A la dernière « Libre explore » aux Jardins d’Aywiers à Lasne, ceux qui espéraient comprendre les petits dessins des livres spécialisés ou les envolées sur le nombre des yeux à respecter pour une taille parfaite… sont peut-être restés sur leur faim. Il est vrai que les dessins ne correspondent jamais à la réalité et que le jardinier n’a pas toujours le temps de compter les petits yeux. Avec Daniel Schmitz, qui nous a malheureusement quitté depuis, inutile d’être timoré, traumatisé ou un obsédé du sécateur. Au terme de sa conférence, chacun retiendra que tailler ne vise qu’à simplement faire mieux. Jamais mal. Et qu’avec un peu de feeling, il suffit de veiller à l’équilibre de la plante, de l’observer pour mieux connaître son cycle, de l’entretenir et la nourrir. De quoi définitivement adopter une cool attitude en toute circonstance.

Quand tailler ?
Comme le dit ce bon vieux dicton : Taille tôt, taille tard mais taille en mars. Daniel précise : « Au printemps quand les forsythias sont en fleurs ». Et il sait de quoi il parle car à Malmédy, là où il vit, les gelées hivernales peuvent parfois atteindre – 25°. Il ajoute : « Le plus tard possible pour éviter le gel mais pas trop tard quand même pour ne pas retarder la floraison. » La vérité est entre les deux. A chacun de décider. En tous cas, une chose est certaine, il n’est pas nécessaire de faire le grand nettoyage avant l’hiver. Quoi de plus beau qu’un jardin qui s’endort et qui offre le couvert aux oiseaux.
A toute règle, des exceptions : si le rosier est planté au pied d’un mur ou s’il est protégé des vents froids, la taille peut commencer plus tôt. Et s’il est non remontant car fleurissant sur le bois de l’année qui précède, il doit être coupé en été après l’unique floraison. Ceci dit, une taille légère de printemps est prudente car souvent en juillet on n’y voit plus rien. Et pour charpenter n’importe quel nouveau rosier fraichement installé au jardin, pas de sentiment, coupez en juillet les 2/3 des branches. L’année suivante, il vous en sera reconnaissant.
A la roseraie chez Daniel © Daniel Schmitz
Quel matériel ?
Pas de taille nette, précise et propre sans bon matériel. Il y a en effet sécateur et sécateur. Il ne faut pas lésiner sur la qualité. Le rouge vif de la marque Felco bien connue des jardiniers, est sa première référence. Dans tous les cas de figure, Daniel renvoie vers un bon sécateur aiguisé à lames franches se croisant comme des ciseaux, – avec 1 lame affûtée qui vient glisser le long de la contre-lame -, plutôt qu’un sécateur à enclume, dont la lame de coupe vient buter sur la partie aplatie opposée. Si ce dernier apporte plus de puissance, il a tendance à écraser le bois. Il est donc déconseillé pour la taille des végétaux vivants.

Avoir un sécateur convenable est une chose, bien l’utiliser en est une autre. Oui, il y a une manière de tenir le sécateur. On ne le sait pas toujours. En fait, il faut tenir la partie coupante du côté de la branche qui reste pour éviter de l’abîmer et la contre-lame du côté de la branche qui est enlevée.
Par où commencer ?
Pour y voir plus clair, pour oser et ne pas se décourager, il est prudent de commencer par supprimer les branches grêles, fines ou mortes, – c’est-à-dire brun foncé -, les vilaines fourchues, celles qui se croisent, se touchent, se dirigent vers l’intérieur et celles qui font double emploi. Sans oublier le pied des rosiers où plusieurs branchettes ramifiées consomment la sève sans arriver à produire de fleurs. Un petit truc qui vient à point : Daniel tapote toujours la branche avant de couper. Ainsi, on voit mieux ce qui bouge, qui pourrait partir ou rester.
Finalement, tout est question d’esthétique et de sens pratique : « La branche vous dérange, vous gêne ? Coupez-la ! Ni plus ni moins. » De toute manière, si le bois mort n’a pas été enlevé, il finira bien par tomber tout seul. Bien entendu, quand on a le temps, il convient de regarder où se situent les yeux sur la branche. Sont-ils dirigés vers l’intérieur ou l’extérieur ? En taillant au-dessus d’un œil vers l’extérieur, le rosier se développera de manière harmonieuse en laissant lumière et transparence à l’intérieur de la plante.
Début de la taille du rosier ‘Blush Noisette’ Fin de la taille du même rosier
Échalas ou vieux dégingandé ?
Si on laisse un rosier grimpant filer à la verticale, il fait du bois, avec quelques fleurs sur le haut et rien en-dessous. Ennuyeux oui, mais sans danger ; les branches d’un rosier liane qui poussent toutes seules, finiront toujours par s’arrêter de s’élever et retomber. Pour faire simple, il est judicieux d’arquer la branche principale à l’horizontale pour l’inciter à produire des fleurs et raccourcir à environ 10 cm, toutes les branches secondaires qui portent les fleurs. Une chose essentielle est à retenir : « s’il y a 5 branches principales au départ, il faut en garder 5 à l’arrivée, au-dessus. » Et dans le cas où une branche secondaire grossit et se prendrait pour une principale, il est alors nécessaire de la couper entièrement à ras pour maintenir cet équilibre. Quant à vouloir récupérer un vieux rosier tout dégarni du pied, c’est possible à condition de ne pas le ratiboiser, car il est essentiel de garder un tire-sève pour réveiller les yeux en dormance.
Vous l’aurez compris, tout est question d’observation et de bon sens. Pour Daniel Schmitz, la taille est un détail par rapport à la plantation, la nourriture…en fait, la vraie vie du rosier. Mais cela c’est une autre histoire.
A la roseraie chez Daniel © Daniel Schmitz
Pépinière Les roses de Daniel
Bellevaux-chemin du meunier § à 4960 Malmédy http://www.danielschmitz-roses.com