Ils sont de plus en plus nombreux à s’éprendre du Galanthus, appellation botanique d’un petit bulbe, le ou la perce-neige. A vous de choisir, tout est permis. Outre Manche, on ne les compte plus. Là-bas durant les deux premiers mois de l’année baptisés « galanthuary », il sied à tout connaisseur averti, de rassembler quelques craquantes nouveautés du genre snowdrop sous les frondaisons nues des arbres et arbustes. Les visites de jardin y sont sold out et les cohortes de touristes ont le chic de se recroqueviller, transis de froid, le genou à terre dans les borders tout illuminés de blanc. Il faut bien avouer que si ces minuscules clochettes fleurissaient trois mois plus tard, personne ne leur prêterait la moindre attention. Mais en début d’année, lorsque le jardin est encore endormi et qu’il n’y a rien d’autre à se mettre sous la dent qu’une branche d’Hamamelis ou une fleur d’Hellébore, il fait le printemps. Chez le mordu du genre, une sorte d’ivresse sévit de janvier à mars au point que certains bulbes changent parfois de main pour la coquette somme de 45 livres. C’est en février que culmine vraiment la floraison. Cependant certaines espèces fleurissent déjà à l’automne comme G. reginae-olgae originaires de Grèce et de Sicile ou tel le G. ikariae, tardent à scintiller dans la lumière d’avril-mai. Leur floraison s’avère donc très longue. Ce que beaucoup de jardiniers ne réalisent pas.
On le surnomme aussi grelot blanc ou goutte de lait.
Sans devenir nécessairement aficionado du perce-neige, laissez-vous tenter par ces merveilles de la nature qui reviennent sans soucis chaque année. Peut-être pensez-vous qu’un perce neige blanc ourlé de vert ne fait que ressembler à un autre perce-neige ? Eh bien non ! En réalité il y en a une grande diversité. De longues fleurs étroites ou plus grosses, blanches avec des taches vertes ou jaunâtres, simples ou doubles et des feuilles vertes grisées, bleutées, pointues, étroites ou larges. Beaucoup d’espèces sont encore découvertes de nos jours dans le Caucase, la Tchéquie et la Turquie. Le Galanthus nivalis le plus commun dans nos régions s’est naturalisé à grande échelle. Ceci dit, chaque année de nouveaux cultivars croisés par des spécialistes voient le jour. On en compte environ 500.
Planter 10 perce-neige est un strict minimum. Une centaine voire un millier, c’est mieux
En Belgique, Cathy Portier de la pépinière de plantes alpines près de Bruges réunit une très belle collection de sneeuwklokjes. Plus de 200 variétés. Lors de ses portes ouvertes les week-ends des 11 et 12 février et des 3 et 4 mars, vous pourrez la découvrir et suivre une promenade guidée dans le jardin. Et sans doute apercevoir un joli bébé de Cathy, G. ‘Funny Justine’ qui garde ses fleurs bien dressées. Il porte le prénom de sa petite fille. A Schoten, à l’orangerie du Vordenstein, une expovente agrémentée de conférences est organisée sur le sujet le 19 février prochain (www.galanthus.be et T. 0495 20 64 23). Enfin à l’arboretum Kalmthout, les 25 et 26 février se tient la quatrième édition d’un snowdropsshow (www.arboretumkalmthout.be/fr et T. 03 666 67 41). Avis aux amateurs.

EN PRATIQUE
Ce petit bulbe est extrêmement tolérant quant au sol. Il se plante à l’automne à 5 cm de profondeur dans un sol humifère, sous le couvert d’arbres et arbustes caducs. Il se naturalise facilement mais pas toujours rapidement. Les plus lents mettent de 5 à 10 ans pour former un tapis. Ceci dit, le perce-neige réclame peu de soins et brave le froid sans sourciller. S’il neige ou s’il gèle, il se replonge dans une brève hibernation dont il émerge à la moindre hausse de température. Lorsque ses corolles sont fanées, il conserve un peu de feuillage juste le temps de se recharger en énergie pour refleurir l’année suivante. Il est vraiment irréprochable. Diviser la touffe tous les 4 ans à la fourche-bêche maintient sa vigueur et assure sa prolifération. Le plus facile est de le faire en fin de floraison quand le feuillage est encore vert. Les bulbes sont alors replantés par groupe de 6 à 8. A la fin du printemps, le perce-neige disparait et s’endort sous la terre.

ASTUCES
Henry John Elwes, collectionneur renommé a donné son nom au Galanthus elwesii, un des grands perce-neige aux larges feuilles vert grisé découvert en 1874 près de Smyrne. Repéré aussi à l’état naturel en Grèce et dans les Balkans. Il préfère des situations plus ensoleillées, sèches et pauvres que le G. nivalis.
Si le perce-neige refuse de fleurir c’est sans doute parce que le bulbe est déshydraté. Sol trop sec ou plantation trop tardive. Evitez donc de laisser traîner vos bulbes, ils ne supportent pas d’être longtemps hors de terre et ne vous le pardonneraient pas. C’est la raison pour laquelle de plus en plus de pépiniéristes les vendent en fleurs dans des conteneurs.
G. nivalis ‘Flore pleno’ est un cultivar très ancien à fleurs doubles. Retourné à l’état sauvage, il est superbe même si d’aucuns lui prêtent parfois un air désordonné. G. ‘S.Arnott’ est considéré comme un des plus beaux. Avec en plus un parfum de miel malheureusement pas toujours facile à repérer. Par ailleurs, à noter une variété à fleur jaune comme le G. plicatus ‘Wendy’s Gold’ d’excellente vigueur.
En excellente compagnie avec les Cyclamen hederifolium et coum, les hépatiques, anémones sylvies, hellébores, Trillium, Arum italicum subsp.italicum, pulmonaires, Eranthis jaunes, Iris pallida et Crocus tommasinianus. Sans oublier les pervenches et les bugles au feuillage persistant.
Déco dans un massif de buis à Marks Hall
PEPINIERE CATHY PORTIER 27 Margareta Van Vlaanderenstraat à 8310 St Kruis (Brugge) www.alpenplanten.be