floraison refleuriront l’année suivante. Mais ce n’est pas toujours garanti et cela dépend des variétés. Pour optimiser le résultat, il est important qu’après la floraison, les fleurs soient coupées afin d’éviter la formation des graines qui monopoliserait la nouvelle sève au détriment du bulbe de remplacement. Surtout pas les feuilles, même si elles sont disgracieuses. En les enlevant, les adeptes de propreté ou d’esthétique signeront leur arrêt de mort. En effet, les feuilles protègent et nourrissent le bourgeon à l’origine de la future plante et reconstituent le bulbe pour la saison suivante. Elles doivent être maintenues jusqu’à ce qu’elles jaunissent naturellement, – environ 6 semaines pour sécher complètement -, le bulbe continuant à accumuler des réserves tant que les feuilles restent vertes. Pour hâter la fanaison ou pour éviter de gâter l’élégance du parterre, certains jardiniers tressent les feuilles.

Vous l’aurez donc compris, pour survivre, la plante bulbeuse doit refaire un nouveau bulbe.

Les choisir

Même si, pendant sa période de repos, le bulbe peut être conservé pendant une longue période hors de terre, n’oubliez pas de vérifier son bon état de conservation. Pour éviter toute mauvaise surprise, une inspection s’impose. La qualité du bulbe est primordiale. Suivant sa taille et son état sanitaire, les fleurs qui en résulteront seront plus ou moins belles.

Les bulbes sont vendus en vrac ou par sachets selon leur taille. Ils sont groupés en fonction de leur calibre, en d’autres mots, leur circonférence. Les calibres les plus gros sont les plus chers et offrent souvent une floraison plus importante. En effet, le bourgeon ayant plus de réserves nutritives, il se développera plus facilement. Pour une même espèce, il peut exister plusieurs calibres, du plus petit au plus gros. Le calibre le plus fréquent pour les crocus est de 8/9cm, pour les tulipes 10/12 cm et pour les narcisses, 12/14.

Inutile de jeter votre dévolu sur un bulbe dont le bourgeon et les racines ont commencé à se développer. Soit un bourgeon vert tendre qui produit déjà une pousse, soit des racines déjà bien blanches. Méfiance. L’achat pendant le repos végétatif complet est un gage de réussite.

Observez avant d’acheter et inspectez la qualité sanitaire et la consistance du bulbe. Il doit impérativement être ferme. N’hésitez pas à le manipuler. S’il est mou, passez votre chemin, il a probablement souffert de l’humidité et ne donnera rien de bon. Puis il doit être frais, soit bien charnu, ni desséché, ni flétri. Evitez le bulbe aux taches plus ou moins brunes, symptômes de maladies, celui dont la surface est recouverte de moisissures grisâtres et adoptez celui qui n’est pas abîmé, sans traces de choc, sans déformation apparente. Contrôlez enfin l’absence de pucerons. Ceci dit, sachez que les bulbes de tulipe présentent souvent une sorte de fine pelure brune extérieure. Elle n’a pas d’influence sur la qualité. Un bulbe tout blanc, à condition qu’il soit sain, ne pose aucun problème. Les crocus ne sont jamais très florifères la première année alors qu’ils se rattrapent la suivante et les narcisses se débrouillent assez bien même si leurs bulbes paraissent chétifs ou mal en point. Restant en place, grâce aux bulbilles qu’ils produisent, ils grossissent au fur et à mesure des années pour créer de vraies touffes.

Début de pourriture sur les bulbes de Narcisses ‘Tête à Tête’

Quand les planter ?

Quand ? Un des nombreux conseils donné au jardinier est de ne pas trop tarder à planter les bulbes qu’il vient d’acheter. Pourquoi ? D’abord pour ne pas retarder la floraison. Mais aussi pour une raison directement liée à leur mode végétatif. Puisque c’est à l’automne que les plantes bulbeuses développent leurs racines nécessaires à la reconstitution du nouveau bulbe et des réserves nutritives. Plantés à ce moment, ils bénéficient de la chaleur estivale accumulée dans le sol couplée à l’humidité automnale et s’enracinent aisément avant la venue du printemps. Ne vous laissez surtout pas tenter par les promos de fin d’année. Vous seriez vraiment déçus.

Ne les laissez pas trainer dans une pièce humide qui les ferait pourrir ou chaude qui ferait démarrer la végétation ou les sécherait complètement.

Où ?

La terre idéale est une terre bien drainée. Tout sol est apte à recevoir des bulbes. Le sable hollandais n’est pas le seul gage de réussite. Seul un sol extrêmement mouillé pourrait présenter certains problèmes, notamment de pourriture. Les tulipes par exemple disparaissent en terre lourde et argileuse dans des massifs copieusement arrosés, à l’ombre des grands arbres. Dans ces conditions, n’hésitez pas à déposer les bulbes sur un lit de gravier. Les courtes périodes de gel ou de gelées nocturnes ne provoquent généralement pas de dommage. Mais s’ils pointent déjà le bout du nez en décembre ou en janvier, pensez à les recouvrir de feuilles ou de branches de sapin.

Aucune fumure particulière n’est nécessaire. Si les bulbes restent en place pendant plusieurs années comme pour les perce-neige ou s’ils vous paraissent chétifs, répandez en automne, un peu de compost ou au printemps un peu de guano, de poudre de sang ou du purin d’ortie ou de consoude.

Les bulbes trouveront toujours une place dans le jardin ou dans des jardinières pour fleurir balcons et terrasses. Au soleil, à mi-ombre, en bordure d’un parterre, au pied d’un arbuste ou au beau milieu d’une prairie. Bien entendu, ceux de petite taille doivent rester bien visibles. Pensez à les installer près de la maison ou du chemin que vous empruntez régulièrement à cette période de l’année.

Comment ?

Le plus souvent, il faut planter les bulbes un par un, même pour réaliser des effets de masse. Sauf dans l’argile pure et dure, attendez la pluie, la terre sera bien meuble et ce sera nettement plus facile d’y enfoncer une pelle ou un plantoir à bulbes, ce cylindre creux réalisant une carotte dans le sol.

Pour la profondeur, comptez environ 2 x la hauteur du bulbe. Soit le côté plat à environ 20 cm de profondeur pour les tulipes, jacinthes et narcisses et à 10 cm pour les petits crocus, perce-neige et muscaris. Dans tous les cas, enterrez-les moins lorsque le sol est lourd et davantage en sol léger.

 Les distances de plantation varient de 5 à 10 cm pour les petits, de 15 à 20 cm pour les moyens et de 30 à 40 cm pour les gros. Attention, le collet doit rester orienté vers le haut.

L’idéal est de prévoir des effets de masse pour rendre la composition plus naturelle. Pour les bulbes qui se naturalisent,- qui se prêtent à un retour à l’état sauvage -, le mieux est de les jeter sur le sol et de les planter là où ils sont tombés.

Féérie printanière au Keukenhof
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