Les feuillages persistants… des trésors

Aux saisons moins fleuries, les feuillages persistants sont les plus estimés. Ceux des arbres et des arbustes mais aussi ceux de quelques plantes vivaces auxquelles on ne pense pas toujours
tapis de bruyères au jardin de la Mare aux Trembles

Généralement de couleur verte, – foncée ou claire -, parfois marginés d’une autre couleur, le blanc, le jaune ou le rose, les feuillages persistants participent à la structure du jardin. Ils l’habillent pendant toute l’année. Avec sobriété. En hiver, quand les branches de la plupart des végétaux sont dénudées et les fleurs absentes, ils sont les plus séduisants sous le soleil rasant, ourlés de givre ou saupoudrés de neige. Ils séparent les espaces, soulignent une façade, marquent une bordure, créent un contraste, brisent le vent. La diversité de leurs formes et de leurs textures écarte toute monotonie. Ils sont le secret des jardins réussis. Comme le dirait Jacques Wirtz, architecte paysagiste qu’on ne présente plus, c’est en hiver que l’on peut voir si un jardin a une structure. En d’autres mots, s’il tient la route.

Sans doute penserez- vous d’abord aux buis et aux ifs. Peut-être aussi aux conifères, aux lauriers et aux houx. Les jardiniers des terres acides ajouteront sans hésiter rhododendrons et camélias. Bien d’autres végétaux se prêtent au jeu, notamment parmi les plantes vivaces et les graminées. Eux aussi, ils plantent le décor, y ajoutent un brin d’opulence et servent à la verdure des bouquets « faits maison ».

Au rayon des vivaces

  • Bergenia. Ce n’est pas un scoop. Bien au contraire. Le Bergenia était une des plantes fétiches de Gertrude Jekyll, la célèbre paysagiste anglaise et de la plupart de nos grands-mères. Typique des jardins de curé aussi. Leurs grandes feuilles épaisses et coriaces prennent de belles teintes pourpres dès que le froid s’installe. Indispensable pour les bouquets. Une valeur sûre parmi les nombreux cultivars : B. ‘Sunningdale’.
  • Arum italicum. On n’oublie jamais le dessin des feuilles de l’Arum d’Italie. Longues et vertes veinées d’argent. Facile, il accepte l’ombre et le pied des arbres ou des haies, là où rien ne pousse. A choisir : A. i. subsp. i. ‘Marmoratum’.
  • Pachysandra terminalis. C’est un petit couvre-sol aux rosettes de feuilles épaisses, fort apprécié des jardiniers. Il a déjà fait ses preuves en grande masse surtout à l’ombre ou la mi-ombre. Pour les milieux de table et des petits bouquets, il sert toujours.
  • Pervenche. Les pervenches aux petites étoiles bleues restent incontournables comme couvre-sol sous les arbres et les arbustes. Attention, elles sont parfois envahissantes et difficiles à confiner dans un espace précis. En ut mineur, la Vinca minor tapissante et en ut majeur, V. major qui culmine à environ 30 cm de haut. Vinca difformis a le chic de fleurir en hiver quand il ne fait pas trop froid.
  • Heuchère et Tellima. Les feuillages colorés, ombrés et marbrés des heuchères les classent au top de la mode depuis quelques années. Parmi les hybrides à feuillage plus ou moins persistant, il n’y a que l’embarras du choix. A vous de vous laisser tenter par les ‘Brownies’, ‘Tiramisu’, ‘Pistache’ et autre ‘Caramel’. Les Tellima leur ressemblent. Leurs feuilles changent de couleur en hiver. Du vert vif au brun. Elles forment un bon couvre-sol. La feuille de T. ‘Purpurteppich’ est déjà veinée de marron en été.
  • Euphorbe. L’euphorbe est très précieuse pour le jardinier car elle accepte les conditions de vie les plus difficiles.  E.characias aux feuilles gris-vert et aux grandes inflorescences jaune-vert a un port buissonnant caractéristique ; l’euphorbe des bois, E. amygadaloides est très élégante. E.a. ‘Purpurea’ a des tiges marron, des nouvelles pousses rouges et des bractées vert-jaune. A vous de choisir, la famille est vaste mais toutes ne sont pas persistantes.
  • Hellébore. A cette époque de l’année, leurs magnifiques fleurs mériteraient qu’on leur tire le portrait. Leur feuillage coriace persistant est précieux. Hellébore de Corse, H. argutifolius, H. niger, la rose de Noël et toutes les nombreuses variétés d’hellébores d’orient, H. orientalis, sont vraiment intéressantes.
  • Epimedium. Les fleurs des elfes appartiennent à une grande famille devivaces à feuillage généralement persistant. En forme de cœur, mat au printemps devenant luisant, voire métallique en hiver. En toute saison, séduisant. Par temps très froid, il colore même en bronze ou cramoisi. Les tiges sont fermes et l’aspect de l’ensemble très léger dans les bouquets.
  • Bruyère. En hiver, leurs petites feuilles persistantes en forme d’aiguilles vert sombre  ressemblent à celles des sapins en miniature. Leurs fleurs disséminées tout au long de la branche évoquent des petits grelots.
  • Sedum et sempervivum. Orpins et joubarbes, qu’on appelle communément plantes grasses,aiment le soleil et les sols bien drainés. On n’aime ou on déteste leur charme un tantinet désuet. Dans des pots et jardinières d’hiver, ils sont toujours gagnants.

Au rayon des graminées

  • Ophiopogon. Ce n’est pas à proprement parlé une graminée même si ses feuilles linéaires sont semblables à de l’herbe. Dans les jardins, on le repère généralement dans la version noire, O. planiscapus ‘Nigrescens’. Pourtant le basique au feuillage vert, que l’on trouve assez  difficilement dans les pépinières, mériterait d’être plus planté.  Tout terrain, même dans des sols très secs, il apprécie l’ombre.
  • Laîche ou carex. Cette herbe au feuillage généralement persistant appartient à une famille très nombreuse. Elle pousse partout, même dans les conditions difficiles. C.morrowii est un carex des plus performants. Il forme des touffes denses, vert foncé parfois marginées selon les cultivars. C. pendula a des hampes fines et hautes, – 1m environ -, qui retombent élégamment. Il se ressème spontanément un peu, beaucoup …
  • Fétuque bleue et Helictotrichon. Voici des graminées pour le plein soleil et les terres drainées voire sèches. Leurs feuillages gris-bleu forment des touffes bien compactes. Elles font penser au sud.
  • Luzule. La luzule des bois, L. sylvatica, au style très naturel, est intéressante lorsqu’elle est utilisée en masse. L. s. ‘Aurea’  aux feuilles courtes rubanées et dorées éclaire les coins tristes.
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