Fidèle bien au-delà de l’été, l’échinacée au grand cœur

Cette marguerite pimpante a le bon goût de fleurir tardivement et d’être encore décorative au creux de l’hiver
Echinacea purpurea 'Vintage Wine'

Après un été presque pourri, un potager envahi de limaces, un jardin tristounet sous un ciel gris, il est l’heure de miser sur l’automne. Echinacea vous connaissez ? Au rayon pharmacie, cette plante médicinale populaire, vedette en homéopathie pour ses propriétés antivirales, antiinflammatoires et bactéricides a ses adeptes comme ses détracteurs. Au jardin, elle ne laisse personne indifférent. Ses bouquets multicolores démarrent tard en été, réveillent le début de l’automne, attirent toutes sortes de butineurs comme le paon du jour et en hiver, tout en restant élégants, les chardonnerets et pinsons affamés. Que lui demander de plus ?

Star des jardins naturalistes

Plante vivace originaire des grandes prairies nord-américaines, elle appartient à la famille des Astéracées. Appelée longtemps Rudbeckia pourpre en référence à sa robe rose pourpré un rien terne, les botanistes ont décidé de la classer dans un genre à part après l’apparition des variétés aux fleurs blanches et autres couleurs peps.

Son cœur proéminent, presque bombé, en forme de pomme de pin pourpre teinté d’orangé fait penser à un oursin ou un hérisson, en grec echinos, d’où son nom Echinacea. Il est composé de fleurs fertiles minuscules et entouré d’un cercle de 10 à 20 fleurs stériles bien rangées, horizontales en début de floraison puis se courbant vers le bas au fil de la saison. La floraison se renouvelle de fin juillet à fin septembre parfois jusqu’à mi-octobre. Son feuillage allongé et pointu, un peu rêche, forme une petite touffe à la base des tiges. Le résultat ? Une silhouette de marguerite un brin plus sophistiquée.

Mise à l’honneur dans les jardins naturalistes, elle en est devenue la pièce maîtresse accompagnée de graminées et d’autres plantes vivaces tels les eupatoires, filipendules, sauges, hélénies, astilbes ou véroniques. Le slogan de ce type de jardin ? Être beau toute l’année même après les floraisons. C’est le cas de l’échinacée dont le cône vire au chamois et au brun à l’automne puis accroche le givre ou la neige en hiver. Le paysagiste et pépiniériste néerlandais Piet Oudolf, un des maîtres incontestés, l’utilise à foison dans toutes ses réalisations, à commencer dans la promenade plantée de Manhattan, la révolutionnaire High line.   

Au Vlindertuin, têtes sèches d’Echinacea décoratives, en compagnie des graminées

Conditions de la réussite

Difficile à réussir l’échinacée ? Non, si certaines conditions sont respectées. Tout d’abord du soleil et encore du soleil, puis un sol consistant bien drainé, frais en été sans être humide en hiver. C’est souvent là que réside le problème. Un sol trop sec, sableux ou trop pauvre sans apport d’humus ne lui convient pas, tout comme une terre trop lourde non drainée. Dans ce cas, un peu de gravier au fond du trou fera l’affaire. Cela dit, bien rustique, robuste, elle supporte la sécheresse, ne nécessite ni tuteur, ni arrosage, ni soin particulier et ne connait pas de maladies ni de prédateurs à part les limaces qui pourraient sévir au printemps sur les jeunes feuilles bien fraîches.

Echinacea purpurea ‘Harvest Moon’

Quand les planter ? Généralement on conseille le printemps après l’humidité hivernale mais il est parfois utile de les choisir en fleurs dans les fêtes de jardin de la fin d’été pour avoir la bonne couleur. Pour éviter que la plante bien en place ne se fatigue et ne donne plus la floraison escomptée, divisez-la après 4,5 ans en la déterrant en début de printemps et en la tranchant en 2, 3 éclats à l’aide d’une bêche. Ces éclats directement replantés seront de nouvelles promesses de floraison.

Qui choisir ?

Le choix est vaste tant il y a de variétés aux formes de fleurs et aux couleurs différentes. Les hybridations en quête d’originalité inondent le marché chaque année, avec des coloris de plus en plus fous ou avec des plantes aux pétales qui tiennent à l’horizontale sans retomber. Les dernières obtentions présentent des plantes plus vigoureuses, des fleurs doubles, semi-doubles ou simples aux pétales étroits ou larges, longs ou courts, aux pompons de diverses couleurs presque plats ou au contraire très pointus et parfois des variétés légèrement parfumées. Attention, les nouveautés ne sont pas forcément des bonnes plantes. Renseignez-vous ou misez sur des valeurs sûres.

Echinacea purpurea, est l’espèce la plus populaire et la plus cultivée. En haut de tiges de 60 cm, – les plus petites ont 40 cm -, jusqu’à 1m, elle présente les plus grandes fleurs. Elle est à l’origine d’un grand nombre de variétés. Quelques-unes sont devenues courantes dans les jardins :

  • E. p. ‘Magnus’ : grandes fleurs rose lilas légèrement retombantes avec un cœur brun ;
  • E. p. ‘Ruby Giant’ : grandes fleurs horizontales rose foncé avec un cône brun orangé ;
  • E. p. ‘Rubinstern’ : rouge lilas avec un cœur orange ;
  • E. p. ‘Vintage Wine’ : très florifère, sélection de Piet Oudolf aux pétales rouge pourpré légèrement dressés ;
  • E. ‘Green Envy’ : fleurs jaune vert au cœur aplati vert foncé ;
  • E. p. ‘White Swan’ : un des plus beaux cultivars à fleurs blanches ;
  • E. p. ‘Razzmatazz’ : une variété surprenante aux gros pompons rose vif ;
  • E. p. ‘Art’s Pride’ : orange vif mais variété sensible à l’humidité hivernale;
  • La série des ‘Sombrero’ offre un port plus compact

Coin des collectionneurs

D’autres espèces intéressent les jardiniers qui réussissent les E. purpurea :

  • E. pallida : fleurs rose pâle pendantes et étroites originaires des zones humides ;
  • E. angustifolia : aux fleurs roses étroites, courtes et recourbées avec un cœur amarante ;
  • E. paradoxa : aux fleurs jaune citron étroites et retombantes autour d’un cœur chocolat mais peu adapté aux climats humides ;
  • E. tennesseensis : rose violet, poussant dans les zones rocailleuses et pauvres.
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