A nous, les petites …roses… anglaises

David Austin, leur incontournable créateur est décédé en décembre dernier. Avec l’English rose, un type de rosier moderne révolutionnaire, il a écrit un nouveau chapitre de l’histoire de la rose. Coup de projecteur sur ses créations
Rosa 'Princess Anne'

Cette année est exceptionnelle pour les rosiers qui croulent depuis début juin sous les fleurs et les parfums. Un hommage à David Austin sans doute. Né en 1926, dans le Shropshire en Angleterre, il a grandi parmi les fleurs. A un âge où peu d’adolescents s’intéressent à la nature, il se met au grand jeu de l’hybridation avec des lupins, puis des roses, sa nouvelle passion. Hybrider ? C’est en d’autres mots, croiser ou marier deux roses dans l’idée d’en créer une nouvelle.  

Au temps de la ‘Queen Elizabeth’

La Rosa ‘Queen Elisabeth’ dédiée à la reine Elisabeth II, est la rose des années 60 par excellence. Un hybride de thé remontant, – qui refleurit à plusieurs reprises pendant la saison -, obtenu aux USA, célèbre pour ses fleurs roses comme des dragées. Inondant le marché et envahissant les massifs des jardins, les Queen se voient alignées comme de gentils petits soldats. Un peu raides, pas toujours élégantes en fin de floraison, mais relativement saines et surtout parfaites dans les bouquets.

Ces hybrides de thé, un groupe de variétés de rosiers modernes à grandes fleurs poussant sur des tiges vigoureuses sont issus du croisement de 2 types de rosier, les hybrides remontants et les rosiers thé d’Orient à odeur de thé. A cette époque, ils ont non seulement le vent en poupe, mais sont produits et vendus aux 4 coins du monde.

David Austin, lui, recherche autre chose. Un mix à partir d’une rose moderne et d’une rose ancienne. Avec la première, une longue floraison et des coloris diversifiés ; avec la seconde, un charme incomparable, un port arbustif gracieux, des formes de fleurs et un parfum inégalés. Un rosier pour les amateurs de jardins plutôt que pour les bouquets.

En commençant par ‘Constance Spry’

Le premier « bébé » de David Austin commercialisé en 1961 est le fameux rosier grimpant ‘Constance Spry’, un croisement aux fleurs doubles en coupe profonde, bien pleine, aux pétales serrés, d’un rose tendre lumineux à nul autre pareil. Le seul souci est qu’il n’est pas remontant, en d’autres mots, qu’il ne refleurit pas. Il se met alors à rechercher d’autres perles délicieusement parfumées à la longue floraison. Qui n’a pas cédé à la tentation d’un ‘Heritage’ ou ‘Sharifa Asma’ rose nacré, d’un ‘The Pilgrim’ jaune frais, d’un ‘Abraham Darby’ rose pêche ou d’un ‘Winchester Cathedral’ blanc immaculé ?

Chaque année, il présente de nouvelles obtentions. En un demi-siècle, plus de 200 roses. Applaudies par certains ou décriées par d’autres, il y en a pour tous les goûts. On leur reproche souvent d’être moyennement résistantes aux maladies et à la pluie ou d’avoir un port peu élégant. Ceci dit, David Austin a gagné 25 médailles d’or au fameux Chelsea Flower Show de Londres et un certain nombre de ses variétés a reçu le prestigieux label, Award of Garden Merit, AGM, de la Société Royale d’Horticulture, RHS, garantissant une qualité exceptionnelle. Que dire de plus ? Que le rosier ‘Gertrude Jekyll‘ dans les nuances chaleureuses de rose est devenu le favori des anglais et que ‘Graham Thomas’, au jaune vif reconnaissable entre tous, LA rose préférée au monde.

R. ‘Gertrude Jekyll’
R. ‘Graham Thomas’

Au menu

Les rosiers anglais remontants exigent un minimum de nourriture pour donner le meilleur d’eux-mêmes. De l’engrais organique à ajouter à leurs pieds, début mars au démarrage de la végétation puis fin juin, après la première floraison pour favoriser une meilleure remontée des fleurs. Indispensable pour avoir un résultat à la hauteur des espérances.

Hybrider quésako ?

Ce n’est pas sorcier à condition d’avoir un peu de patience, de minutie et de dextérité.  Il faut d’abord choisir un rosier « père » et un rosier « mère » en fonction de leurs caractères et de leurs affinités comme la résistance aux maladies, le parfum, le nombre de pétales et la couleur. L’idée étant que l’enfant issu du croisement, portera les qualités de ses parents, voire davantage.

L’action principale est la fécondation à effectuer en mai-juin sous serre. Il s’agit de déposer délicatement le pollen, – l’organe mâle au rôle fécondant -, de la rose « père » sur le pistil de la rose « mère ». Après environ 2 semaines, un petit fruit ou cynorrhodon contenant les graines est déjà en formation. Comme par enchantement. Il est alors doucement temps de penser au semis. Celui-ci s’effectue sous abri en hiver après avoir récupéré les graines et les avoir exposées au froid pour déclencher leur germination. Et puis la magie opère : les premières fleurs apparaissent au printemps suivant.

Vient alors le long travail d’observation et de sélection qui peut durer quelques années. Sachant que beaucoup d’unions n’aboutiront pas, et que beaucoup d’essais seront abandonnés, il faut s’armer de persévérance et de résignation. La nouvelle variété qui verra le jour sera donc le fruit d’un long parcours d’excellence. Une fois adoptée, elle sera multipliée par greffe, avant d’apparaître enfin … dans les jardins.

R. ‘Mary Rose’

Pour poursuivre

  • Le livre : Les roses anglaises, David Austin, Bordas, Paris, 1995, ISBN 2-04-027048-5
  • Le jardin : David Austin Roses, Bowling Green Lane, Albrighton, Wolverhampton WV7 3HB, Angleterre
  • Le site web : www.davidaustinroses.com
  • Les bonnes pépinières : proposent toujours les meilleurs rosiers anglais à la vente

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