La persicaire, une renouée qui a de l’avenir

Toute simple, facile à vivre, elle fleurit longtemps jusqu’aux premières gelées.

Il y a renouée et renouée. Il y a celle qu’il faut retenir et celle qu’on peut oublier comme la renouée du Japon ou Fallopia japonica qui nous affole et envahit tout. Invasive, elle peut vite transformer votre jardin en jungle. Exotique indomptable, elle a déjà fait couler beaucoup d’encre. Celle dont nous voulons tirer le portrait aujourd’hui est une autre orientale, originaire de l’Himalaya, la Persicaria amplexicaulis. Une vedette qui structure les massifs de l’été et de l’arrière-saison et fleurit longtemps. Peut-être avez-vous déjà repéré ses longs épis se balançant à environ 50 cm mètre de haut ?

Son nom porte aussi à confusion. De la famille des polygonacées, il fut un temps où on l’appelait Polygonum amplexicaule. Les botanistes lui ont désormais donné celui de Persicaria amplexicaulis. Mais certains continuent encore à l’étiqueter comme avant. D’autres ne sont pas d’accord, notamment en Allemagne et compliquant encore la chose, la désignent sous Bistorta amplexicaulis. A y perdre son latin. Mais gardons la tête froide, elle vaut la peine qu’on s’y attarde. En tout état de cause, il s’agit d’une plante toute simple, un tantinet sauvage. Une herbacée à tige noueuse. De là viennent dans le langage vernaculaire ses dénominations de renouée, bistorte ou serpentaire. On la reconnait aux articulations de la tige et à son port divergent qui peut faire penser à celui de la prêle. Il parait que son rhizome est également noueux.

De juillet à octobre et parfois même jusqu’aux premiers froids, les longues tiges portent des épis fins de 7 à 10 cm de long composés de fleurettes rouges, roses ou blanches. Le feuillage se colore en rouge dès l’automne venu. Jamais malade, elle se plait en toutes circonstances, du moment que le soleil ne lui tape pas sur la tête et que le sol ne soit pas trop sec. En milieu naturel, elle se plaît dans les forêts et prairies humides. Elle a le bon ton de faner de manière attrayante et de garder une silhouette intéressante après la floraison.

Piet Oudolf, architecte paysagiste néerlandais renommé l’utilise sans compter dans ses massifs de plantes vivaces en compagnie des graminées. Père de quelques variétés, elle est pour lui une plante de remplissage. Depuis, il a fait école. Jusqu’en Angleterre. Facile à vivre, on la divise au printemps ou à l’automne en tranchant simplement la touffe par quelques coups de bêche. Pourquoi ne pas l’installer en pot ? Dans un substrat bien compact qui garde eau et fraîcheur et à condition d’être bien arrosée, elle offre un décor de longue durée à une terrasse ombragée. P. a. ‘Pink Elephant’ par exemple joue très bien ce rôle.

Aujourd’hui différents pépiniéristes et amateurs effectuent des travaux d’hybridation à la recherche  de plantes aux fleurs plus grandes et plus grosses. Pour obtenir plus d’effet. Une cinquantaine de nouveaux cultivars sont apparus. Parfois même de la grosseur d’un doigt. Quant aux couleurs des fleurs, elles varient dans les tonalités de rouge, rose, saumon et blanc.

Chris Ghyselen

Chris Ghyselen est architecte paysagiste. Il aime et connait les végétaux. Passionné il se met à en hybrider quelques-uns. Ceux qui le font craquer comme les Brunnera macrophylla ou myosotis du Caucase, les Helianthus ou tournesols vivaces et surtout les Persicaria amplexicaulis. Beaucoup de cultivars sont nés chez lui dans son jardin d’Oostveld qui représente son terrain d’expérimentation doublé d’une petite pépinière. Plusieurs ont déjà effectué  le tour du monde. Pour n’en citer que quelques-uns : ‘Dikke Floskes’ facile à retenir, ‘Fascination’, aux fleurs rose saumon d’1m50 de haut, ‘Blackfield’, rouge profond très foncé d’une hauteur de 70 cm. Certains autres doivent encore confirmer leur performance et attendent d’être nommés.

D’autres persicaires à découvrir

Persicaria affinis est une des petites de la bande. Un couvre-sol classique apprécié pour le renouvellement de ses floraisons hérissées de fins épis roses, de juillet à novembre. Sa végétation est tapissante et étalée d’une hauteur de 25 cm. Parfait pour constituer de larges bordures compactes. Son feuillage devient rouge-bronze à l’automne.

Persicaria polymorpha à la floraison blanche figure parmi les grands formats. Spectaculaire, elle donne de la hauteur à l’arrière d’un massif à l’ombre. Elle semble être désinvolte mais reste bien en place. Une mention spéciale à P. polymorpha ‘Eastfield’.

Persicaria campanulata, plus discrète, est carrément charmante. Elle est pourtant trop peu utilisée dans les massifs. Des petites panicules légères, retombantes et parfumées – surtout en fin de journée -, formées de fleurs blanches ou légèrement rosées sont visibles au sommet de longues tiges élancées. Adorable parmi les astrances, les astilbes ou les hostas.

Persicaria orientalis est une géante peu rustique que l’on cultive chez nous comme une annuelle. Pour ses fleurs pendantes rose-pourpré. Les anglais l’appellent « Kiss me over the garden gate » car elle  a tendance à se ressemer naturellement. Ceci dit, son semis étant très délicat, le temps de germination assez long et la transplantation difficile, on a souvent intérêt à commencer par acheter une plante en conteneur afin de l’introduire au jardin.

PLUS

CHRIS GHYSELEN: www.chrisghyselen.be

POLYGONACEE

La rhubarbe, l’oseille et le sarrasin font partie de la même famille que la persicaire.

PERSICARIA VIRGINIANA ‘Painters Palette’

Une persicaire  fantaisiste à essayer par les amateurs de panachure pour les effets marbrés des différentes couleurs de son feuillage.

BISTORTE

Répandue dans les fossés et prairies mouillées des massifs montagneux, son rhizome est « tordu » deux fois.

RENOUÉE DES OISEAUX

C’est une adventice particulièrement envahissante appelée aussi herbe aux cent nœuds dont les graines sont très appréciées des oiseaux.

FALLOPIA

Les Fallopia ont la particularité d’avoir des tiges enroulées.

Partager