Le Rudbeckia, soleil de l’automne

Il accompagne avec panache les feuillages flamboyants et pourtant, méconnu, il n’est pas assez présent dans les jardins
Rudbeckia triloba 'Prairie Glow'

En cette saison, il brille de mille feux dans la gamme des ors, des orangés et des pourprés. Parfois aussi avec des touches originales de marron ou d’acajou. De la famille des Astéracées, originaire des grandes prairies d’Amérique du Nord, le Rudbeckia fleurit généreusement dès le creux de l’été jusqu’aux gelées. Il fait merveille en plein soleil. Jamais malade, accommodant à toutes épreuves, sans prétention, il rappelle le charme des jardins de nos grands-parents et participe aux grandes compositions naturelles tant appréciées aujourd’hui par les jardiniers du monde entier. Quand on sait que cette fleur solaire est en outre une source de nectar appréciable pour les insectes pollinisateurs, pour nous c’est évident, le Rudbeckia est une valeur sûre.

Marguerite d’automne

Il existe plusieurs espèces dont les hauteurs varient de 50 cm à 2 m, les unes étant plus vivaces que les autres. Toutes ont un look de marguerite. Autour d’un cœur en forme de cône proéminent, leurs pétales aux couleurs chaudes sont sagement disposés en couronne, en une ou plusieurs rangées. On pourrait leur prêter aussi un air de famille avec l’Echinacea purpurea au cœur presque bombé, appelé souvent Rudbeckia pourpre en référence à sa robe rose pourpré.

En compagnie du magnifique Pennisetum macrorum ‘White Lancer’ au jardin de Hermannshof

Le Rudbeckia apprécie une terre riche et fraiche en été et un paillage qui nourrit les racines. En compagnie des graminées, il est une pièce majeure des jardins naturalistes et la signature de l’architecte paysagiste américain Wolfgang Oehme. Très à l’aise aussi avec les asters, – appelés dorénavant Symphyotricum -, anémones du Japon, Echinacea ou encore auprès des Kalimeris et autres Perovskia. Utilisez-le dans les bouquets, ses tiges raides en font une fleur à couper idéale, ses corolles tenant plus d’une semaine dans un vase.

En compagnie des asters/ Symphyotricum au jardin de Hermannshof

En pratique, si vous ne faites pas le grand nettoyage en fin d’automne, laisser sécher les cônes noirs sur les tiges défleuries, vous en profiterez encore longtemps et le givre à venir les magnifiera. Choisissez-les Rudbeckia maintenant en début d’automne et plantez-les sans hésiter. Après 2 ou 3 ans, pour les rajeunir, divisez les touffes en gardant les éclats qui comptent 2 à 5 bourgeons.

Les meilleurs  

–              Le premier qui vient à l’esprit et le plus répandu dans les prairies américaines est certainement Rudbeckia fulgida notamment R. f. var. deamii à la robe jaune ; un des seuls qui s’accommode vraiment de la sécheresse. R. fulgida var. sullivantii ‘Goldsturm’ plus petit, – 60 cm au lieu d’1m -, donne des fleurs jaunes plus grandes aux pétales plus fins. Avec sa longue floraison jusqu’en novembre et sa faculté de naturalisation, cette variété sort du lot.

R. f. var. fulgida

–              R. laciniata ‘Herbstsonne’ est un géant de 2 m intéressant à une saison où les plantes ne culminent pas si haut. Son feuillage profondément découpé met en valeur des fleurs jaune pâle. R. l. ‘Goldquelle’ est une forme à fleurs doubles assez lourdes, qui peuvent parfois verser au premier coup de vent.

R. l. ‘Herbstonne’

–              R. subtomentosa exhibe des touffes denses et compactes d’une hauteur de 80 à 120 cm. Ses fleurs jaune clair à cœur noir sont nettement plus petites mais beaucoup plus nombreuses. La variété R. s. ‘Henry Eilers’ aux pétales fins bizarrement tuyautés est vraiment charmante.

–              R. triloba compte parmi nos préférés. Ses petites fleurs tardives rondes, jaune d’or à cœur noir, de 80 à 120 cm de haut sont particulièrement abondantes. Raison pour laquelle il ne vit pas longtemps ou parfois meurt d’épuisement, ce qu’on lui pardonne. Plusieurs l’utilisent alors comme plante annuelle.  ‘Prairie Glow’ met du peps dans les plates-bandes et est parfaite dans les bouquets.            

La nouvelle génération

Rudbeckia ‘Berlin’

Rudbeckia hirta faisait jadis partie de la pharmacopée des Indiens. Ces tiges, feuilles et bractées sont recouvertes de gros poils rêches. Les uns le considèrent comme vivace et les autres comme annuel. Toujours est-il que sa vie au jardin sera relativement courte. Par ailleurs, on n’a pas beaucoup de recul sur sa résistance aux gelées hivernales.

Des nouveaux hybrides alléchants se retrouvent sur les étals et sont la folie actuelle des jardiniers d’Outre-Manche. ‘Berlin’, de la City Série, est un des plus connus ; ses grandes fleurs simples sont marquées de rouille ; ‘Cappucino’ offre des fleurs bronze avec des touches jaune d’or au bout des pétales ; ‘Marmelade’ au port plus compact, des grandes fleurs orange clair à œil noir, ‘Prairie Sun’, des pétales jaunes contrastant avec le cœur vert et ‘Cherry Brandy’, des fleurs étonnamment rouges. Vous les trouverez en godets ou vous achèterez des graines à semer au chaud début avril, pour une mise en place mi-mai. Un bon conseil : en coupant régulièrement les fleurs fanées, vous allongerez la période de floraison.

Gaillarde, à ne pas confondre

Gaillardia x grandiflora ‘Dazzler’

Gaillardia x grandiflora, une cousine originaire des mêmes contrées et appartenant à la même famille lui ressemble. Une autre marguerite aux couleurs vives parfois criardes qui fleurit abondamment et sans interruption au même moment et dans les mêmes conditions d’ensoleillement. De quoi douter ! Issue d’un croisement entre une espèce vivace et annuelle, sa vie sur terre ne sera donc pas bien longue. Si vous espérez la garder d’une année à l’autre, taillez-la sans sourciller à 10 cm du sol pour éviter qu’elle ne s’épuise. La variété ‘Dazzler’ à la cocarde rouge ourlée de pétales jaunes curieusement crantés a fait ses preuves. On la trouve en godet ou en sachet de semences.

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