A la mode, les chardons ?
Sans doute serez-vous surpris de ce type de sujet. Pourtant, les paysagistes et les jardiniers « dans le vent » reconnaissent tous les qualités décoratives de certains chardons. Ils n’ont pas leur pareil pour défleurir de manière agréable, sécher sur pied sans nécessairement devenir des paillassons, avant de terminer leur vie dans un bouquet sec au salon. Avec eux, ayons un autre regard et apprécions ces végétaux en dehors de leur période de gloire, – la floraison- , même si l’été celle-ci est assez longue.
Les chardons appartiennent à cette nouvelle palette de vivaces utilisée en compagnie des graminées dans les grands espaces des jardins contemporains à l’allure naturaliste. Les plantes surnommées « New Perennials ou Nouvelles Vivaces », pourtant pas si nouvelles que ça mais en tous cas indispensables aux massifs de fin de saison. Piet Oudolf, ce génial pépiniériste hollandais devenu paysagiste, – connu notamment pour la célèbre promenade plantée de la High Line à New York -, est un des premiers a les avoir utilisées dans ses compositions. De là vient le terme de « vague ou déferlante hollandaise » dans les jardins, une adaptation européenne des prairies américaines en référence à ces plaines broutées par les bisons, régulièrement incendiées, qui étaient constituées de graminées et de fleurs sauvages vigoureuses comme des échinacées, des hélénies ou des rudbeckies.

Même pas peur
Certains parmi vous ne changeront pas d’avis : les chardons sont et resteront des mauvaises herbes. D’autres seront prêts à revoir leur jugement devant quelques trésors un rien piquant ou épineux, à l’allure à la fois spontanée et sophistiquée. Sous ce vocable, se retrouvent aussi bien les Eryngium, Echinops, Cirsium, Carduus, Onopordon que les Sylibum. Selon les espèces, ils poussent dans les pelouses sèches, dans les marais ou en terre argileuse. Les deux premiers, les chardons généralement bleus, Eryngium et Echinops, ont spécialement retenu notre attention cet été, pour leur parfaite résistance à la sécheresse, si bien que nous nous sommes permises aujourd’hui de tirer leur portrait dans l’idée d’introduire sans danger un peu de piquant dans vos massifs. Ne les confondez pas, l’un a des fleurs allongées et l’autre, sphériques.
Eryngium
L’Eryngium appelé aussi panicaut ou faux chardon fait partie de la famille des Ombellifères ou Apiacées. D’une silhouette structurée, aux inflorescences cylindriques allongées très denses, il est originaire du sud de l’Amérique et de l’Europe. Chez nous, E. campestre et E. maritimum, le panicaut des dunes sont indigènes. Appréciant les sols calcaires, il peut se débrouiller dans tout type de sol. Différentes espèces sont intéressantes :
- E. alpinum : en juin-juillet, il porte des inflorescences entourées de grandes bractées découpées, bleu métallique. Ayant une vie éphémère, 2 ou 3 ans, il se ressème. La variété ‘Blue Star’ est adulée des fleuristes.
- E. giganteum, espèce bisannuelle,jouit d’un grand succès sans doute lié à ses collerettes bleutées de grande taille entourant ses pompons de fleurs. C’est la coqueluche des jardins bleus ou blancs. Il meurt souvent après sa généreuse floraison qui l’épuise mais se ressème facilement. E.g. ‘Silver Ghost’ a de larges bractées argentées et E.g. ‘Miss Willmott’s Ghost, le fantôme de Miss Willmotts, rappelle que la célèbre et espiègle jardinière anglaise Miss Willmott n’hésitait pas, en cachette, à disperser des graines dans les jardins qu’elle visitait si bien qu’un après, apparaissaient des semis … pas si spontanés que ça.
- E. planum, vivace, a des inflorescences épineuses bleu ciel en petits mais très nombreux capitules. Il demande un sol pauvre, bien drainé, léger. La variété ‘Jade Frost‘ a dès le mois de mars, un feuillage marginé de rose puis de crème et des fleurs blanches.
- E. x zabelii : pousse dans des sols pauvres et drainés et présente des bractées très larges et découpées dont certaines sont presque violacées.
E. planum E. giganteum ‘Silver Ghost’
Ou Echinops
On parle de lui comme d’une boule azurée à l’apparence d’un hérisson, – du grec echinos -, ou d’un oursin, en haut d’une tige robuste qui ne dépasse généralement pas le mètre. Originaires du sud de l’Europe, d’Asie et d’Afrique, ses fleurs sphériques, denses et serrées, apparaissent l’été à condition qu’il y ait plein soleil et que la terre soit bien drainée voire pauvre. On les repère souvent aux nuages de bourdons qui s’excitent autour d’elles. Quant à son feuillage, il exhibe un revers blanchâtre voire argenté assez lumineux.
- E. bannaticus ‘Taplow Blue’ et ‘Blue Globe’ sont d’un bleu acier éclatant,
- l’E. ritro ‘Veicht’s Blue’ a des fleurs bleues plus foncées presque pourpres ainsi qu’un feuillage plus large et moins épineux,
- Echinops sphaerocephalus ‘Artic Glow’ et ‘Niveus’ fleurissent en version blanc immaculé.
E. sphaerocephalus ‘Arctic Glow’ E. bannaticus ‘Taplow Blue’
Pour les bouquets
La technique est simplissime. Coupez les hampes florales au début de la floraison et faites-les sécher la tête en bas dans un espace aéré pendant quelques semaines. Puis, mettez-les en vase et le tour est joué.