Tulipomania à la sauce hollandaise

Vous savez que les tulipes multicolores célébrées notamment aux magnifiques jardins du Keukenhof sont les incontournables du savoir-faire hollandais Mais savez-vous aussi que chaque année elles peuvent fleurir chez vous prêtes pour leur show de printemps ?
T. kaufmanniana'Hearts-delight'

Entre les hollandais et les tulipes s’est tissée une véritable histoire d’amour ou … d’argent à une certaine époque. En effet, à la moitié du XVI è siècle, quand les tulipes originaires de Turquie et d’Orient déferlent sur le sol européen, elles suscitent Outre-Moerdijk une véritable révolution. Leur attrait et la rareté des premiers bulbes font grimper les prix. A en perdre la tête. Les pépiniéristes locaux, charmés, créent sans cesse une infinité de variétés. La spéculation va bon train. Jusqu’à la catastrophe. En 1637, le marché s’effondre entrainant avec lui la chute des prix du bulbe et la ruine d’un nombre incalculable d’investisseurs.

Aujourd’hui, la passion est toujours là et les bouquets de tulipes continuent tout naturellement d’égayer les salons et les jardins. Les variétés sont nombreuses, la palette des couleurs étendue, du  blanc immaculé au presque noir. Les formes sont multiples. Rayées, frangées, flammées, plus ou moins parfumées, échevelées ou manucurées, simples comme un crocus ou sophistiquées telle une pivoine ou un lis, il y en a pour tous les goûts. Les plus raffinées d’entre elles sont plutôt capricieuses. En effet, pendant la période estivale de repos, elles dégénèrent dans des sols trop humides. Les bulbes originaires de régions au climat sec, doivent être déterrés après la floraison, quand le feuillage est fané, pour être conservés à l’abri jusqu’à la replantation en automne. C’est la corvée. Cependant, quelques tulipes botaniques ou hybrides, résistant bien à nos climats, acceptent non seulement de rester en terre pendant une petite dizaine d’années, mais aussi de proliférer et se reproduire toutes seules. Pour les jardiniers paresseux comme nous, c’est l’aubaine.

Ces petites sauvageonnes

Quelques tulipes issues de croisements entre une tulipe sauvage et une tulipe moderne hybridée, sont à épingler. Par exemple, une classique parmi les classiques, à la robe brune presque noire, la T. ‘Queen of the Night’ (50 cm), une tulipe tardive à la forme simple promet de vivre longtemps dans les massifs. Une autre, T. fosteriana, (40 cm) en fleurs dès avril aime coloniser le terrain. T. f. ‘Purissima’, synonyme ‘White Empereur’ par exemple, une ancienne variété très fidèle est devenue incontournable pour les amateurs. Ses fleurs blanc crème sont résistantes aux intempéries.

Les tulipes les plus durables sont celles qui apparaissent les premières. Spontanées, de petite taille (tiges courtes de 30 cm maximum), botaniques, elles se naturalisent et refleurissent chaque année. Parmi elles, quelques-unes nous intéressent :

                –              Tulipa sylvestris (30 cm), la tulipe des bois se reproduit par stolon comme un fraisier. En avril, ses fleurs d’un jaune lumineux, au nombre de 1 ou 2 par tige, sentent délicieusement bon.

                –              T. bakeri ‘Lilac Wonder’ (15cm), est une sélection très vigoureuse, aux fleurs rose pâle voir lilas avec un peu de jaune à la base, s’ouvrant largement en étoile dans le courant du mois d’avril. Elle apprécie les sols rocailleux dans lesquels elle s’étend par stolon et la compagnie d’autres petits bulbes.

                –              T. clusiana (30 cm), figure parmi les hâtives et se propage elle aussi par stolons. Ses fleurs dressées, élégantes, exhibent une robe blanche marginée de rouge ou une robe crème marginée de rose et de vert chez la charmante ‘Cynthia’. T. clusiana var. chrysantha est la versionjaune et rouge. La variété ‘Tubergen’s Gem’ propose des couleurs plus prononcées.

–              T. turkestanica (20 cm), stolonifère, porte dès mars, des petits bouquets de fleurs blanches à cœur jaune légèrement parfumées. Elle ressemble, pour ceux qui la connaissent, à une « belle de onze heures », l’ornithogale.                   

–              T. kaufmanniana (20cm), appelée tulipe nénuphar, dotée d’un feuillage strié de brun, convient admirablement bien pour développer des scènes naturelles, notamment dans les prairies. Hâtive (mars), championne de durée, elle a son petit succès. La forme type étant plutôt discrète, on lui préfère ses cultivars.

–              T. greigii (25cm), très accommodante, est remarquée en mars-avril, pour ses grandes fleurs vives, généralement rouges et pour son feuillage bleuté coriace également strié de pourpre ou de marron. Résistants aux intempéries, les bulbes se naturalisent bien. La célèbre variété ‘Petit Chaperon Rouge’ tant et tant plantée ne passe pas de mode.

–              T. batalinii (10 cm), aux fleurs variant du jaune pâle au rouge vermillon en passant par l’orange avec quelques pointes d’abricot ou de pêche refleurissent chaque année très volontairement. Notez ‘Bright Gem’ ou ‘Red Gem’ parmi les cultivars.             

En pratique, l’abc

N’oubliez pas les deux règles d’or. Les tulipes se plantent à l’automne et se développent dans une terre bien drainée. Mais pas nécessairement dans le sable  hollandais. Une bonne terre de jardin suffit sauf si le sol est lourd et mouillé. Exigeant la pleine lumière, une place au soleil lui convient parfaitement, en bordure d’un parterre, au pied d’un arbuste, dans une rocaille, un jardin de graviers ou au beau milieu d’une prairie. Une autre idée est de les installer dans des jardinières pour égayer balcons et terrasses. A la seule condition que le pot soit bien large et profond pour avoir une bonne couche de drainage.

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