Se mettre au vert … en vert et contre tout

Auriez-vous la main verte, les doigts ou même les cheveux verts comme Patrick Blanc, - c’est un comble -, le créateur des murs végétalisés ?
gazon anglais dans le jardin de Trougham

Oui, vous l’aurez compris, le fil rouge de ce samedi est bien… vert. Le symbole des acteurs de l’écologie, la couleur dominante du règne végétal, de la planète jardin. Sa toile de fond.  Disséminées ça et là, autour et parmi elle, les autres couleurs sont plus dynamiques. Le vert les isole, les lie, les harmonise et les unifie. Intermédiaire entre le bleu et le jaune, il évite toute discordance. Personne ne peut nier son importance. Ses pigments végétaux plus doux que les artificiels s’intègrent parfaitement à l’environnement et font de la nature un lieu calme et reposant.

Les feuillages sont la base de la couleur verte.  Leur fonction est vitale. Et leur intérêt imbattable surtout lorsque le végétal ne fleurit pas. Par exemple, la fougère. Mais attention, celui qui fleurit reste tout de même vert la majeure partie du temps. Le jardinier se trompe lorsqu’il se focalise uniquement sur les seules floraisons beaucoup plus éphémères. A méditer. Au jardin, les harmonies entre les feuillages se mettent en place presque automatiquement. Ils sont en majorité dans le même nuancier. Seule l’intensité des tons varie selon les plantes. Certains feuillages comme celui du laurier restent vert vif et reflètent la lumière alors que d’autres plus sombres semblent l’absorber tel celui du marronnier.

Le vert est un des premiers éléments structurants du tableau paysager. Il  adoucit les lignes strictes et assure la transition, le trait d’union entre béton et nature. Il met en valeur les massifs, équilibre leurs masses, tout en créant une atmosphère de sérénité. La respiration du jardin. A l’inverse d’un  peintre qui dispose d’un choix illimité, ici on est obligé de travailler à partir de cette couleur. Décliné en tapis, haie ou bordure, il représente la teinte la plus facile à gérer.                                                                         

Ceci dit, rares sont les jardiniers qui considèrent le vert comme une « vraie couleur ».

Les verts

Jouez sur les différents tons de vert. Vert amande, émeraude, jade, olive, tilleul, vert-de-gris soit à identifier sur les étiquettes aerugineus, vert vif ou laetevirens, cru, acide, vert d’eau ou glaucescens, vert bouteille. Autant de nuances variant, s’estompant avec le gris ou s’illuminant avec le blanc. Le vert et le blanc se marient précisément de façon particulièrement agréable dans les lieux ombragés. Ensemble, ils leur donnent un peu de peps.  Les floraisons blanches, – un manque de pigmentation -,  ne sont jamais immaculées, elles se teintent toujours d’un brin de vert. En revanche, le vert parait plus sombre en compagnie de fleurs violettes ou bleu foncé telles que géraniums vivaces, Nepeta et iris. En réalité, la gamme reste toujours au service des autres couleurs. La brillance et l’intensité des feuillages tentent à les renforcer ou les adoucir.

Le vert sur le vert

Ou le comble de la sophistication ! C’est peut-être l’art du bouquet qui a donné aux fleurs vertes bien trop discrètes leurs lettres de noblesse. Au jardin, les hellébores, Helleborus corsicus et foetidus et les euphorbes dont l’admirable Euphorbia characias, vert-jaune  formant au printemps de véritables petits buissons. L’un ou l’autre perce-neige à la tenue presque entièrement verte, l’Aquilegia viridiflora, l’Astrantia ‘Shaggy’ ou le tabac ‘Lime Green’.  Et l’étonnant rosier Rosa  ‘Viridiflora’, une fantaisie de la nature due à une mutation naturelle d’un rosier de Chine. La seule rose verte de l’univers ! Cette particularité s’explique par l’atrophie des pétales, en fait des sépales comme des écailles vertes parfois striées de bronze et de rose.

Les persistants

Les feuillages sempervirens contribuent à former l’ossature du jardin surtout en hiver. Ils ponctuent l’ensemble même s’ils se font parfois oublier le printemps venu. La diversité de leurs formes et de leurs textures écartent toute monotonie. En première ligne, les buis et ifs très classiques mais également les houx, conifères, fusains, chèvrefeuilles, lauriers, camélias et j’en passe. Le laurier-palme sans doute désuet  peut se moderniser moyennant une coupe nouvelle vague, toute ondulante. Le laurier-tin, Viburnum tinus, plus élégant, doit être protégé des vents froids, celui du Portugal, Prunus lusitanica est bien résistant malgré son nom. L’aucuba, malgré sa mauvaise réputation – tout est affaire de goût – peut se révéler assez convaincant et tacheté de jaune, il devient même lumineux. Il ne dérange personne dans un coin à l’ombre et fait souvent l’affaire comme base des grands bouquets. Sans oublier le lierre, une valeur sûre. Bouche trou irréprochable.

Les gazons

Qui dit vert au jardin, pense sans hésiter au gazon. A sa simple évocation, vient l’idée d’un tapis de verdure impeccable, avec ses bandes rectilignes, véritables œuvres d’art que seuls les anglais savent mettre en musique. D’autres en revanche, moins poétiques, ne songent qu’aux rugissements disgracieux de la tondeuse troublant l’heure de la sieste. Toujours est-il que cela fait des siècles qu’on ne peut plus se passer d’une pelouse, une vraie source de plaisir pour les enfants. Qu’on le veuille ou non, la pelouse restera dans un jardin l’aménagement number one de base. Vive les tondeuses « tortues », ces petits robots qui se débrouillent tous seuls sans faire de bruit. Vive l’odeur de l’herbe coupée.

Les engrais verts

Verts les engrais ? A ne pas confondre avec le compost. Il s’agit ici d’une culture que l’on décide de faire pousser sur un terrain nu avant de l’enfouir pour enrichir la terre en matières organiques. Leur rôle consiste à protéger le sol contre les intempéries et le soleil, augmenter sa quantité en humus, réactiver les éléments nutritifs entrainés en profondeur, enrayer le développement des mauvaises herbes et drainer la terre en améliorant sa structure. Ils cherchent à favoriser l’activité biologique et la présence des vers de terre. Que du bonus. A la différence des engrais chimiques dont l’action est passagère, les engrais verts agissent à long terme en apportant une bonne dose d’humus, clef de fertilité du sol. S’il est acide, le sarrasin, s’il est basique, la vesce. Quant à la phacélie, elle favorisera la présence des papillons et la moutarde, championne en rapidité de croissance, se mettra à toutes les sauces.

A suivre.

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