Thierry Gilmont, devenu au fil du temps un passionné de fruits, en est persuadé. Nous l’avons rencontré, il nous en a fait la démonstration. En effet, déçu par les étals des magasins et désirant retrouver les saveurs de son enfance, il décide de planter des fruitiers pour déguster les fruits chez lui. Le hic est que son jardin bruxellois n’est pas élastique. Il décide alors de palisser ses arbres fruitiers pour gagner du terrain. Il parvient même à leur dédier plusieurs zones. Dans la partie avant du côté de la rue, le long de la façade et de l’entrée de parking. Avant tout, il arrache les gros thuyas, – béton vert des années 60 -, classiques parmi les grands classiques de nos villes. Aujourd’hui, le résultat est surprenant. Les arbres fruitiers sont palissés à l’horizontale ou à la verticale contre le mur du salon ou le long d’une armature. Certains le sont même au-dessus des autres pour ne perdre aucune place. Thierry a réussi à marier le bon au beau. Son jardin est à présent structuré, compartimenté par les formes palissées dont la symétrie parfaite fait en toutes saisons rêver les passants. Ils s’arrêtent et admirent le travail bien fait. Thierry est particulièrement satisfait. Il a fait école. Quelques mètres plus loin, un « élève » a pris le relais.

Comment l’idée vous est-elle venue ?

Je n’y connaissais rien quand j’ai commencé. J’avais juste une envie et j’étais curieux. C’était pour moi le point de départ. Les idées plein la tête, je suis parti à Gosselies découvrir la pépinière des frères Paul et André Chotard sans qui notre patrimoine fruitier actuel ne serait pas. Pendant 50 ans, ils ont produit la plupart des arbres des vergers de Belgique. Et comme au temps du Roi Soleil, ils ont continué à appliquer les techniques traditionnelles de palissage chères au potager de Versailles. Leur enthousiasme et leur passion contagieuse m’ont donné confiance. Je me suis lancé dans l’aventure. Avec toujours à l’esprit, une certaine philosophie à la recherche des vraies valeurs tel le développement de la vie du bouton au fruit en passant par la fleur.
Quelles sont les conditions idéales de départ ?

Du soleil ! Au moins 5h par jour ! Inutile de planter à l’ombre, vous n’aurez pas de fruits. Une bonne terre de jardin également. Evitez celle qui serait 100 % sableuse, argileuse ou calcaire. L’idéale ? Une terre argilo-limoneuse équilibrée, à la couleur bien foncée. Lors de la plantation, pendant la période de repos de la végétation,- soit plus facile à retenir, quand l’arbre n’a plus de feuilles -, n’hésitez jamais à apporter de la fumure. Egalement des scories potassiques et du compost qui améliorent la structure de la terre. Et puis, creusez un grand trou sans lésiner sur l’effort physique. Un vrai grand trou dans lequel on devrait pouvoir glisser une machine à laver. Non, ce n’est pas une blague. Il faut donner un espace vital nécessaire au développement des racines. Un petit détail important, n’oubliez pas de maintenir le point de greffe, – une boursoufflure bien visible -, au-dessus du sol, à environ 5 ou 10 cm, ceci pour éviter que la variété greffée n’émette ses propres racines au détriment du porte-greffe bien adapté à votre terroir.
Quelles formes de palissage choisir ?

Lorsque les arbres sont palissés contre un mur, on dit qu’ils le sont en espalier alors que s’ils sont disposés le long d’une armature, on parle de contre-espaliers. C’est une simple question de vocabulaire. Les formes de base sont horizontales ou verticales. Dans la première catégorie se retrouvent notamment les cordons horizontaux dont les branches sont palissées sur des fils de jusqu’à une hauteur de 2m maximum. Dans la deuxième catégorie, les formes verticales demandent une hauteur de 2,5m minimum. Les plus courantes sont le « U simple », dont le tronc se divise en 2 branches charpentières verticales espacées de 30 cm ou la « palmette Verrier » appelée aussi « double U », dont le tronc se divise cette fois en 4 branches distantes de 30 cm. Pour une plantation en ligne, comptez dès lors de tronc à tronc 60 cm pour le U simple et 1,20m pour la palmette Verrier. Thierry Gilmont a opté pour cette dernière, soit 5 poiriers installés côte à côte sur une longueur totale de 6 m seulement et plus loin, 3 pommiers sur 3m60. Vous avez bien calculé, cela nous fait 8 variétés différentes sur 9,60m de long et des kilos de fruits à déguster. Environ 2 à 3 par mètre de branches. Étonnant !
Matériel

Pour des espaliers à placer devant un mur, inutile d’être un grand bricoleur. Il faut prévoir des crochets pour les attacher au mur et des lattes de bois sur lesquelles seront fixées les branches. Un bon conseil : laissez au moins une douzaine de cm entre le mur et le lattis, ceci pour permettre à l’air de bien circuler. Pour les contre-espaliers, il faut prévoir des piquets bien stables à planter dans le sol et des fils de fer galvanisé à tendre de l’un à l’autre en fonction des niveaux des branches à palisser. Last but not least, le scoubidou ! Bien souple, il est très précieux, car non seulement il sert à lier les branches charpentières sur les fils mais surtout, il évite de les abîmer voire de les étrangler.

Bons Conseils
Thierry Gilmont :www.espaliers.be