1, 2, 3 … les iris entrent en scène

Comparés aux plus belles orchidées, opulents, gracieux, d’allure presque royale, ils misent sur la séduction. Avec les iris de jardin, quelques instants de grâce

Il existe plus de 150 espèces d’iris et des milliers de variétés. Une des plus anciennes plantes à fleurs cultivées par l’homme. Chaque année, de par le monde, c’est le grand défilé des nouveautés. De la famille des Iridacées comme les glaïeuls, freesias et autres Crocosmia ou Montbretia, vous l’aurez compris, ils sont légion. Très différents, les uns ne comptent que quelques cm, les autres pointent à 1m de haut. Ils se distinguent en réalité, surtout par leur souche, leur organe de réserve. Selon l’espèce, soit une racine charnue, soit un rhizome superficiel, soit un bulbe. Les milieux d’origine sont eux aussi très divers. Un sol drainé et sec comme celui d’une rocaille ou au contraire, un marécage les pieds dans l’eau, en passant par toute une série de situations intermédiaires comme les prairies ou les sous-bois. Leurs conditions de culture varient donc énormément. Celui qu’on appelle communément, l’iris de jardin, le plus courant et un des plus spectaculaires, nous intéresse spécialement aujourd’hui.

Hybride ou d’Allemagne

Démodé l’iris des jardins ? Absolument pas. Il est vrai qu’à une époque, il était omniprésent dans tous les jardins dignes de ce nom. Aujourd’hui, après l’avoir délaissé pendant des décennies au profit de plantes vivaces plus tendance, on revient vers lui pour son feuillage graphique et élégant et la beauté de ses fleurs à nul autre pareil. Difficile à réussir ? C’est une légende. Dès que l’on comprend comment il fonctionne, les spécificités de son rhizome, le tour est joué. En effet, l’iris des jardins ne se cultive pas comme l’iris des marais ou Iris pseudocarus, l’iris japonais ou Iris ensata, de Kaempfer ou japonica, l’autre d’Alger, Iris unguicularis et de Sibérie, Iris sibirica. Sachez donc bien à qui vous avez affaire.

Ceci dit, classé parmi les plantes vivaces, l’Iris des jardins, dit hybride, d’Allemagne ou germanica, de 15 cm à 1m de haut, exhibe en haut de sa tige dressée, 1 ou plusieurs fleurs typiques, inoubliables, comptant 3 sépales retombants et 3 dressés. Les fleurs sont larges, vaporeuses, ondulées, gracieuses, bicolores, veloutées ou frisées selon les variétés. On le surnomme l’iris barbu ou à barbe car sur les sépales retombants, on distingue une étroite bande de poils duveteux, – la barbe -, dont la couleur contraste souvent avec celle de la fleur.

Arc en ciel

Iris, messagère des dieux serait la déesse de l’arc en ciel…Pour cette raison, elle a donné son nom à cette famille qui propose d’innombrables coloris et nuances. La palette est vaste. Diverses tonalités de blanc, de bleu et de rose sans oublier les teintes chaudes dont les jaunes, orangés mais jamais de vrai rouge. Parfois des stries ou des marbrures viennent ponctuer l’ensemble, parfois l’inattendu s’invite avec des fleurs bicolores aux combinaisons étonnantes. Pour l’amateur, l’embarras du choix.

Pourquoi tant de variétés ? Les spécialistes français comme Cayeux et Bourdillon, les américains ou les australiens recherchent avant tout à obtenir des plantes mieux proportionnées, aux couleurs pures sans traces ni veinures, plus florifères, plus résistantes et pourquoi pas refleurissant à l’automne. Ceci pour contrer son principal défaut de ne fleurir qu’environ 15 jours, entre mai et juin selon les variétés. Ceci dit, d’une fidélité sans pareille, le spectacle est toujours au rendez-vous. Le parfum en plus pour la plupart des variétés. Il évoque la fleur d’oranger, le muguet, le chocolat, la vanille, le miel, le citron, l’orange ou les épices, c’est selon.

Trucs et astuces

Il faut savoir que les iris de jardin apprécient les rayons du soleil, – au moins pendant ½ journée -, une terre drainée, sèche ou un sol fertile riche en humus. Ne supportant en aucun cas l’humidité stagnante, l’astuce est de les surélever dans le massif, surtout lorsque le sol est lourd. Amateur d’espace, détestant la concurrence, ils n’acceptent ni couvre-sol, ni voisins envahissants.  En revanche, les ails d’ornement ou les pavots et aussi les Gaura aux fleurs blanches légères comme des papillons qui les relaient après la floraison sont d’excellents compagnons.

La clef de la réussite ? Sans hésiter, la plantation superficielle des rhizomes sous 1 à 2 cm de terre, – le dos des rhizomes restant bien visible -, tous les 30 cm avec les pousses dirigées vers l’extérieur car chaque rhizome pousse toujours dans une même direction. De cette manière, ils reçoivent en toute quiétude les rayons bienfaisants du soleil. Ceci dit, attention aux coups de binette qui pourraient abîmer les racines peu profondes.

Pour le reste, il n’y a qu’à éliminer les fleurs fanées qui ont tendance à pourrir vilainement et couper les hampes à leur base en fin de floraison. Si l’envie vient d’en réaliser des bouquets, coupez-les en boutons, ils tiendront d’autant plus longtemps.

Un brin de technique

Tous les 4 ans, s’ils fleurissent moins, si les fleurs deviennent plus petites ou s’ils se dégarnissent de la base, il est nécessaire de les diviser. Le moment idéal ? En juillet, août, septembre, pendant le repos végétatif. Ils auront alors bien le temps de reconstituer de nouvelles racines. Il est important d’arracher la touffe avec une fourche-bêche pour ne pas abîmer les rhizomes puis de la diviser en gros éclats par coupe franche ou en écartant de la main. Les morceaux les plus forts, de 15 cm environ, situés en périphérie de la souche et ayant 1 ou 2 feuilles seront seuls replantés après avoir raccourci les radicelles et le feuillage des 2/3 proprement au sécateur. L’idéal est de ne pas replanter au même endroit ou d’enlever la terre sur 30 cm de profondeur. Quant au centre de la touffe, épuisé, il est juste bon pour le compost. Et maintenant, à vous de jouer !

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