Tous, nous reconnaissons les coquelicots, Papaver rhoeas, dont le rouge éclatant illumine la campagne, les champs de blé ou de bataille. D’autres espèces cousines, annuelles ou vivaces, de la même famille des Papavéracées attirent aussi le regard des jardiniers.

Venu d’Orient

Papaver orientale, originaire du Proche orient, Arménie, Caucase, Iran et Turquie, vivace, refleurit chaque année fin mai, début juin, au même endroit. Réputé pour la palette de ses couleurs vives voire tapageuses, rouge et orange principalement, il offre également des teintes plus pâles comme le rose tendre ou saumoné, le blanc ou des teintes plus foncées comme les bordeaux, pourpre, lilas ou violet. Les grosses corolles, – de 8 à 15 cm de diamètre -, simples, semi-doubles ou doubles se pavanent à environ 60 à 90 cm de haut, au bout de tiges épaisses et velues qui parfois, ploient sous leur poids. Les boutons poilus presque blancs s’ouvrent en montrant de solides bractées soutenant les grands pétales lisses ou plissés fréquemment maculés de taches rougeâtres, pourpres ou noires. Au centre, un cœur globuleux d’étamines généralement noires contraste fortement.


La durée dans le temps n’est pas le point fort du pavot oriental. Après la floraison, dès la mi-juillet, son feuillage touffu et duveteux jaunit avant de disparaître. Il réapparaît à l’automne sous forme de mini-rosette qui persiste pendant tout l’hiver et se développe en février. C’est vrai, il pourrait laisser des vides dans les massifs s’il n’est pas accompagné de plantes plus durables, arrivant tardivement à maturité et cachant son feuillage brunissant. Les exemples sont nombreux : alchémilles, euphorbes, gypsophiles, clématites herbacées, pois de senteur vivaces, asters ou géraniums vivaces. Pourquoi pas dans l’herbe ? Une solution possible des plus naturelles.


Très robuste, sa culture est un jeu d’enfant tant il s’adapte à toutes les situations. Incroyablement vivace, presqu’indestructible voire éternel, ses racines coriaces, épaisses et charnues s’enfoncent dans le sol à la verticale. D’ailleurs, comme chez le pissenlit, le moindre petit fragment de racine donne naissance à une nouvelle plante. Frugal, il n’a pas besoin d’engrais ou de fumier mais apprécie une terre ordinaire, profonde et bien drainée. La sécheresse estivale ne lui fait absolument pas peur car en cette saison, il entre en repos. Un détail qui compte par les temps qui courent.


Plusieurs pépiniéristes se passionnent pour lui et certains ont expérimenter des hybridations entre Papaver orientale et Papaver bractaeatum. Notamment en Angleterre dans la pépinière des Perry près de Londres, mais aussi en Allemagne, en Forêt Noire, dans celle de la comtesse von Zeppelin, nièce de l’inventeur du célèbre dirigeable, qui dès 1930 s’est spécialisée dans les plantes vivaces, des iris aux pivoines en passant par les pavots. Aujourd’hui, les pavots se sophistiquent : les pétales sont frangés ou carrément échevelés, doubles, bicolores ou marqués d’une ligne de couleur différente. Quelques variétés à épingler :


- ‘Mrs Perry’ : rose pâle ;
- ‘Perry’s White’ : blanc à cœur noir ;
- ‘Raspberry Queen’ : framboise avec macules noires bien marquées,
- ‘Patty’s Plum’ : à la couleur mûre écrasée assez originale ;
- ‘Karine’, rose tendre, aux macules pourpres ;
- ‘Curlilocks’ aux fleurs doubles rouges ;
- ‘Pink Perfection’, vieux rose,
- ‘Forncett Summer’ aux pétales frangés.


A opium

Papaver somniferum appelé aussi pavot de jardin ou à opium est quant à lui une plante annuelle qui disparait en hiver et se ressème abondamment pour réapparaître l’année suivante et …. pour l’éternité. Cultivé depuis la nuit des temps, il est originaire d’Europe méridionale et d’Afrique du Nord. Le pavot blanc, P. somniferum var. album est le vrai pavot à opium aux graines blanches dont la culture est réservée à l’industrie pharmaceutique pour la fabrication de la morphine. C’est de ce pavot que l’on extrait le latex pour confectionner l’opium. En revanche, le pavot botanique aux fleurs bleu mauve marquées de violet, P. somniforum var. nigrum, connu aussi sous le nom d’œillette, est cultivé pour ses graines bleues comestibles, utilisées en boulangerie, en pâtisserie et pour l’huile d’œillette.
Dans les jardins, les formes ornementales des pavots somnifères aux capsules plus petites nous enchantent par leur beauté simple, fragile et généreuse, à une époque intermédiaire entre les floraisons printanières et estivales. Sa silhouette est altière, – environ 1m de haut -, son feuillage est glauque, glabre et denté et ses longues tiges portent des corolles simples ou doubles aux pétales rose, avec quelques déclinaisons vers le violet pourpre. Lorsqu’ils sont tombés, place aux capsules qui prolongent le décor et font la gloire des bouquets secs.


Amateur de plein soleil et de sol drainé, jamais aussi beau qu’au potager en compagnie de nigelles de Damas et autres cosmos, le Papaver somniferum est très facile à semer. Dans les jardins de cottage, de curé, de grand-mère comme dans les jardins plus sophistiqués ou naturels, il a toujours sa place. Attention aux semis spontanés car les différentes variétés se croisent entre elles et souvent, les descendants redeviennent comme à l’origine, simples, rose lilas, au cœur plus foncé. Pour éviter cela, il faut enlever les capsules avant leur maturité ; elles ne se disperseront pas. Aujourd’hui, les variétés offrent des couleurs et des formes diverses. Les uns présentent des fleurs simples tels ‘Cherry Glow’, ‘Sissinghurst White’ ou ‘Single Purple’, d’autres appartenant au « Paeoniiflorum Group », des pompons larges et doubles comme des pivoines, tels ‘Frosted Salmon’, ‘Flemish Antique’ ou ‘Black Peony’, à la couleur noire impressionnante. Certains ont des pétales frisés ou laciniés, tel ‘Fringend Red’ (Laciniatum Group). La pépinière Silène propose une belle sélection de semences. www.silene.be



