Pas si ordinaire que ça la capucine

D’une simplicité déconcertante, elle amène vie, couleur et saveur au jardin pendant tout l’été et l’automne jusqu’au premier gel
A Giverny

Qui ne se souvient des capucines de son enfance, chez une grand-mère parmi les rhubarbes et les groseilles vertes. Et qui ne se rappelle les allées de Giverny, le jardin de Claude Monet, ourlées de ces capucines aux couleurs de fête et de soleil. Originaires d’Amérique du sud, plus précisément des Pérou, Chili, Colombie et Mexique, elles débarquent en Europe au XVIIème avec les grandes expéditions des conquistadores. Appelées Tropaeolum majus  ou grandes capucines, elles appartiennent à la famille des Tropaeolacées. Curieux nom imaginé par le célèbre botaniste Linné. Il vient du latin, signifie trophée, arme ou cuirasse de l’ennemi vaincu. Ses feuilles ont la forme d’un bouclier et sa fleur d’un entonnoir agrémenté d’un éperon nectarifère qui ferait penser au casque de soldat romain. Le botaniste français Tournefort  avait aussi reconnu dans sa corolle la capuche d’un moine dit capucin. Nous y voilà.

Sous nos latitudes, les capucines se comportent comme des plantes annuelles. Mais produisant des graines en abondance, elles ont le bon goût de se ressemer toutes seules. Capucine un jour, capucine toujours. D’une simplicité extrême, elles bousculent le jardin. Leurs feuilles rondes, vert tendre sont assez grandes. Parfois jusqu’à 30 cm de circonférence. ‘Alaska’ et ‘Jewel of Africa’ sont des variétés au feuillage vert pâle marbré de blanc crème. Les amateurs de panachure les adoptent sans sourciller. La période de floraison est très longue tant qu’il ne gèle pas. Les teintes varient du jaune pâle au rouge foncé en passant par le rose et l’orange. Des coloris à la fois chauds et veloutés quelquefois maculés ou striés d’une autre couleur. Les fleurs sont simples et sans entretien. De plus en plus de nouvelles hybridations comptent des fleurs doubles sans doute plus belles encore mais dont les fleurs fanées doivent être régulièrement enlevées pour stimuler l’arrivée des nouvelles. Sachez aussi que ces dernières ne se ressèment pas. Cela étant pour les uns un inconvénient et pour les autres une qualité. T. peregrinum, la capucine des canaris, au feuillage très découpé grimpe hors des sentiers battus. Fragile et difficile à acclimater chez nous, pas facile à trouver, elle est à réserver aux connaisseurs. Certaines capucines comme T. speciosum ou tuberosum sont tubéreuses. Issues de rhizomes ou tubercules tel un dahlia, elles sont en principe vivaces mais tellement frileuses qu’elles craignent le gel et l’humidité hivernale.

Avec un peu de soleil, dans n’importe quelle bonne terre de jardin, elles donneront le meilleur d’elles-mêmes. La floraison est toujours plus abondante dans un terrain pauvre ou négligé. Grimpantes, couvrantes, naines, le long d’une allée, entre les légumes du potager, en tipi, dans la parcelle des enfants, dans les jardinières ou au pied d’un grillage, tout est bien. Les naines se réjouissent de croître dans des pots alors que les grimpantes dont l’‘Hybride de Lobb’ sans crampons, ni ventouses, s’attachent en enroulant simplement leurs tiges souples et volubiles sur des supports prédestinés.  Semez-les directement en place – elles détestent être repiquées –  dès avril/mai lorsque la terre est réchauffée. Les graines de la grosseur d’un petit pois sont déposées dans un sillon à 30 cm l’une de l’autre pour les petites et à 60 pour les grimpantes ou par trois ou quatre en poquets dans un trou de 5 cm de profondeur. Puis, laissez- les faire, elles se débrouilleront toutes seules. Si elles deviennent un rien envahissantes voire carrément folles, n’hésitez pas à les tailler pour les ramener à des proportions raisonnables.

A croquer

Les qualités culinaires de Tropaeolum  sont indiscutables. Appelée aussi « cresson d’Inde » ou « du Pérou », ses feuilles ont un goût proche du cresson de fontaine. Nos voisins britanniques l’appellent Nasturtium ou saveur piquante un rien poivrée en latin. D’aucuns y trouvent une pointe de moutarde. Les feuilles se consomment dans des salades autant que les fleurs croquantes un peu plus sucrées. On les fourre de fromage blanc poivré et on les hache finement pour relever une vinaigrette ou un beurre d’accompagnement.  Les boutons floraux sont confits avec du sucre comme les fleurs de violettes ou conservés au vinaigre comme condiments. On grignote les fruits encore verts et cueillis jeunes ou on les garde dans le vinaigre à la manière des câpres. A noter T. tuberosum difficile à cultiver chez nous qui cache dans le sol de nombreux tubercules comestibles à la saveur douce appréciée en Amérique du sud.

ASTUCES

Pucerons et cie. Attirant les pucerons, les capucines offrent leurs feuilles à leur voracité tandis que les plantes voisines restent intactes. C’est pareil pour les chenilles dont la piéride du chou. Un piège en quelque sorte. Et un grand classique au potager. Elles ont aussi leur place au pied des arbres fruitiers. Coupez les feuilles atteintes ou enlevez le plant infesté, l’invasion s’arrêtera d’elle-même. Les limaces semblent les dédaigner. Pour une fois.

Bouquets. Même si leurs tiges sont frêles, quoi de plus adorable qu’un petit bouquet de capucines au milieu de la table. Henri Matisse aimait les peindre dans un vase. Ou tout simplement quelques corolles à fleur d’eau dans une coupe et le tour est joué.

T. speciosum, cette capucine grimpante à rhizome est à réserver aux amateurs éclairés. S’élevant à environ 3 m de haut, elle apprécie outre les sols frais, humifères et plutôt acides, les régions humides et clémentes. Ses grappes de minuscules fleurs vermillon illuminent les zones ombragées et s’insinuent entre les arbustes. Un drapé de fleurs  élégant toujours spectaculaire à admirer.

Les sélections dont les fleurs bien visibles dominent le feuillage sont intéressantes. Quelques-unes forment des touffes compactes de 30 cm de diamètre maximum. D’autres sont à épingler pour leurs corolles doubles ou semi doubles. Retenez les variétés ‘Dwarf Cherry Rose’ aux fleurs rouge cerise, ‘Cherry Rose Jewel’ aux reflets carmin, ‘Tom Pouce’ et ‘Tip top’ aux coloris contrastés, ‘Whirlybird’ curieusement sans éperon et  ‘Pêche Melba’ aux fleurs jaune pâle à grandes taches rouges au centre.

LES PLUS

LANGAGE DES FLEURS

Attention, la capucine symboliserait l’indifférence. Est-ce possible ?

SEMIS

La veille du semis, pour accélérer la germination, faites tremper les graines dans un fond d’eau tiède.

VERTUS MEDICINALES

La capucine riche en vitamine C a des vertus revitalisantes et des propriétés antiseptiques. On la dit tonifiante voire même aphrodisiaque. Ses graines servent à la préparation d’antibiotiques.

CHEVEUX

Elle tonifie les cheveux fins et est utilisée pour ralentir la chute des cheveux. Elle entre dans la composition de nombreuses lotions capillaires. 

SANS FLEURS

Vos capucines vous désolent. Elles ne donnent pas les fleurs escomptées mais uniquement des feuilles. Soit elles ne reçoivent pas assez de soleil, soit le sol est trop riche en azote.

GOUTTE d’EAU

Instant magique qu’une goutte d’eau sur une feuille de capucine…

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