Petits par la taille et peu encombrants, sans chichis, ils ont le bon goût de trouver leur place dans chaque jardin. Un peu de farniente, de soleil, d’humus et de compost, une taille annuelle en hiver et le tour est joué. Le côté un rien échevelé de leurs buissons ne leur garantit pas la première ligne au jardin. Tant mieux pour les petits chapardeurs. Ne vous privez pas des Rubus idaeus, les framboises si délicates. En magasin elles sont chères, ni savoureuses, ni parfumées. Elles ne se conservent pas. Avec une bande de terre d’1m de large, acide de préférence et pas trop sèche, 2 ou 3 poteaux d’ 1m60 de haut, quelques fils tendus à l’horizontale pour le palissage, vous pouvez commencer à rêver. Il faudra tenir le framboisier à l’œil afin qu’il ne colonise pas tout votre jardin ou ne s’incruste incognito chez votre voisin. Volontaire, il drageonne sans relâche. Un petit coup de tondeuse ou de binette fera l’affaire. Et vous réinstallerez le drageon le long d’une nouvelle ligne. A développement durable avec ça ! Un paillis de tonte de gazon, de broyat ou de feuilles mortes maintiendra la fraîcheur et diminuera la levée des herbes indésirables. La plupart des framboises se récoltent au solstice de juin. ‘Malling Promise’ ou ‘Meeker’ sont des valeurs sûres mais osez aussi les anciennes variétés du terroir proposées par votre pépiniériste. D’autres, les remontantes, fructifient deux fois sur la même tige. En deux temps, d’abord à l’automne sur le haut des tiges nées du printemps, puis au printemps suivant, sur la partie basse de ces mêmes tiges. Retenez ‘Zeva’, ‘Héritage’ ou ‘Autumn bliss’. Et pourquoi pas des framboises jaunes, comme ‘Golden Everest’ ou comme ‘Fallgold’, remontantes, petits rayons de soleil dans votre haie gourmande. Les buissons non-remontants se taillent au sol après fructification alors que seule est coupée l’extrémité des tiges des remontants qui ont produit le premier automne. L’année suivante, après la mise à fruits de juin, au ras de terre. Pas de stress, avec un brin d’observation et de sagesse, l’affaire est dans le sac.

Qui dit groseillier à fruits, dit soit groseillier à grappes, Ribes rubrum, soit groseillier épineux ou à maquereau, Ribes uva crispa, soit cassissier à grappes noires, Ribes nigrum. Très rustiques, ils nous viennent du nord et ont besoin de froid pour fructifier. Peu exigeants quant à la nature du sol, les buissons espacés d’1m et demi, demandent à la fois compost et paillis car leur enracinement est superficiel. Ils comptent peu d’ennemis, à part merles, grives et étourneaux. La pose d’un filet est souvent judicieuse. Les groseilles à grappes, auto fertiles et sans épines, sont traditionnellement rouges, telles ‘Industria’, ‘Jonkheer van Tets’ ou ‘Rosetta’ mais elles déclinent aussi le rose, ‘Gloire des Sablons’ ou le blanc, ‘Witte Parel’ et ‘Versaillaise blanche’. Association magique dans les desserts.
Les groseilliers à maquereau produisent de grosses baies solitaires velues. Leur nuancier va du vert au noir en passant par le jaune, le rose ou le rouge de ‘Winham’s Industry’. En Angleterre et en Irlande, leur cueillette très populaire équivaut, toutes proportions gardées aux vendanges et des clubs très sérieux décernent des prix aux variétés portant les plus gros fruits. Chez nous, leur réputation n’est pas terrible sans doute à cause du manque de saveur des fruits du commerce, aigres et durs car récoltés avant d’être mûrs. Leurs branches épineuses et leur sensibilité à l’oïdium en découragent certains. Un bon conseil, choisissez des variétés inermes comme ‘Captivator’ ou non sensibles telles ‘Hinnonmäki Röd’ dont le fruit rougit à maturité, ‘Resistenta’, ou ‘Invicta’.
Un dernier mot sur les cassissiers, non épineux, peu appréciés comme tels mais qui donnent des gelées admirables et des liqueurs non moins exquises. Aussi des infusions digestives. Son bois, ses feuilles et ses bourgeons sont parfumés. Leurs feuilles fraîches frottées sur les piqûres d’insectes, soulagent la douleur et l’inflammation. Quant à la taille hivernale des groseilliers, il suffit d’enlever le vieux bois à l’écorce crevassée et sombre qui ne produit plus, les branches qui se chevauchent et le tiers la longueur des jeunes branches. En gardant toujours à l’esprit que le centre du buisson doit rester aéré et ouvert.
‘Versaillaise blanche’
Groseille à maquereau Cassis
Tuteur à la verticale A la verticale
En éventail En éventail
Palissage sur un mur Sur un mur
A essayer
Aujourd’hui on trouve des hybrides ou croisements vigoureux entre framboise et mûre, la ronce américaine ou entre groseillier à maquereau et cassis, la caseille ou casseille. Ni l’un ni l’autre vraiment. La ronce américaine doit être palissée sur un support comme toutes les ronces domestiques. Son fruit ressemble à une sorte de grosse framboise allongée à la chair acidulée très ferme. Les plus connues sont ‘Tayberry’, épineuse à fruit grenat, ‘Loganberry’, inerme à fruit presque noir et ‘Youngberry’, précoce (début août), inerme à fruit noir. La casseille, jamais malade et sans épines, produit des fruits glabres ayant la forme et la couleur du cassis mais plus gros et moins savoureux. Ils gardent ce brin d’acidité propre à la groseille à maquereau. La variété ‘Josta’, une allemande est une des plus réputées.
Promesse de casseilles Ronce américaine Ronce américaine
Ronce américaine
Astuces
Recette anti-oïdium. Pour éviter la maladie, donnez à votre groseillier un emplacement ensoleillé et bien ventilé. L’air doit circuler au centre de l’arbuste. S’il est trop tard, tentez cette inoffensive recette de grand-mère. Cuire à feu doux pendant une demi-heure, une demi-casserole de feuilles de sureau dans de l’eau. Diluez la décoction dans de l’eau froide et aspergez avec le pommeau de l’arrosoir ou un vaporisateur. La décoction à base de prêle est aussi efficace.
Pour les puristes. C’est en Hollande et en Grande-Bretagne surtout qu’on pratique la célèbre sauce pour le maquereau. Une recette issue du Moyen Age qui aujourd’hui s’oublie dans les chaumières. Pour 4 maquereaux, faire éclater 200g de groseilles dans une casserole puis les réduire en purée. Mêler 50g de beurre et du persil et laisser fondre en remuant. Saler et poivrer. D’autre part, farcir les poissons de persil, estragon, fenouil, ail et échalote et cuire au four. Avant de servir, ajouter à la sauce un peu de crème fraîche ou d’ersatz pour la rendre onctueuse.
Sur tige. N’hésitez pas à acheter vos petits fruits sur tige. Surtout les groseilliers. Fini le dos courbé, les fruits se cueillent à 1m20 du sol. Sachez que la récolte est sans doute moins abondante, mais le plaisir des yeux est bien présent. Très appréciés par le jardinier en quête de structurer son jardin car ils tirent le regard vers le haut et en hiver, ponctuent sa composition.
Pectine. Les groseilles à maquereau sont utiles à la préparation des gelées, confitures et compotes car cuites avec d’autres fruits, elles donnent un certain taux de pectine et d’acidité. Le tout s’épaissit plus rapidement.
Surgelez. Lorsque la récolte est trop abondante ou que vous n’avez pas le temps d’entamer une séance confiture, surgelez vos fruits. Pour vous offrir des jus pendant tout l’hiver. Des petits mélanges salutaires agrémentés selon votre fantaisie de jus d’orange, de citron, d’une banane, d’une pomme… Cela donne du peps, c’est bon, c’est beau, c’est bio. Si vous différez vos confitures, sachez qu’avec les fruits surgelés, la pectine prend moins bien et pour y remédier, ajoutez du citron.
Plus
A savoir
Les framboises très fragiles ne conservent pas plus de 24h au frais. Congelez le surplus en les dispersant, bien séparées, sur un plateau. Une fois durcies, regroupez-les dans un sac en plastique.
Pendant tout l’été
Choisissez bien les variétés dans le but d’étaler les récoltes. Quelques précoces mélangées à d’autres tardives. Après, plus question de se creuser la tête pour les desserts.
Pour les angines
Il parait que le sirop de vinaigre de framboise préparé avec 250gr de fruits pour un litre de vinaigre de vin blanc soigne les angines, en sirop ou en gargarisme.
La robe des vins
Les fruits rouges décrivent la robe des vins. La couleur rose framboise annonce un vin jeune et fruité. Alors que le rouge groseille indique un vin entrant dans sa maturité.
Et encore
Il y a encore tant à dire quant aux mûres, ronces, myrtilles, airelles et fraises …